Au nord de la Syrie, une utopie démocratique se réalise !

Une initiative sur la démocratie

, par Agenda de la Solidarité Internationale

Chaque mois, à travers une thématique, l’agenda de la solidarité internationale propose de revenir sur deux initiatives portées par des associations, citoyen·nes, ONG, etc. pour comprendre les grandes problématiques internationales, montrer le pouvoir des mobilisations et donner des envies d’engagement.
Nous vous offrons donc, tout au long de l’année, des extraits de notre agenda.
En mai, la lumière est mise sur la démocratie.

Initiative au Rojava © Corinne Morel Darleux

Depuis 2012, au nord de la Syrie, une expérimentation politique inédite se met en place : le confédéralisme démocratique.
Cette révolution s’appuie sur cinq piliers : la démocratie directe, l’écologie, les droits des femmes, l’économie coopérative et la coexistence. L’ensemble est inscrit dans une charte collective : le contrat social de la fédération démocratique du nord de la Syrie.

Née dans les territoires à majorité kurde (le Rojava), la fédération comprend maintenant une zone plus vaste (dont Raqqa, l’ancien fief de l’organisation État islamique), de plus de 5 millions d’habitant·es de différentes ethnies et religions.

Ce modèle, développé par le leader kurde A. Öcalan, se fonde sur la culture pré-capitaliste du Moyen-Orient et s’inspire du municipalisme libertaire de Murray Bookchin, théoricien de l’écologie sociale. Le confédéralisme démocratique s’oppose au socialisme traditionnel fondé sur l’État. Cette idéologie s’attaque ainsi à l’État-nation tout autant qu’au capitalisme et au patriarcat. L’émancipation des femmes est la clé de la construction de cette société libérée, plutôt que le résultat attendu.

L’organisation de la vie collective se construit depuis l’échelon le plus local, les « komun » (communes), jusqu’à l’administration autonome, en passant par les municipalités et les régions. Chaque institution administrative élit deux co-président·es, une femme et un homme, avec un mandat à durée limitée et révocable.

Les Komun ont pour rôle la résolution des conflits, le renforcement des capacités d’action des citoyen·es et l’autodéfense. Chacune forme des comités (justice, santé, éducation, etc.) mettant les citoyen·nes au cœur de la gestion de la cité. L’auto-administration facilite les échanges entre les sept régions et l’accès aux éléments vitaux (eau, santé, éducation...).

Les congrès des femmes et leurs multiples comités (maisons des femmes, coopératives agricoles, etc.) ainsi que les associations jouent un rôle essentiel dans la concrétisation de cette utopie.

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