La dette des pays du Sud est d’abord odieuse, car elle ne respecte pas le droit à l’alimentation et à la santé garanti par la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Il est donc inacceptable de demander à ces pays de consacrer leurs maigres ressources au remboursement de créanciers aisés (qu’ils soient du Nord ou du Sud) plutôt qu’à la satisfaction de leurs besoins fondamentaux. La dette est odieuse parce qu’elle est un des principaux mécanismes par lesquels une colonisation économique s’opère au détriment des populations, elle provoque des centaines de milliers de morts « silencieux ». Elle est odieuse parce qu’elle vient s’ajouter à des atteintes historiques : esclavage, pillage de matières premières et des biens culturels, extermination de populations indigènes, joug colonial reproduit sous une nouvelle forme.
Cette dette est par ailleurs illégitime, car elle a été contractée très souvent par des régimes non démocratiques, qui n’ont pas utilisé les sommes reçues dans l’intérêt de leurs populations, et ont souvent organisé des détournements massifs d’argent, avec l’accord tacite des États du Nord, de la Banque mondiale et du FMI. Les créanciers des pays du Nord, qui ont profité de la hausse des taux d’intérêt dans les années 75-80 et de la baisse des prix des matières premières, ont prêté en toute connaissance de cause à des régimes souvent corrompus. Ils ne sont donc pas en droit d’exiger des peuples qu’ils remboursent cette dette manifestement illégitime.
Dettes utilisées non pas pour les besoins et dans les intérêts de l’État, dettes attentant gravement aux droits humains fondamentaux, enrichissement indus… autant d’arguments juridiques pour exiger l’annulation des dettes odieuses et illégitimes.
Les peuples du Sud, rejoints par des organisations de la société civile du Nord, estiment qu’ils sont non pas débiteurs des pays du Nord mais créanciers du fait d’une dette écologique, historique et sociale, contractée par les pays industrialisés à l’égard des pays du Sud et liée à l’exploitation passée et présente de leurs ressources naturelles. Cette dette trouve son origine dans l’époque coloniale et ne cesse d’augmenter depuis (exploitation et pillage des ressources naturelles, monocultures d’exportation imposées au détriment des cultures vivrières, biopiraterie...). Il ne s’agit pas dans ce concept de donner un prix à la nature mais bien de définir les responsabilités environnementales et les obligations qui en découlent et, au delà, de questionner nos modes de vie, de production et de développement.
Lire aussi :
Dette odieuse : à qui profite la dette des pays du Sud ?
Paris : plate-forme Dette & Développement. Document pdf
"L’annulation de la dette est un des combats qui a mobilisé le plus massivement la société civile à travers le monde :
24 millions de signatures adressées au G7 à l’aube de l’an 2000 ; mobilisation colossale de l’Action mondiale contre la pauvreté en 2005. Avec un impact décisif sur le sort de millions de personnes : la plupart des pays ayant bénéficié de plans globaux d’allègements de dette ont ainsi augmenté significativement, voire doublé leurs dépenses sociales, comme la Zambie ou le Burkina Faso..."
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