Depuis 2011 et l’auto dissolution de la « junte birmane », l’ouverture démocratique du pays est remarquable bien qu’encore incomplète.
Depuis les années 1960, le régime militaire répressif qui s’est maintenu en Birmanie est exceptionnel par sa dureté et son absence totale d’ouverture et de dialogue avec les composantes démocratiques à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
La "communauté internationale", ou tout au moins sa composante occidentale ne semble pas avoir eu prise sur la situation de la Birmanie. Tout au plus a-t-elle tenté de panser quelques plaies ouvertes engendrées par la politique totalitaire à travers les missions du Haut Commissariat aux Réfugiés et du Programme Alimentaire Mondial. Les divers représentants spéciaux des Nations Unies qui se sont succédés au fil des ans pour faciliter la négociation entre la junte et l’opposition démocratique ont été d’un effet limité si ce n’est nul.
Cette situation bloquée conduit directement à une aggravation des conditions de vie des populations. Pour certaines minorités particulièrement opprimées, la situation de crise humanitaire est chronique. Le PNUD classe la Birmanie parmi les derniers pays (132ème rang sur 177) dans l’indice de développement humain (IDH). Il faut dire que les dépenses militaires représentent plus de la moitié du budget de l’Etat, bien au-delà des dépenses publiques dans les domaines de la santé et de l’éducation.
Pourtant, les mouvements de protestation n’ont pas manqué sous différentes formes depuis les manifestations étudiantes de 1988, les élections de 1990 gagnées par la ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi ou encore la révolution de Safran des moines bouddhistes de septembre 2007.
Face à cette dynamique du mouvement démocratique, le maintien pendant plus de 40 ans de la dictature ne semble se concevoir que grâce à des rentrées financières continues permettant l’achat, le transfert et l’utilisation des armes par l’appareil militaire contre la population.
On peut penser que ce soutien financier a été complaisamment accordé par de nombreuses sociétés multinationales qui se sont satisfaites de la dictature pour mieux exploiter les ressources humaines (travail forcé) et naturelles (bois, hydrocarbures, opium…) du pays.
Ainsi, dans le contexte international actuel de tensions sur les approvisionnements énergétiques, les ressources gazières birmanes constituent un enjeu de poids pour le plus grand bonheur des dirigeants et le plus grand malheur de la grande majorité des birmans.
La Chine, principal partenaire commercial et fournisseur de l’armée birmane, l’Inde et les pays de l’ASEAN qui reluquent les réserves gazières de la Birmanie, et les pays occidentaux qui laissent passivement investir leurs sociétés (pétroliers, assurances…) soutiennent toujours directement ou indirectement le régime.