RDC : Stratégie électorale sur fond de répression

Chronologie sur la RDC

, par Forum Réfugiés

XIII°-XVII°s

Naissance et expansion des royaumes (Kongo, Luba, Lunda…). En 1885 partage de l’Afrique à Berlin entre puissances européennes. Le Congo est propriété personnelle du roi des Belges, Léopold II, jusqu’à l’annexion du Congo par la Belgique en 1907.

I° République (1960-1965)

Indépendance de la République du Congo le 30 juin. Dès juillet, mutinerie de l’armée, sécession du Katanga et intervention militaire de l’ONU. Le président Kasa-Vubu destitue le Premier ministre Lumumba ; coup de force de Mobutu. Lumumba est assassiné en janvier 1961. 1964 : début des rébellions ; les derniers maquis sont vaincus en 1968 (1974 pour celui de Laurent-Désiré Kabila).

II° République (1965-1990)

1965
Coup d’Etat militaire du général Mobutu le 24 novembre. En 1967 est créé le Mouvement Populaire de la Révolution, qui devient "Parti-Etat" en 1970. Le Congo devient Zaïre en 1971. La "zaïrianisation" de l’économie a des conséquences catastrophiques. En effet, ce processus conduisit en 1974 à la nationalisation des grandes compagnies minières étrangères qui exploitaient les immenses richesses du pays. Mais cette politique ne profita pas à la majorité de la population, le népotisme, la corruption généralisée et le détournement des richesses nationales profitant uniquement aux proches du pouvoir.

1977-78
Guerres du Shaba (Katanga). En 1977-1978, une nouvelle tentative de sécession du Shaba (nouveau nom du Katanga, riche région minière qui tenta de prendre son indépendance une première fois en juillet 1960, sous la conduite de Moïse Tshombé) ne put être arrêtée que par une intervention des forces marocaine et française, appelées par Mobutu. Création clandestine du parti d’opposition UDPS en 1982.

"Transition" (1990-1997)

1990
Pluralisme politique, Conférence nationale souveraine (CNS) en 1991, grands pillages urbains.

1992
Tshisekedi (UDPS) élu Premier ministre par la CNS puis limogé par Mobutu ; les Kasaïens du Katanga sont persécutés.

1993
Nouveaux pillages meurtriers à Kinshasa et violences communautaires au Kivu.

1994
Au Rwanda, le génocide, la guerre civile et la victoire du Front patriotique déclenchent l’arrivée de 1,5 M de réfugiés au Kivu.

"Guerre de libération" et régime de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre - AFDL (1996-1998)

1996
Octobre : attaque par l’armée rwandaise des camps de réfugiés hutus, qui dissimulent militaires et miliciens ayant participé au génocide : retour de 700000 réfugiés au Rwanda ; env. 200000 autres sont massacrés au Zaïre.

1997
17 mai : l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Kinshasa entre à Kinshasa, avec l’appui de pays voisins : Kabila devient président de la République démocratique du Congo. Mobutu meurt trois mois plus tard d’un cancer.

A nouveau la guerre (1998-2003)

1998
Août : les armées ougandaise et rwandaise entrent au Congo et appuient la création de mouvements rebelles. Kabila et ses alliés (Angola, Zimbabwe, Namibie, Tchad) repoussent l’offensive. Un cessez-le-feu est signé en juillet 1999, tandis que le conflit communautaire Hema / Lendu reprend dans l’Ituri (60000 morts en quatre ans). Le déploiement de 5500 observateurs de la Mission de l’ONU au Congo n’empêche pas les combats, provoquant une crise humanitaire majeure (plus d’un million de déplacés).

2001
Janvier : assassinat de L-D Kabila. Son fils Joseph lui succède.

2002
Accords de paix avec le Rwanda et l’Ouganda, retrait des troupes étrangères, accord politique au Dialogue intercongolais.

La Transition 2003-2006

2003
Accord politique à Pretoria, J. Kabila prête serment sur la Constitution ; massacres dans l’Ituri et au Kivu.

2004
Mars : tentative de "coup d’Etat" à Kinshasa.
26 mai-9 juin : guerre à Bukavu. Emeutes à Kinshasa.

2005
Avril : l’UPC dépose les armes. Monuc et Fardc mènent des actions conjointes (Ituri, Kivu, Katanga).
Juin-déc. : enrôlement de 25 millions d’électeurs.
18 décembre : Adoption de la Constitution de la III° République par référendum

La difficile (re)construction de l’Etat

2006
Promulgation de la Constitution, le Parlement adopte la Loi Electorale.
Elections présidentielles (1er tour) et législatives. Joseph Kabila est déclaré président de la République.

2007
L’armée massacre une centaine de fidèles du mouvement Bundu Dia Kongo qui contestaient les résultats des élections provinciales.

2008
Janvier : Conférence de paix à Goma pour le règlement du conflit, le 23 janvier signature d’un accord de paix entre le gouvernement et le CNDP et les autres groupes armés.

2009
Janv. : accord entre le gouvernement congolais et le CNDP pour la cessation des hostilités.
23 mars : accords de paix entre le gouvernement congolais, le CNDP et les groupes armés du Nord et Sud Kivu
Les ONG nationales et internationales dénoncent l’insécurité croissante pour les populations civiles du Nord et Sud-Kivu..
Octobre : détérioration des relations entre la RDC et l’Angola (expulsions réciproques, incursion de soldats angolais dans le Bas-Congo)
Oct./Nov. : Affrontements entre communautés dans la région de Dongo (près de l’Equateur) , la situation est stabilisée en fév. 2010 mais 200000 personnes continuent d’être déplacés suite aux événements. Arrestation en Allemagne d’Ignace Murwanashyaka considéré comme le leader des FDLR.

2010
La MONUC devient MONUSCO. La situation à l’Est reste toujours instable : au Kivu, représailles des FDLR, affrontements FARDC*-Maï-Maï, en Ituri combats entre FRPI-FPJC et FARDC. En Province Orientale, la LRA constitue toujours un facteur d’insécurité important pour les populations civiles.
Mai : Adoption définitive de la loi sur l’organisation de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante remplaçant la CEI) composée de sept membres sans présence de représentants de la société civile.
Juin : assassinat de Floribert Chebeya, directeur exécutif de la Voix des Sans Voix (VSV) défenseur reconnu des droits de l’Homme.
Décision du FMI et la Banque Mondiale d’allégement de la dette extérieure de la RDC.
Juillet : reprise des combats dans le Nord-Kivu, viols massifs dans la région,
Août : publication du rapport Mapping du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme révélant que des éléments armés du FPR rwandais pourraient être poursuivis de génocide pour le massacre des réfugiés hutu pendant la période 1996-2003.
Octobre : arrestation à Paris de Callixte Mbarushimana secrétaire exécutif des FDLR, la justice française autorise sa remise à la Cour Pénale Internationale (nov. 2010)
Décembre : 11 chefs d’Etat et de gouvernement lors de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs publient une déclaration dans laquelle ils s’engagent à lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles de la région des Grands Lacs.

2011
Janv : adoption de la proposition de révision constitutionnelle.
27 Février  : des assaillants attaquent à Kinshasa la résidence du Président Joseph Kabila et un camp de l’armée.
Mars : après plusieurs mois de blocage institutionnel, mise en place de la Commission Electorale Nationale Indépendante
Novembre : insécurité à l’Est : Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), des miliciens Maï-Maï et ceux des Guides se livrent à des combats meurtriers provoquant un déplacement de population.
28 novembre : tenue des élections présidentielles et législatives malgré le fait que de nombreuses ONG émettent "de sérieux doutes quant à la possibilité de tenir des élections crédibles, transparentes et démocratiques dans les délais officiels".
9 décembre : la CENI publie les résultats provisoires de la présidentielle, Joseph KABILA garde son poste à la présidence avec 48.95% des voix. Etienne Tshisekedi, crédité à 32.33% des voix, conteste ce résultat et s’autoproclame président élu, une crise politique s’installe. La Communauté internationale reconnait certaines irrégularités lors du scrutin présidentiel congolais.

2012
Mai : début d’affrontements entre l’armée (FARDC) et le Mouvement du 23 mars (M23), créé par des ex-rebelles, tutsi pour la plupart, qui estiment que l’accord du 23 mars 2009 mettant fin à la guerre du Kivu n’a pas été respecté.
L’insécurité à l’Est perdure, plus de 500 000 déplacés au Nord Kivu du fait des combats opposant les FARDC aux milices rebelles.
Naissance du mouvement des jeunes de la LUCHA, à Goma. Leur première action est de se révolter contre le manque d’accès aux besoins primaires, tels que l’accès à l’eau.

2013
Septembre : le Président Kabila lance des « concertations nationales ». L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et d’autres formations d’opposants boycottent ces rencontres.
12 décembre : le M23 signe un accord de paix avec le gouvernement.

Hausse de l’insécurité et contestations populaires

2014
1er juillet : les évêques, réunis dans une conférence épiscopale nationale, demandent au président Joseph Kabila de ne pas briguer un troisième mandat en 2016.
Septembre : le clan Kabila tente d’imposer au Parlement une modification constitutionnelle.
27 septembre : des milliers de personnes manifestent à Kinshasa contre l’intention prêtée au président Joseph Kabila de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir.
Octobre : des combattants rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF) sèment la terreur dans le nord de la province du Nord-Kivu en perpétrant des massacres.
20 octobre : les grandes agglomérations du Nord-Kivu, dont Béni, protestent contre l’insécurité après la série de massacres attribués aux rebelles ougandais.
21 octobre : le médecin Denis Mukwege, qui soigne dans sa clinique de Bukavu les femmes victimes de violences sexuelles, remporte le prix Sakharov 2014, attribué par le Parlement européen, qui récompense des personnalités ou des collectifs qui se sont illustrés dans la défense des droits de l’Homme.
8 décembre : Kabila met en place un gouvernement de cohésion nationale, annoncé depuis les concertations nationales de l’automne 2013.

2015
Mise en œuvre d’une réforme territoriale avec un nouveau découpage en 26 provinces au lieu de 11.
19 au 22 janvier : Lors de manifestations à Kinshasa, les forces de sécurité tuent par balles au moins 38 personnes. Les manifestants dénonçent un projet de loi électorale permettant au chef de l’Etat de rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat, fin 2016.
Mai : la contestation populaire contre les autorités congolaises grandit dans la région de Beni (Nord-Kivu), frappée par une succession de massacres depuis octobre 2014, par les ADF, accusés d’avoir tué déjà plus de 300 personnes. La contestation s’étend dans d’autres villes de l’Est.
8 décembre : le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme publie un rapport dans lequel il recense entre le 1er janvier et le 30 septembre pas moins de 143 violations qui concernent des centaines de personnes, opposantes politiques pour l’essentiel, mais aussi des membres de la société civile et des journalistes.
20 décembre  : création du Front citoyen 2016 regroupant des organisations de la société civile comme La voix des sans voix, l’Asadho ; des mouvements citoyens tels que Filimbi et Lucha et des opposants politiques comme Vital Kamerhe (UNC), Moïse Katumbi, Félix Tshisekedi (UDPS), Martin Fayulu (Ecidé). Leur objectif est de mettre leurs forces et leurs moyens en commun pour dire non à un troisième mandat de Joseph Kabila et éviter tout glissement du calendrier.
30 décembre : les mouvements citoyens Lucha et Filimbi (né en 2015 à Kinshasa) accusent l’Agence nationale du renseignement (ANR) de s’être interférée dans la conférence dite « de Gorée », organisée à Dakar du 11 au 14 décembre 2015, en présence d’autres mouvements africains analogues comme « Y en a marre » du Sénégal ou le « Balai citoyen » du Burkina Faso.

Vers la fin du mandat de Kabila

2016
16 février : l’opposition et la société civile, hostiles au maintien au pouvoir de Joseph Kabila, appellent à une journée ville morte à travers tout le pays.La police est accusée d’avoir procédé à des arrestations arbitraires en amont de cette journée.
24 février : le tribunal de grande instance de Goma condamne six militants du mouvement citoyen la Lucha à deux ans de prison ferme pour « incitation à la révolte ».
Entre février et mars : arrestations de militants de Filimbi.
26 mars : la majorité présidentielle s’octroie une majorité lors des élections des gouverneurs des nouvelles provinces issues du dernier découpage territorial.
31 mars : l’ancien gouverneur Moïse Katumbi est choisi comme candidat de l’opposition à la présidentielle.
3 mai  : Amnesty International décerne son prix « Ambassadeur de la conscience » 2016 au mouvement citoyen Lucha.
10 juin : « le Rassemblement », présenté comme « la principale plateforme de l’opposition congolaise », est créé lors d’une rencontre à Genval en Belgique.
27 juin : la délégation de l’Union européenne à Kinshasa se dit « vivement préoccupée par la hausse des violations des droits de l’homme, commises en particulier par des représentants des forces de l’ordre ».
Juillet : apparition dans la région du Kasaï, région historiquement opposée au pouvoir centrale, de la milice Kamuina Nsapu, responsable de graves violations et conflits.
31 juillet : meeting de l’opposition au stade des Martyrs devant des dizaines de milliers de personnes. Le chef de l’UDPS Etienne Tshisekediexige la tenue de l’élection présidentielle d’ici à la fin de l’année et le départ du président Kabila au terme de son second mandat le 20 décembre 2016.
Août : mort du leader de la milice KamuinaNsapu Jean Pierre Mpandi, flambée de violences dans le Kasaï.
Des attaques de villages au Nord-Kivu (14 personnes tuées et 150 maisons brûlées) sont attribuées aux Maï-Maï et aux rebelles rwandais des Forces démocratique pour la libération du Rwanda (FDLR).
19 et 20 septembre : des violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants éclatent à Kinshasa avant une manifestation pour réclamer le départ du président Joseph Kabila à la fin de son mandat, que les autorités ont finalement décidé d’interdire. Le dernier bilan fait état de 53 morts.
18 octobre : accord négocié sous l’égide de l’Union africaine et du facilitateur togolais Edem Kodjopour de reporter les élections à avril 2018.L’accord est rejeté par la plupart des autres partis d’opposition, dont la coalition « le Rassemblement », ainsi que par la société civile et des mouvements de jeunes.
22 novembre : lancement de la campagne « Bye-bye Kabila » par les mouvements citoyens et les ligues de jeunes de l’opposition.
19 décembre : le mandat de Kabila aurait dû prendre fin à minuit. Les répressions des manifestations durant cette nuit ont fait de nombreuses victimes : 40 personnes tuées et des centaines d’arrestations.
31 décembre : accords dits de la St-Sylvestre pour régir la période de transition jusqu’à la tenue des élections, prévues par le texte « au plus tard en décembre 2017 ».

2017
Janvier : les violences se poursuivent dans les trois provinces du Kasaï : le Kasaï, le Kasaï-Central et le Kasaï-Oriental.
D’après l’ONU, les violences en RDC ont déplacé 1,3 million de personnes en 2017.
Février : mort du leader de l’opposition Étienne Tshisekedi.
Mars : deux membres du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC, Zaida Catalán, une Suédo-chilienne, et Michael J. Sharp, un Etatsunien, ont été tués alors qu’ils enquêtaient sur les violations généralisées des droits humains dans la région du Kasaï.
7 avril : le président Kabila nomme Bruno Tshibala, de l’aile dissidente de l’opposition, au poste de premier ministre.
15 juin : l’avenir de la République démocratique du Congo est en « grand danger », selon Kofi Annan et neuf ex-présidents africains qui s’inquiètent de la situation dans le pays. Ils s’alarment de la non-tenue encore des élections.
11 juillet : 38 nouvelles fosses communes ont été identifiées au Kasaï, au centre du pays par les Nations unies.
31 juillet : des manifestations contre les retards dans la publication du calendrier électoral, organisées par la société civile ont été interdites par les autorités. Au moins 131 personnes,dont plusieurs journalistes, ont été arrêtées dans tout le pays.
Octobre : le rapport HRW précise qu’il existe maintenant 120 groupes armés dans les deux Kivu.
5 novembre : la commission électorale publie un nouveau calendrier reportant la tenue des élections à décembre 2018.
Avec plus de 4 millions de déplacés, le pays connaît une situation humanitaire alarmante.

2018
21 janvier : les répressions des marches des catholiques contre le maintien du président Joseph Kabila au pouvoir font 6 morts.
27 mars : le Conseil de sécurité de l’ONU vote une résolution pour prolonger le mandat de la mission des Nationsunies de protection en RDC jusqu’en mars 2019 et pour renforcer la présence des casques bleus, notamment en vue de surveiller l’organisation des élections prévues le 23 décembre 2018.
25 avril : arrestations de 42 membres de la Lucha lors d’une marche pacifique pour protester contre la persistance des massacres dans la région de Béni (Nord-Kivu).
2 mai : arrestation à Goma de 27 membres de la Lucha, qui s’étaient rassemblés mardi 1er mai pour fêter les six ans d’existence de leur mouvement et dénoncer « les massacres de Congolais » dans cette province du Nord Kivu hantée par les milices armées.
10 juin : l’activiste Luc Nkulula, membre du mouvement de la Lutte pour le changement (Lucha), meurt dans l’incendie de sa maison à Goma. Une enquête est ouverte.