Centrafrique : instabilité et territoires hors de contrôle

Chronologie et histoire récente de la République centrafricaine

, par Forum Réfugiés

XVIème siècle : royaumes de Goaga (au Nord-Est) et d’Azinca (au Sud-Ouest)

XVIII-XXème siècle

Période importante de traites des esclaves, entre le XVIIème et le XXème siècle, la population de la région passe de cinq-six millions à un million. La traite saharienne ne sera définitivement stoppée qu’à la veille de la Première Guerre mondiale. La région est appelée Dar Kouti (« terre des esclaves ») par les trafiquants arabes.1

Fin XIXème siècle : arrivée des Européens. Vers 1885, des explorateurs belges découvrent le cours inférieur de l’Oubangui.
1884 : Au départ de Kinshasa, le pasteur anglais Grenfell arrive sur le fleuve Oubangui.

26 juin 1889 : fondation du poste colonial français de Bangui par Albert Dolisie et Uzac.

La période coloniale française

Le territoire a été disputé entre Allemands, Belges, Britanniques et Français et, après de multiples traités, la France finit par obtenir le territoire en 1903.

1903 : 29 déc. Décret de création de la colonie française de l’Oubangui-Chari.

1910 : L’Oubangui-Chari est intégré à l’Afrique Equatoriale Française (AEF) dont le gouverneur général siège à Brazzaville (Congo).

1911 : La France cède à l’Allemagne une partie importante de l’Afrique équatoriale française (AEF), notamment toute la partie ouest du territoire de l’actuelle République Centrafricaine. Les territoires annexés sont appelés Neu Kameroun.

1914 : La France récupère les territoires abandonnés aux Allemands.
Le territoire de l’Oubangui-Chari est réuni au Territoire militaire du Tchad devenant ainsi l’Oubangui-Chari-Tchad.

De tous les territoires de l’Empire colonial français, l’Oubangui-Chari est probablement celui qui a connu la colonisation la plus brutale. Sous-administré et sous-peuplé, il est pillé par des sociétés concessionnaires qui instaurent le travail forcé dans les plantations d’hévéas ou de coton.

1928-1931 : guerre du Congo-Wara appelée également « La Guerre du Manche de Houe » : révolte anti-colonisation des Gbayas et autres groupes à l’ouest contre le recrutement forcé lors de la construction du chemin de fer Congo-Océan. Révolte définitivement stoppée en 1934.

1940 : l’AEF se rallie à la France Libre et envoie des soldats.

Indépendance

La marche vers l’indépendance, entamée après la fin de la Seconde Guerre mondiale, est marquée par la personnalité de Barthélemy Boganda.

1946 : Barthélemy Boganda est élu député de l’Oubangui-Chari à l’Assemblée nationale française.

1949 : Boganda crée son propre parti, le Mouvement pour l’Evolution Sociale de l’Afrique Noire (MESAN).

1951 :
10 janvier : le Député Boganda et sa femme sont arrêtés et incarcérés pendant deux mois et demi pour avoir organisé une action de protestation après l’assassinat d’un chef de village.
17 juin : Boganda est réélu à l’Assemblée Nationale française (malgré une farouche opposition).

1957 : Réélu aux législatives, Boganda devient président du grand Conseil de l’AEF. Il défend la création d’une grande région d’Afrique Centrale, membre de la communauté française.

1958 : 1er déc. : une République centrafricaine indépendante est proclamée ; son territoire est limité à l’Oubangui-Chari. Boganda devient le président.

1959 : 29 mars : Boganda meurt dans l’explosion de son avion, David Dacko est élu président.

1960 :
13 août  : Proclamation de l’Indépendance
20 sept : La République Centrafricaine est admise aux Nations unies.

1962 : Le MESAN, parti fondé par Boganda, devient parti unique. Dacko impose un régime autoritaire

31 décembre 1965 : un coup d’État du colonel Jean Bédel Bokassa renverse Dacko.

1966 : Bokassa détient les pleins pouvoirs.
Bokassa devient président à vie en 1972, maréchal en 1974, empereur en 1976.

1979 : Plus de 100 lycéens emprisonnés à la suite de manifestations meurent sous les coups de leurs gardiens. (Cet événement est commémoré par la « journée des martyrs », le 18 janvier de chaque année). Bokassa est renversé avec l’aide du gouvernement français (opération Barracuda). D. Dacko reprend le pouvoir.

1981 : Tensions économiques et sociales.
1er septembre : Dacko est de nouveau renversé par un coup d’Etat, le général André Kolingba prend le pouvoir.
Kolingba impose le Rassemblement démocratique centrafricain comme nouveau parti unique.

1982 : le général Bozizé soutient l’opposition et fomente un coup d’État
Nuit du 2 au 3 mars : À la suite de l’échec de ce coup d’État, Bozizé et Ange-Félix Patassé, le chef politique du coup d’État, partent en exil au Togo.

1991 : Le multipartisme est rétabli, mais après des années de parti unique, la RCA n’a pas de réelle culture démocratique.

1993 : Elections pluralistes. Ange-Félix Patassé (Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain - MLPC) est élu président pour six ans.

1995 : Adoption d’une nouvelle constitution.

1997 : mise en place de la Misab (Mission d’intervention et de surveillance des accords de Bangui) – placée sous l’autorité de l’ONU.

1998 : mars : sous la pression internationale, le gouvernement, l’opposition et les insurgés signent un pacte de réconciliation nationale
La Misab est remplacée par la Minurca (Mission des Nations unies en République centrafricaine)

1999 : Septembre : Patassé réélu pour 6 ans avec 51,6 % des voix lors d’un scrutin contesté.

2001 :
Dans la nuit du 27 au 28 mai 2001 : une nouvelle tentative de coup d’État est fomentée par l’ex-président A. Kolingba.
Octobre : Bozizé, accusé d’avoir participé à la tentative de tentative de coup d’Etat, est limogé ; il se réfugie au Tchad. Tensions entre la République centrafricaine et le Tchad.
Bozizé accueilli en France. La France ne soutient plus Patassé.

2003 :
15 mars : alors que Patassé est en voyage au Niger, Bozizé rentre au pays et s’empare de Bangui avec le soutien de l’armée tchadienne. Patassé doit alors partir en exil au Cameroun puis au Togo
Avril : gouvernement national de transition multipartite incluant le MLPC de Patassé.
Amnistie générale pour les participants du putsch avorté de mai 2002 contre Patassé.
Dissolution de la Cour constitutionnelle et de la Haute cour de justice.

2008 :
Avril : tensions avec Paris suite à la nationalisation du secteur pétrolier local au détriment de Total
21 juin : Signature à Libreville d’un "accord de paix global" entre le gouvernement, l’UFDR et les rebelles de l’APRD (Armée populaire pour la restauration de la démocratie, important mouvement du nord-ouest du pays).
26 octobre : création du mouvement rebelle CPJP (Convention des patriotes pour la justice et la paix). Le CPJP mène de nombreuses actions armées dans le nord du pays dont il est originaire
Décembre : Forum sur la paix de Bangui : réconciliation entre Ange-Félix Patassé et le général François Bozizé

2009 :
23 janvier  : nomination d’un nouveau gouvernement.
Mai : reprise des combats au nord du pays entre les forces rebelles et l’armée, les populations civiles fuient dans le Sud-Soudan.

23 janvier 2011 : François Bozizé est réélu dès le premier tour avec 66,1 % des suffrages devant Ange-Félix Patassé (20,10 %) qui décède en avril.

2012 : des factions rebelles issues des différents mouvements de rébellion réunies au sein de la Séléka (« Coalition » en sango) reprennent les armes et parviennent à se rendre maîtres des trois quarts du territoire après une offensive lancée à partir du nord du pays (participation de rebelles étrangers soudanais et tchadiens).

2013
11 janvier : accord de sortie de crise prévoyant un cessez-le-feu, le maintien du président François Bozizé au pouvoir et la formation d’un gouvernement d’union nationale (accord de Libreville).
24 mars : les rebelles de la coalition Séléka prennent Bangui, François Bozizé fuit la capitale. Michel Djotodia va diriger le pays
Avril : Michel Djotodia est élu président de la République
1er août : la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac) est transformée en Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) sous l’égide de l’Union africaine.
14 septembre : dissolution de la Séléka
19 novembre : des milliers de villageois fuient les affrontements dans le centre-ouest du pays entre des ex-Séléka, composée majoritairement de musulmans, et des milices d’autodéfense chrétiennes baptisées "anti-Balaka" . Les Etats-Unis s’alarment d’une situation de "pré-génocide".
5 décembre : l’armée française lance l’opération Sangaris pour restaurer la sécurité, après le vote de l’ONU donnant mandat aux forces françaises pour intervenir.

2014
10 janvier : le président centrafricain Michel Djotodia démissionne
20 janvier : Catherine Samba-Panza est élue à la présidence par le Parlement. Gouvernement de transition (proches de l’ex-rébellion Séléka et des milices chrétiennes)
entre avril et juin : affrontements entre ex-rebelles Séléka, et anti-balaka font des dizaines de morts et de blessés
21 juillet : ouverture du Forum de réconciliation, à Brazzaville, au Congo, sous l’égide du président Denis Sassou Nguesso
23 juillet : les belligérants (ex-séléka et anti-balaka) signent un accord de cessation des hostilités à Brazzaville
5 août : démission du gouvernement.
Fin 2014 : à cause de conflits internes et de compétition pour le contrôle des ressources naturelles, les ex-séléka se divisent en plusieurs factions opposées.

2015
Janvier : accord de Nairobi entre ex-Séléka et anti-Balaka (cessez-le-feu, une cessation des hostilités et un accord de DDR (Désarmement, démobilisation, réintégration), sous l’égide du Kenya, contesté par le gouvernement centrafricain
14 avril : les ex-présidents François Bozizé et Michel Djotodia signent à Nairobi une déclaration de processus de réconciliation.
Mai : forum de Bangui pour relancer l’accord de Désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) signé entre neuf groupes armés et le ministère de la Défense. Report des élections et reconduction de transition

2016
14 février  : l’ancien Premier ministre Faustin-Archange Touadéra recueille 62,71 % des suffrages contre 37,29 % pour son rival, Anicet-Georges Dologuélé, lors du second tour de la présidentielle, validé par la Cour constitutionnelle le 1er mars. Investiture le 30 mars.
2 avril  : Premier ministre Mathieu Simplice Sarandji.
31 octobre : fin de l’opération militaire Sangaris

2017
Mai : le bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) dénonce la résurgence de crimes à caractère ethniques et religieux
19 juin  : signature à Rome d’un accord de cessez-le-feu entre 14 groupes armés (Entente de Sant’Egidio)
20 juin : violents combats à Bria, dans le centre du pays, entre des miliciens anti-Balaka et le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC, ex- Séléka)
7 août : le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Stephen O’Brien, affirme que "des signes avant-coureurs de génocide" sont manifestes dans le pays.

Sigles

APRD : Armée Populaire pour la Restauration de la Démocratie
ARS : Armée de Résistance du Seigneur
CPJP : Convention des patriotes pour la justice et la paix
CPSK : Convention Patriotique du Salut du Kodro
DDR : désarmement, démobilisation et réinsertion
FACA : Forcées Armées Centrafricaines
FPRC : Front populaire pour la renaissance de Centrafrique
MISCA : Mission internationale de soutien à la Centrafrique
MLPC : Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain
RCA : République Centrafricaine
UFDR : Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement
UPC : Unité du peuple centrafricain