Depuis 2014, le Brésil est traversé par une violente crise politique qui met aux prises les deux forces sociales dominantes de la société : les députés du Parlement, issus en majorité de milieux blancs fortunés, et exaspérés de n’avoir pas encore pu éliminer du pouvoir le Parti des Travailleurs (PT) qui rassemble à chaque élection des millions de voix des milieux populaires et d’une bonne partie de la classe moyenne, culturelle et universitaire - même si tous ceux-ci ont quelques sujets de mécontentements.
L’élection du Président Lula en octobre 2002 avait soulevé un immense espoir parmi les couches populaires pour sortir le pays du sous-développement et mettre fin à la grande misère et aux inégalités sociales abyssales. Mais, au cours de ces deux mandats, Lula a mis en œuvre une réforme agraire partielle et très en-deçà par rapport au programme du PT, surtout sans remettre en cause le modèle de développement agricole en vigueur au Brésil.
Au-delà des problèmes agricoles, le gouvernement du Parti des Travailleurs a mis en place un certain nombre de réformes et des mesures pour lutter contre l’extrême pauvreté qui renforcent son assisse sociale. Mais la politique menée par le gouvernement Lula devait réconcilier deux objectifs apparemment inconciliables : d’une part modifier la structure sociale et les institutions politiques pour donner au pays les moyens indispensables pour lutter contre les fortes inégalités sociales, et d’autre part satisfaire les exigences du Fonds monétaire international pour éviter la fuite des capitaux et pour respecter les engagements du pays vis à vis des Institutions financières internationales.
Peut-on considérer la crise actuelle comme une conséquence de cette politique contradictoire ?