Au Bangladesh, les premiers réfugiés climatiques

Le Monde diplomatique, avril 2007

, par GARNIER Donatien

Les dirigeants européens se sont accordés, le 9 mars 2007, sur une stratégie globale de lutte contre le réchauffement climatique en fixant notamment un objectif les contraignant à utiliser 20 % d’énergies renouvelables en 2020. Il n’est que temps. Les conséquences néfastes du dérèglement environnemental pourraient pousser des dizaines de millions de personnes à quitter leur terre et à migrer. Déjà, un pays comme le Bangladesh est touché.

Par Donatien Garnier

Depuis Dacca, il faut environ onze heures pour se rendre à Munshiganj, minuscule bourgade située à l’extrémité sud-ouest du Bangladesh. Sept heures de bus climatisé jusqu’à Khulna, dont une heure de bac à travers les eaux café au lait du Gange, puis quatre heures de secousses, de chaleur et de poussière dans un car bondé, aussi fatigué que son conducteur. Jusqu’à ce qu’enfin la route bute sur une rivière sans pont ni ferry. Munshiganj est le terminus de la ligne. De l’autre côté de l’eau, au sud, se dresse une forêt d’allure impénétrable : les Sundarbans, une vaste mangrove partagée avec l’Inde et classée au patrimoine mondial par l’Unesco. Au-delà, l’océan. Lire la suite