Burkina Faso : une jeune démocratie à l’épreuve du terrorisme islamiste

Introduction

, par MDH

Après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, Blaise Compaoré a dû quitter le pouvoir suite à la mobilisation des partis de l’opposition politique, regroupés au sein du Chef de File de l’Opposition (CFOP) et de la société civile, lassés d’attendre le changement et indignés de voir, comme dans bien d’autres pays d’Afrique, un chef d’État cherchant à tout prix à s’accrocher au pouvoir.

Face à un système politique bloqué, la société civile du Burkina Faso a clairement démontré, au cours de l’histoire depuis l’indépendance, qu’elle peut influer sur la vie politique du pays et obtenir parfois des inflexions significatives du pouvoir sur le plan juridique ou en matière de liberté d’expression, plus que dans les pays limitrophes. Parmi les acquis de l’insurrection populaire de 2014, une franche libération de la parole s’est traduite directement par une forte croissance de la diversité et du nombre d’organisations de la société civile.

Cependant, depuis début 2016, le Burkina Faso est devenu une nouvelle cible pour les organisations terroristes actives au Sahel. Ce pays présentait déjà des vulnérabilités en matière de sécurité où agissaient déjà les groupes d’autodéfense (Koglweogo en langue nationale mooré) mis en place par les populations. Le pays ne bénéficiant plus des relations que Blaise Compaoré avait su établir avec certaines organisations terroristes, les djihadistes sont désormais à l’affût pour exploiter toutes les faiblesses du pays et mettre à mal le vivre ensemble.

Par ailleurs, les pays du Nord et notamment la France veulent conditionner de plus en plus les actions de coopération à des objectifs de contrôle des flux migratoires et de lutte contre le terrorisme, sans même prendre en compte les attentes des pays concernés en Afrique, notamment au Burkina... Dans un contexte où les options militaires de la France sont de plus en plus critiquées par les échecs de l’opération Barkhane, les orientations de cette stratégie sont mal perçues par l’opinion publique burkinabè qui voit cette posture comme une ultime tentative de faire perdurer une relation sur le mode colonial. Elle pourrait se traduire à l’avenir par une prise de distances des dirigeants africains qui seront tentés d’aller voir ailleurs dans un monde de plus en plus ouvert et multipolaire.

Sur le plan économique, les principales ressources du pays sont l’exploitation de l’or et l’agriculture, en particulier celle du coton. Cependant les richesses produites ne bénéficient pas beaucoup à la population, l’exploitation du travail des enfants reste importante et a pris de l’ampleur notamment dans les mines d’or artisanales (orpaillages). Avec une croissance économique supérieure à 5 %, l’indice de développement humain progresse assez peu. Malgré les fortes discriminations dont elles font l’objet en matière d’éducation, d’accès à la terre et des violences qu’elles subissent, les femmes constituent l’épine dorsale de l’économie rurale au Burkina Faso.