L’opacité de la gestion pétrolière au Congo-Brazzaville

Chronologie et histoire récentre du Congo-Brazzaville

, par Forum Réfugiés

Les premiers habitants de la région étaient probablement des Pygmées.
1er siècle avant notre ère : migration des peuples bantous depuis l’actuel Nigéria jusqu’au bassin du Congo, création du royaume Kongo et batéké.

XVème siècle : Période florissante du royaume Kongo qui s’étend sur les deux Congos, l’Angola et le Gabon, il est dirigé par le Mani Kongo.

1482  : L’explorateur portugais Diego Câo atteint l’embouchure du fleuve Congo. Début de la traite et profonds bouleversements sociologiques et religieux, le Mani Kongo souhaite « européaniser » son peuple (religions traditionnelles interdites, construction d’églises et d’écoles religieuses).

1880  : Pierre Savorgnan de Brazza explorateur français « découvre » le Congo, il conclut avec le roi Makongo (souverain batéké) un traité de protectorat en faveur de la France.

1884-1885 : La conférence de Berlin « reconnaît » les droits de la France sur la rive droite du fleuve Congo.

1891  : Création de la colonie du Congo français, des compagnies concessionnaires se partagent le territoire pour y exploiter les ressources (principalement le caoutchouc et l’ivoire). De nombreuses exactions sont commises sur les populations civiles ; les tentatives de révoltes sont étouffées avec violence.

1910  : Brazzaville devient la capitale de l’Afrique Equatoriale Française (AEF), chacun des trois territoires du Congo français (Congo, Gabon, Oubangui-Chari-Tchad) devient une « colonie ».
La 1ère guerre mondiale provoque l’arrêt des grands projets (chemin de fer Congo-Océan). Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, l’économie de l’AEF se développe très lentement (exploitation de l’ivoire et du caoutchouc en déclin). De 1921 à 1934 entre 15000 et 30000 travailleurs africains recrutés de force périssent pour la construction du chemin de fer Congo-Océan .
Après la Seconde Guerre Mondiale, émergence des premiers mouvements politiques africains.

1946  : Création à Bamako du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) présidé par Félix Houphouët-Boigny et Jean-Félix Tchicaya (instituteur, originaire de Pointe-Noire).

1958  : Le Gabon, le Congo, le Tchad et l’Oubangui deviennent des Républiques associées à la Communauté française.

Indépendance et instabilité politique

1960  : Ex-colonie française, le Congo accède à l’indépendance : l’abbé Fulbert Youlou, premier président.

1963  : La Révolution congolaise des "Trois Glorieuses" installe Alphonse Massamba-Débat au pouvoir.

1968  : Coup d’Etat du commandant Marien Ngouabi qui instaure la République populaire du Congo.

1977  : Le général Joachim Yhombi-Opango arrive au pouvoir après l’assassinat du président Ngouabi.

1979  : Yhombi-Opango est destitué par Sassou Nguesso.

1986  : Crise économique et financière, baisse des cours du pétrole brut, baisse des recettes pétrolières : renforcement du programme d’ajustement structurel mis en place, accord du FMI pour un rééchelonnement de la dette extérieure (estimée à 2 milliards de dollars).

1987  : Adoption d’un budget d’austérité, situation encore très marquée par la baisse des recettes pétrolières.

1988  : Redressement de la production pétrolière fév : nouveau rééchelonnement de la dette extérieure auprès du Club de Londres pour un montant de 1,7 milliard FF.

1989 (juillet) : Sassou Nguesso est reconduit à la tête de son parti (le PCT) et de l’Etat (troisième mandat).

1990  : Sassou Nguesso concède l’instauration du multipartisme et la tenue d’une conférence nationale (1991). La décision de l’avancement de l’âge de la retraite précipite le pays dans une crise sociale.

1992  : Chute du PCT (échec aux élections municipales), émergence de l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale de Pascal Lissouba. Ce dernier remporte les élections présidentielles en août.

Les guerres civiles (1993, 1997, 1998) ont fait plus de 15.000 morts et des milliers de disparus.

1993  : La contestation par l’opposition des résultats des législatives provoque des affrontements entre milices des partis de l’opposition et de la majorité présidentielle, faisant 2.000 morts.

1995  : Renforcement des mesures d’austérité exigées par le FMI, dégradation du climat social.

1996  : La production de pétrole n’est pas affectée par les troubles politiques, la gestion financière de cette rente demeure cependant plus floue.
Juin : Le pays a signé avec le FMI un accord pour obtenir en juillet l’effacement de 67 % du montant de sa dette publique extérieure auprès du Club de Paris.

1997 (juin) : Guerre civile, en octobre, le général Sassou Nguesso reprend le pouvoir.

1998 (janvier) : La durée de la transition est fixée à trois ans « flexibles » avant des élections.
Décembre : Nouveaux affrontements à Brazzaville et plusieurs régions. La FIDH accuse les forces régulières et les milices d’avoir massacré entre 5 et 6000 personnes pour leur appartenance politique, ethnique ou régionale.

Entre réconciliation et impunité

1999  : Plus de 350 réfugiés disparus lors de leur retour de RDC. Nov.-déc : signature d’accords de "cessation des hostilités" entre l’armée et plusieurs chefs miliciens et loi d’amnistie pour les rebelles. Avril : chute des prix du pétrole.

2000 (décembre) : 13 000 armes ont été collectées et 12 000 miliciens démobilisés. Reprise des négociations avec le FMI et la Banque mondiale pour un nouveau programme d’assistance post-conflit. Accord du FMI à un troisième programme d’ajustement, les deux précédents n’ayant pas été menés à terme.

2001 (Mars-avril) : Adoption d’un projet de Constitution et une Convention pour la paix et la reconstruction.
Août : Le Parlement institue une commission d’enquête sur les allégations de disparitions lors des guerres. Reprise des activités économiques affectées par le conflit (exploitation forestière, commerce, transport).

2002 (janvier) : Approbation de la nouvelle Constitution par référendum à 84,5% des voix, pour l’opposition les opérations ont été frauduleuses. Mars : élection de Sassou Nguesso dès le premier tour de la présidentielle, avec toujours un scrutin peu transparent. Début d’affrontements entre troupes gouvernementales et miliciens ninjas du pasteur Frédérik Bitsangou alias « Ntumi » dans la région du Pool, provoquant le déplacement de plus de 40.000 civils, un accord est trouvé en mars 2003.
Mai : La Banque Mondiale approuve l’attribution d’un crédit de 40 millions de dollars pour un projet de reconstruction d’urgence, la priorité étant donnée aux routes et aux établissements scolaires.

2003 (juin) : Rejet de la Cour internationale de justice sur demande du Congo pour geler l’enquête judiciaire française ouverte contre le président Sassou Nguesso et d’autres cadres du gouvernement et de l’armée, soupçonnés d’être impliqués dans la disparition des 350 civils réfugiés en mai 1999.
Septembre : L’opposition rassemble 2.000 personnes à Brazzaville et appelle à l’organisation d’un dialogue national pour faciliter le retour des exilés. Total cède au Congo ses parts dans le champ pétrolier off-shore Likouala, en contre-partie de quoi le Congo renonce à ses revendications visant à harmoniser ses relations avec la compagnie pétrolière.

2004  : Démarrage de l’opération de désarmement, de démobilisation et de réinsertion sociale (DDR) des miliciens dans le Pool.Nov : l’annulation par la Cour d’appel de Paris de la procédure judiciaire des disparus du Beach (exécutés sommairement par la Garde présidentielle) montre l’influence du régime de Brazzaville.

2005  : Le Congo-Brazzaville reste l’un des pays les plus endettés du monde. La force contestataire a été réduite à néant suite à de vives répressions du régime de Denis Sassou Nguesso, août : procès des membres actifs des forces de sécurité inculpés de génocide et de crimes contre l’humanité, ont été acquittés.
Janvier : Signature d’un accord avec la Banque Mondiale pour le financement du désarmement de 30 000 anciens combattants. Tensions au sein du PCT entre le président de la République, Denis Sassou Nguesso, et ses plus anciens alliés, aboutissant à la création de deux courants : les Rénovateurs et les Refondateurs jusqu’en décembre.

2007 (janvier) : Denis Sassou Nguesso est nommé pour un an à la tête de l’Union Africaine. Mars-décembre : deux remaniements ministériels.
Juin-juillet : élections législatives avec un taux d’abstention record (45 à 50 %) le PCT et ses alliés ont remporté 125 sièges sur 137.

2008 (janvier) : Denis Sassou Nguesso est désigné comme médiateur par l’OUA dans la crise opposant le Tchad au Soudan. Signature d’accords bilatéraux avec le Royaume-Uni.
Mai : Signature d’accord bilatéraux avec le Brésil décembre : formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale consacrant l’alliance du Rassemblement de la majorité présidentielle (RMP) de Sassou Nguesso et le Mouvement Congolais pour la Démocratie et le Développement intégral (MCDDI) de B. Kolélas (principal parti d’opposition). Aggravation de la situation économique dûe à la hausse des prix des produits alimentaires.

2009 (juillet) : Denis Sassou Nguesso réélu très largement (78.61 %) pour un mandat de 7 ans. Emeutes à Pointe Noire lors des funérailles de Jean-Pierre Tchystère Tchicaya ancien président de l’Assemblée nationale, Denis Sassou Nguesso serait à l’origine de sa disparition.
Août : Elections sénatoriales partielles, le RMP remporte 33 sièges sur 42. Nov : l’instabilité dans la province d’Equateur en RD Congo (Dongo) provoque l’arrivée de ressortissants congolais dans la province de Likouala.
Novembre : Mort à Paris de Bernard Kolélas des suites de maladie, leader incontesté du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), opposant historique au Parti congolais du travail (PCT) pendant le monopartisme.
Décembre : amnistie en faveur de l’ancien président Pascal Lissouba. Aggravation de la situation économique des Congolais notamment dû à la hausse des prix des denrées alimentaires.

2010 (janvier) : Le FMI et la Banque Mondiale entérinent un accord prévoyant la réduction de la dette extérieure de 1.9 millions de dollars, le Congo-Brazzaville atteint le point d’achèvement de l’Initiative PPTE.
Juillet : Après l’Italie et les Etats-Unis la France annule la totalité de la dette du Congo soit 424 milliards de francs CFA (plus de 646 millions d’euros).