Calais, déversoir des exodes oubliés - ou la vie réinventée

Coups de tonfa, gaz lacrymogène, ce matin du 17 janvier 2008 le réveil a été dur pour les résidents de la zone des Dunes. Rien de bien inhabituel pour les migrants de Calais, me direz-vous. Ce qui fut bien différent ce jour là, c’est sans doute l’esprit liquidateur des agents de police qui firent le réveil matin : depuis le samedi précédent, la CRS 3 était parasitée par la gale et l’un de ses agents hospitalisé1, ce qui n’eut sans doute pas pour effet de calmer l’ardeur chasseresse des policiers. Ils se sont donc contentés d’arriver avec cinq véhicules et une vingtaine d’agents accompagnés de chiens, afin de ramasser tous les étrangers de la « jungle » des Afghans, pour finalement mettre feu à tous leurs abris. Une désinfection en somme. Les Afghans rencontrés sur place le jour suivant racontent avec incompréhension de quelle façon ils ont été tirés par les pieds hors de leurs cabanes, à grand renfort de matraques et de bottes, puis embarqués dans les vans garés au milieu de l’enceinte de l’usine Tioxide. Après ils n’ont rien vu, mais à leur retour tout était calciné. C’est triste à voir. Les cendres sont seules à témoigner de ce que personne hormis les migrants n’a vu : tout ce qu’il reste des réchauds, ce sont des carrés de briques éclatées et des casseroles carbonisées. Le reste n’est qu’amoncellement de vêtements et de pneus brûlés, de tôles et de grilles tordues par la chaleur…Lire le texte et voir les photos