Un événement aura chassé l’autre, au cours de l’année 2010 au Chili. Et le fraîchement investi à la présidence Sebastián Piñera, que d’aucuns surnomment le “Berlusconi du Cône sud” en sa qualité de magnat de la presse, aurait d’ailleurs aimé voir les plaies du passé englouties dans le présent. (...)
“Le sauvetage des mineurs a relégué au second plan voire au troisième plan le séisme du 27 février. Nombreux sont les médias communautaires à avoir subi de lourds dégâts, en particulier dans la région de Concepción, l’épicentre du tremblement de terre”, explique Luis “Polo” Lillo, représentant de la chaîne communautaire Canal 3 dans le quartier populaire de La Victoria, périphérique de Santiago. “Le séisme a reposé à sa manière la question de la place de ces médias dans l’espace audiovisuel chilien. Malheureusement, le processus de déconcentration s’est accéléré à notre désavantage et l’épisode de la mine a fait oublier tout le reste !”
“Le reste”, c’est d’abord la mobilisation d’une catégorie de médias importante dans cette partie du monde, mais bien en peine de donner de la voix entre une presse privée largement dominante et un service public lui-même émergent. La légalisation de ces médias indépendants de proximité – à majorité des radios parfois comparables aux “radios libres” d’avant-1981 en France – suit son cours en Argentine, en Uruguay, en Bolivie, en Équateur et peut-être demain au Brésil où plus de 1 000 doivent fermer de force chaque mois quand le même nombre repousse clandestinement. Au Chili, leur sort reste en suspens. Au pire moment. Lire