Le Nigeria : un pays créatif, inégalitaire et déchiré

Chronologie du Nigéria

, par CRIDEV

Histoire précoloniale

500 ans avant JC : civilisation Nok.

XIe siècle : Premières têtes en bronze d’Ife, centre spirituel des Yoruba (Nigéria).
XIIe-XIIIe siècle : Apparition des royaumes d’Oyo et du Bénin (sud-Nigéria)
XVIIIe siècle : Développement du royaume haoussa de Katsina (nord-Nigéria).
Début du XIXe siècle : L’Empire musulman (le califat de Sokoto) domine le nord du Nigéria.

Histoire coloniale 

À partir du XVIIIe siècle, Lagos devient un important centre de commerce avec les Européens, notamment pour la traite des esclaves.

1861 : Annexion de Lagos qui devient colonie de la couronne anglaise.

De 1830 à 1920 : Grâce à l’activité des sociétés marchandes autour du delta du Niger, le Nigéria est le premier producteur mondial d’huile et d’amandes de palme.

1901 : La Royal Niger Company qui gérait les intérêts coloniaux britanniques par le biais d’une charte cède ses droits au gouvernement britannique.
Le gouverneur Lugard instaure un protectorat sur le Nord-Nigéria basé sur l’« indirect rule » (administration indirecte) qui s’appuie sur les chefs locaux.

1914  : Lugard finit par réunir les deux protectorats du Nord et du Sud qui avaient eu des histoires coloniales différentes. Lagos devient la capitale.

Émergence du nationalisme nigérian : à partir des années 20, des partis politiques se développent suivant des lignes ethniques et régionales.

1954 : Constitution Lyttelton qui organise le Nigéria en fédération de trois régions (Nord, Sud-ouest, Est) qui correspondent aux trois grands groupes ethniques (Haoussas, Yorubas, Ibos).

1er octobre 1960 : indépendance du Nigéria et mise en place de la première République.

Les premières années après l’indépendance : Le fédéralisme échoue à garantir l’unité nationale

Les premières années sont chaotiques, chaque grande région a peur d’être lésée dans le cadre du système fédéral. Les élites du Nord ont peur d’être écartées du pouvoir par les élites du Sud (Yorubas et Ibos), favorisées par la colonisation.

1966 : Coup d’Etat militaire. Le président Azikiwe est renversé par le général Johnson Aguiyi-Ironsi, un Ibo. Ce dernier veut abolir le système fédéral et créer un Etat unitaire. Des tensions violentes ont lieu dans les régions. Des Ibos sont massacrés. Aguiyi-Ironsi est assassiné par des officiers du Nord, Yakubu Gowon est porté au pouvoir pour restaurer le caractère fédéral.

1967 : Le projet du gouvernement fédéral de diviser la région de l’Est, à majorité Ibo, en trois États, privant les Ibos de débouchés sur l’océan et des gisements pétrolifères, provoque la sécession et la guerre du Biafra qui, de 1967 à 1970, fait plus d’un million de tués.

Les militaires au pouvoir

1966-1979 : Gouvernement militaire qui mène une politique de réconciliation nationale.

1979 à 1983 : Bref intermède démocratique chaotique. Deuxième République : Shehu Shagari arrive au pouvoir par des élections démocratiques. Mais la chute des prix du pétrole et la corruption entraîne le Nigéria dans une grave récession. Le pays expulse plus de 2 millions de travailleurs étrangers (Ghanéens, Béninois, Togolais,…). La crise économique entraîne un nouveau coup d’État militaire.

1983 à 1999 : Le retour des militaires. Les militaires dirigent le pays en annulant plusieurs scrutins. Cette période est marquée par de nombreuses luttes, notamment syndicales, pour le retour à la démocratie. De nouveaux partis voient le jour.

12 décembre 1991 : Abuja devient la capitale fédérale du pays.

1993-1998 : Règne du général Sani Abacha qui a pris le pouvoir après un bref intermède appelé Troisième République. Il met en place une dictature militaire.

10 novembre 1995 : Exécution de l’écrivain Ken Saro-Wiwa, qui milite contre l’exploitation pétrolière dans le delta du Niger, destructrice de l’environnement et des ressources de la population ogoni, et de huit autres responsables ogoni au terme d’un procès inique. Le Commonwealth condamne l’exécution, la dictature et suspend le Nigéria.

1996 : Le pays est divisé en 36 États

Retour à la démocratie 1999-2013 : Une démocratie enracinée mais fragile

Le retour à la démocratie se caractérise par la montée en puissance d’un islam radical (avec entre autre l’insurrection de Boko Haram) et les tensions sociales autour du partage des richesses du pétrole.

5 mai 1999  : Promulgation d’une nouvelle constitution qui instaure la IVe République.

29 mai 1999 : 16 années après les dernières élections démocratiques ont lieu des élections qui mettent au pouvoir Obasanjo. La présidence d’Obasanjo qui effectue deux mandats (1999-2007) est marquée par le développement économique mais aussi par de nombreuses tensions ethniques, religieuses et sociales.

Entre 1999 et 2002 : L’adoption de la charia, la loi islamique, dans plusieurs États du Nord, entraîne des émeutes entre chrétiens et musulmans qui font plusieurs milliers de victimes.

2002  : Création de la secte islamiste Boko Haram dans le Nord-Nigéria qui veut éradiquer toute influence laïque et occidentale.

Juin 2006 : Accord entre le Nigéria et le Cameroun sur la souveraineté de la péninsule de Bakassi. En octobre 2002, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye avait attribué au Cameroun la souveraineté sur cette péninsule riche en pétrole et en ressources halieutiques. La revendication sur la souveraineté de ce territoire avait conduit à un affrontement armé entre les deux pays. Depuis 2008, le Nigéria exploite ces réserves offshore avec l’accord du Cameroun en échange de redevances.

21 avril 2007 : Victoire d’Umaru Yar’Adua à l’élection présidentielle.

14 septembre 2008 : Lancement d’« une guerre du pétrole » par le MEND (mouvement d’émancipation du delta du Niger) contre les installations pétrolières dans la zone du delta du Niger.

2009  : Assassinat par l’armée du fondateur de la secte Boko Haram qui entraîne une montée des violences (attentats-suicide, massacres…) et le début de l’insurrection armée menée par la secte.

6 mai 2010 : Goodluck Jonathan du PDP (parti démocratique populaire) est élu président dans un scrutin qui se déroule sur fond de violence. Les Nigérians attendent une meilleure distribution de la rente pétrolière et la fin de la corruption endémique.

20 janvier 2012 : Vague d’attentats à Kano, dans le nord du pays, revendiqués par la secte Boko Haram (185 morts).

2013 : Instauration d’un état d’urgence dans le Nord-Nigéria pour pouvoir mettre fin à l’insurrection de Boko Haram. « 1 224 personnes ont été tuées dans des attaques liées à Boko Haram depuis mai 2013 dans les trois États d’Adamawa, Borno et Yobe" affirme l’OCHA (bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies).

3 janvier 2015 : nouvelle offensive de Boko Haram dans le Nord-Nigéria. On parle de centaines voire de milliers de morts. C’est l’offensive la plus meurtrière depuis le début du conflit.

Février 2015 : Élections présidentielles.