Bombay, rivages des possibles

Editions Syllepse, avril 2010, 18 €, 220 pages

« On entre dans un monde de chaos et de bifurcations, dit un des personnages, c’est peut-être notre chance. L’histoire ne penche pas d’un seul côté ». De toutes les régions de l’Inde, du Brésil, de Paris ou de Bogota, ils sont des milliers à partir vers Bombay pour le rendez-vous altermondialiste de janvier 2004 : le Forum social mondial. Les carnets de voyage de sept personnages témoignent des tentatives de quelques uns pour construire à leur échelle cette promesse de la planète altermondialiste : « un autre monde est possible ».

Le Forum de Bombay est pour chacun d’entre eux un voyage, de ceux qui laissent le voyageur « essoré comme une vieille chemise », selon l’expression de Nicolas Bouvier, de ceux qui le confrontent à la complexité du monde, à ses violences et à ses contradictions.

La construction chorale et chronologique permet au lecteur d’être à la fois indien, français et colombien, dans les coulisses ou sur la scène, dans les sensations et les pensées d’un organisateur indien, Suraj, vieux sage rusé des luttes sociales ou d’une jeune enseignante française, Inès, interprète engagée. Avec Vijaya, venue de Jodalpur, il traverse l’Inde des villages, assiste à une représentation de théâtre de rue de son groupe de villageois et découvre le bidonville de Dharavi où habite une partie de sa famille. Aux côtés de Phil, il rencontre un entrepreneur franco-indien et se plonge dans l’effervescence de Bombay. Avec Etienne, le syndicaliste, il vibre aux témoignages des dalits et s’exalte de la gaîté chaleureuse dans les rues du Forum.

Héros ordinaires d’un monde qui se cherche au travers des tempêtes des années 2000, ils nous font vivre un rêve, le temps d’une escale, le temps de rompre avec cette idéologie pernicieuse de la marchandisation de toute chose et l’idée qu’il n’y aurait pas d’autre issue.