La résistance culturelle face à la montée de l’autoritarisme en Inde

Anhad : vingt ans à porter le flambeau de la résistance

, par KUMAR Madhuresh

Anhad est synonyme de résistance culturelle au communalism [1] et au fascisme. Depuis plus de vingt ans, cette organisation donne une visibilité à des artistes, acteur·rices et comédien·nes qui font leurs débuts, et met l’expression culturelle au service de la sensibilisation aux valeurs constitutionnelles et de la remise en cause du discours de droite en plein essor.

Act Now for Peace and Democracy (« Agir maintenant pour la paix et la démocratie » ou Ahnad, qui signifie « sans limites ») a vu le jour en mars 2003 en réponse aux émeutes du Gujarat. Les émeutes de février 2002 sont restées tristement célèbres pour leurs violences, qui se sont étalées sur plusieurs jours et ont fait quelque 2 000 morts. Les autorités n’ont délibérément rien fait pour enrayer les violences et agressions à l’encontre des musulman·es dans les villes du Gujarat, un État que dirigeait alors l’actuel Premier ministre Narendra Modi, lequel a été accusé d’avoir cautionné ces actes. Shabnam Hashmi et Harsh Mander, deux membres fondateur·rices d’Anhad, ont travaillé dur au Gujarat pour documenter les morts et les crimes, déposer des plaintes, organiser des camps de secours, superviser le retour à la normale, etc. Shabnam me raconte par vidéoconférence qu’elle et son collègue ont été sidéré·es par l’ampleur des préjugés et des discours de haine, et ont très vite compris que l’idée même de l’Inde ne pourrait survivre bien longtemps, sur les plans émotionnel et intellectuel, si cette idéologie de la haine n’était pas neutralisée.

Shabnam et Harsh ont compris que les faits ne suffisaient pas à nettoyer les esprits de toute la haine dont ils étaient imprégnés. Pour amener les gens à se remettre à réfléchir, il et elle allaient devoir inscrire leur action dans la durée. Ainsi, il et elle ont commencé à organiser des séminaires, des ateliers et des conventions de jeunes, à publier des brochures et des livrets simples à comprendre, et à donner à la culture une place prépondérante dans leurs activités. En s’adressant aux émotions des gens, la culture sous ses diverses formes les a encouragé·es à s’exprimer et à faire preuve d’empathie. Anhad est une organisation connue avant tout pour son combat contre le fondamentalisme religieux, mais elle travaille et s’exprime également sur l’environnement, le patriarcat, les castes, les violations des droits humains, l’autonomie, la liberté et la démocratie. Au fil des ans, elle est intervenue à l’occasion de catastrophes naturelles comme les inondations au Cachemire, a mené l’enquête à la suite d’exécutions extrajudiciaires, d’émeutes ou de violences à l’égard des femmes, a critiqué des agressions commises contre des militant·es des droits, des artistes, etc.

Les interventions et expressions culturelles sont souvent au cœur des actions d’Anhad, ce qui lui donne une place toute particulière au sein de la société civile indienne. Cela n’a rien d’étonnant. Pendant 15 ans, Shabnam a cogéré Sahmat, le Fonds commémoratif Safdar Hashmi créé au lendemain de l’assassinat de son frère Safdar Hashmi, le 1er janvier 1989, par des malfrats aux ordres des autorités. Safdar Hashmi était un comédien, poète, écrivain et militant de gauche renommé. Son meurtre a déclenché un véritable tollé et motivé la création de Sahmat (qui signifie « en accord »), une organisation qui a bataillé courageusement contre la montée en puissance de l’hindutva au début des années 1990, et a encouragé des artistes, historien·nes, universitaires, militant·es, avocat·es, étudiant·es et d’autres corps de métier à se mobiliser contre les tentatives de réécrire l’histoire à travers le prisme de l’hindutva.

Trajets des caravanes de femmes pour la paix (Baatein Aman ki) au niveau national, 2018.

À travers ses campagnes et ses activités, ANHAD fait appel à une pluralité d’expressions culturelles : musique, théâtre de rue, poésie, affiches, expositions, peinture, etc. L’organisation diffuse aussi par divers moyens de courtes vidéos explicatives à visée pédagogique. Elle se sert également de films grand public comme Dor, Final Solution, Parzania, Khuda Ke Liye, Naseem, etc. Les films à succès et les documentaires poignants sont bien plus efficaces que les discours, car ils permettent de toucher un large public.

Au fil des ans, Anhad a accompagné de jeunes artistes émergent·es et des artistes confirmé·es en quête d’une plateforme leur permettant de contribuer à la paix et l’harmonie. Anhad leur a donné cette plateforme, et les a encouragé·es à expérimenter diverses expressions artistiques. Ainsi, la célèbre chanteuse classique Shubha Mudgal a fait évoluer, au fil de ses années aux côtés de Sahmat et d’Anhad, son répertoire portant sur la paix et l’harmonie. Naseeruddin Shah, Shabana Azmi, Ratna Pathak, Mahesh Bhatt et d’autres acteur·rices et réalisateur·rices de Bollywood collaborent depuis longtemps avec ces deux organisations. Avec les années, les rapports se sont enrichis à travers des correspondances régulières et, aujourd’hui, les réseaux sociaux, qui permettent à Anhad et à sa grande famille d’artistes de rester connecté·es.

Dans les premières années, Anhad a aidé de nouveaux·lles et jeunes artistes à prendre leur envol et à partir sur les routes en formant des caravanes d’artistes. Une première caravane d’artistes baptisée Us Subah Ki Khatir (« pour cette aube ») a parcouru le Gujarat du 30 octobre au 8 novembre 2012. Elle se composait de musicien·nes, de danseur·ses, de poète·sses, d’écrivain·es, de designers et de cinéastes, dont le groupe de danse tribale Sidi Goma, la danseuse classique et designer d’Ahmedabad Avni Sethi, le chanteur soufi de New Delhi Dhruv Sangari, la danseuse de kathak Namrata Pamnani, célèbre dans le monde entier, et Gauhar Raza, poète et cinéaste.

Ram Puniyani, ancien médecin et professeur qui dénonce le fondamentalisme hindou, a participé activement à un grand nombre d’ateliers, de conférences et d’échanges avec les jeunes au fil des ans. Il fait aussi le lien entre ces éléments et les discussions académiques sur les castes, les inégalités, la mondialisation et d’autres enjeux. Il a pris soin de ne pas se focaliser sur les expressions culturelles brahmaniques dominantes, mais de tendre vers plus de syncrétisme et de représentativité en mettant aussi en avant les cultures soufi, traditionnelle, dalit et adivasi/tribale.

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Lorsqu’on lui demande si les manifestations culturelles sont toujours planifiées, Shabnam répond que ce n’est pas forcément le cas. L’équipe d’Anhad s’est rendue pour la première fois au Cachemire au lendemain du terrible séisme de 2005, afin de participer aux opérations de secours et de reconstruction. L’organisation avait reçu des aides pour élaborer des programmes d’appui aux moyens de subsistance, qu’elle a utilisées pour mettre en place des centres de formation et d’autres activités de ce type. Toutefois, Anhad travaille avant tout sur les questions de démocratie et de sécularisme, et a donc tendu la main aux artistes et peintres des villages en mettant des ressources et du matériel à leur disposition, et leur a permis de se produire. Après des années de militantisme, des festivals de théâtre et de cinéma pour les étudiant·es et les jeunes cinéastes de tout le Cachemire ont été organisés entre 2007 et 2009 : sans doute une première. Nasiruddin Shah a participé à plusieurs ateliers de théâtre au Cachemire, qui ont été un réel succès. Les festivals de théâtre et de cinéma ont été la cible d’attaques et de critiques de la part des leaders musulman·es les plus extrémistes de l’État, mais ces activités se sont poursuivies malgré tout, car elles étaient nécessaires pour agrandir l’espace démocratique et briser le silence.

Dans le même ordre d’idées, le film bollywooden Parzania, basé sur les émeutes du Gujarat, est finalement sorti en 2007 après deux années de blocages bureaucratiques. Aucune salle de cinéma ne voulait projeter le film, de peur de réactions politiques hostiles au Gujarat. Face à cela, Anhad en a organisé la première projection publique à Ahmedabad en avril 2007. Ce film a brisé le silence. Il a permis aux jeunes étudiant·es et à d’autres de prendre conscience de l’horreur des émeutes du Gujarat dans leurs villes, que le discours majoritaire leur cachait. S’en sont suivies d’autres projections. Le but était de susciter des débats, au risque d’être la cible d’attaques. Anhad n’est peut-être pas un mouvement, mais a su toucher au fil des ans une large communauté, avec qui l’organisation est restée en contact.

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Tout se paye. Les membres d’Anhad ont fait l’objet d’agressions physiques, de procédures judiciaires, se sont vu remettre des avis de manquement à leurs obligations fiscales ; l’organisation a même perdu l’autorisation de recevoir de l’argent de sources étrangères au titre du Foreign Contribution Regulation Act (Loi portant réglementation des contributions étrangères, FCRA), ce qui a grandement nui à ses finances.

En avril 2004, la caravane Youth Aman (« paix ») d’Anhad a été attaquée à Baroda. En 2007, suite à des perturbations lors d’une exposition à la faculté des beaux-arts de l’université Maharaja Sayajirao, à Vadodara, un important conflit a éclaté entre des groupes d’étudiant·es, tandis que le doyen de la faculté des arts de l’université, Shivaji Panikkar, subissait les foudres du Bharatiya Janata Party (BJP). La même année, il a été suspendu de ses fonctions de doyen et privé de ses revenus et avantages suite à une enquête judiciaire pour avoir défendu ses étudiant·es. En réponse, des organisations de la société civile de New Delhi ont organisé des manifestations devant Gujarat Bhawan ; de son côté, Anhad a organisé un festival étudiant pour la paix au Gujarat, que des sbires du BJP ont à nouveau attaqué. Cette année-là, trois équipes d’Anhad ont parcouru le Gujarat pour y proposer des ateliers de théâtre, mais ont fait l’objet de plusieurs procédures judiciaires, dont une pour sédition. Le 2 octobre, date anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, elles ont été attaquées dans la circonscription législative du Premier ministre du Gujarat, Narendra Modi. Les membres d’Anhad ont été lapidé·es pour avoir organisé une représentation de Mallika Sarabhai, une danseuse et artiste classique renommée. Shabnam Hashmi a elle aussi été attaquée en avril 2014 à Rae Bareli, dans l’Uttar Pradesh, par des employé·es du BJP, ce qui a suscité un tollé général.

Dans la foulée de ces menaces, des membres et représentant·es du BJP se sont lancé·es dans une campagne de diffamation concertée. En mai 2013, Purushottam Rupala, un parlementaire de la chambre haute et membre du BJP, écrivait au Premier ministre d’alors, Manmohan Singh, pour lui demander de révoquer la licence FCRA d’Anhad au motif que l’organisation aurait enfreint la loi et n’aurait pas déclaré ses fonds reçus de la part de Christian Aid, Hivos et d’autres agences de financement. Plusieurs sites web et portails de droite ont largement relayé sa demande et lancé une campagne pour exiger l’annulation de cette licence. Un tournant a toutefois eu lieu en 2014 avec l’élection de Modi au poste de Premier ministre : le BJP a alors commencé à étendre son emprise sur la politique indienne, et les voix progressistes se sont retrouvées dans sa ligne de mire. Dans un premier temps, suite à une enquête du ministère de l’Intérieur en juin 2014 puis en novembre 2015, la FCRA d’Anhad été renouvelée en mars 2016. Elle a cependant été révoquée en décembre 2016, moins de neuf mois plus tard. Anhad a choisi d’en faire une « marque de fierté » et déclaré que l’organisation poursuivrait son travail en se passant de financements étrangers. Malheureusement, le harcèlement ne s’est pas arrêté là : même ses donateur·rices indien·nes ont reçu des avis de manquement à leurs obligations fiscales et ont fait l’objet d’enquêtes.

Le ministère de l’Intérieur a laissé entendre que ces organisations œuvraient contre l’« intérêt national » et ternissaient l’image du gouvernement à l’étranger. Il s’agissait rien de moins que d’un abus de pouvoir et d’une répression des divergences d’opinion. Depuis 2014, plusieurs voix dissidentes ont perdu leur licence FCRA. De plus, la loi FCRA a été à nouveau modifiée en 2020 pour étouffer les critiques des politiques du gouvernement ; plusieurs procédures sont en cours devant les tribunaux pour contester cet amendement.

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Les activités d’Anhad ont grandement pâti de la réduction de ses moyens financiers et de la disparition progressive des espaces de dissidence démocratique. Sa force résidait dans sa faculté d’agir à une échelle suffisamment grande pour ne pas passer inaperçu. Au moindre silence, Anhad organisait une conférence nationale, galvanisait la population, formait une caravane itinérante et allait à la rencontre des gens. Tout ce qu’a fait l’organisation à l’échelle locale, dans 11 villages du Bihar, 40 villages du Cachemire et 7 villages dans le district de Mewat (État d’Haryana), tout s’est effondré. C’était ce travail au service de la communauté qui lui donnait sa force et lui permettait de s’ancrer parmi la population. Mais comme trop souvent de nos jours quand des voix se font dissidentes, les autorités cherchent à saper leurs finances et à les écarter du peuple.

Pour autant, Anhad n’a pas cessé de dénoncer l’oppression et les injustices. Son militantisme se manifeste désormais en ligne, en même temps qu’une nouvelle forme d’organisation collective citoyenne voit le jour. Cette tentative de briser le silence s’en est suivie de la convocation immédiate d’une réunion à New Delhi et d’une convention à Lucknow, après le jugement rendu par la Cour suprême dans l’affaire Ayodhya en novembre 2019. Dans la foulée, 40 personnalités ont demandé un réexamen du dossier par la Cour suprême pour qu’elle change son verdict.

De même, lorsque l’article 370 octroyant un statut spécial au Jammu-et-Cachemire a été révoqué par le gouvernement national en août 2019, plusieurs programmes ont été lancés en partenariat avec des mouvements populaires, des groupes de femmes et des organisations progressistes pour dénoncer le couvre-feu permanent, les coupures d’Internet et l’incarcération de responsables politiques influent·es au Cachemire. Ensemble, ils et elles ont pu réunir en une semaine des étudiant·es du Cachemire à Jantar Mantar pour l’Aïd, et ont organisé des programmes culturels et des débats dans les universités.

Dans un contexte où la haine se généralisait en politique, et où de plus en plus d’attaques ciblées et de lynchages étaient commis au nom de la religion, Anhad, la Fédération nationale des femmes indiennes (NFIW) et bien d’autres organismes ont lancé Battein Aman ki (« pourparlers de paix »), des caravanes de femmes. Les cinq caravanes sont allées aux quatre coins du pays, du Jammu-et-Cachemire au Kanyakumari, du Kerala au Rajasthan et jusqu’à l’Assam, porteuses d’un même message : celles et ceux qui attaquent la constitution et soufflent sur les braises de la colère au nom des castes sont hostiles aux femmes. En chemin, plusieurs organisations leur ont apporté un franc soutien et un accueil chaleureux, et les ont aidées à toucher des centaines de milliers de personnes. Les cinq caravanes ont mis en place des comités organisateurs locaux, levé des fonds et tout organisé. Chaque caravane se composait de femmes provenant de dix États qui, en l’espace d’un mois entre septembre et octobre 2018, ont traversé 200 villes et piloté 500 programmes.

En avril 2019, une marche des femmes pour le changement a rassemblé quelque 30 000 femmes dans 20 États indiens, qui protestaient contre les politiques du gouvernement et contre le climat de haine et de violence. Une initiative en ligne a pris le relais en septembre 2020, au moment où les manifestations physiques étaient restreintes du fait de la pandémie. Une campagne intitulée Hum agar utthe nahin toh… (« Si nous restons les bras croisés... ») a été lancée le 5 septembre pour rassembler les oppositions aux attaques ciblées à l’encontre des droits constitutionnels des Indien·nes. Cette campagne a réuni plus de 5 000 associations de femmes, des collectifs LGBTQIA (lesbiennes, gays, transgenres, queers, intersexes et asexuel·les) et des organisations de défense des droits humains en provenance de 28 États de l’Inde, qui le temps d’une journée de résistance en ligne ont fait cause commune pour souligner l’urgence de protéger la constitution indienne et ses valeurs. Près de 1,5 million de personnes ont rejoint cette campagne en ligne, dont des artistes, écrivain·es, académicien·nes, fonctionnaires à la retraite, juristes et avocat·es renommé·es.

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À chacune de ces occasions, Shabnam a su mettre à bon escient les réseaux sociaux et leur capacité à mobiliser et rassembler les gens. Sa foi dans la puissance du collectif galvanise et nous donne espoir. Elle se félicite de l’effervescence créative et culturelle que l’on observe aujourd’hui ; en témoignent les manifestations contre le CAA et le Registre national des citoyen·nes, ou les manifestations paysannes des dernières années. Shabnam est persuadée que c’est la spontanéité du mouvement anti-CAA qui lui a permis de rassembler aussi largement au sein de la population. Les musulmanes y ont adhéré massivement, c’en était incroyable. Chansons, poèmes, installations, graffitis et inscriptions murales ont fleuri de façon remarquable. Le mouvement a été écrasé, mais il a su interpeller la population à travers le pays, et notamment les femmes.

Les manifestations de paysan·nes se nourrissent de l’énergie dégagée par les marches de femmes. La culture ne se limite pas aux spectacles ou à l’écriture de chansons, elle fait partie intégrante du quotidien. Rejoindre une manifestation avec des paysans de l’Haryana n’ayant jamais cuisiné, les voir cuisiner, laver et découper des légumes : en agissant ainsi, on fait évoluer les pratiques culturelles en remettant les normes de genre en question.

Shabnam estime qu’il y a toujours eu une énergie créative, mais qu’elle se manifeste peut-être plus nettement en ces temps de lutte. Les gens qui mènent le combat ressentent le besoin de s’exprimer, de chanter, d’écrire, de dire quelque chose. Il se passe bien plus de choses sur le terrain, sur les lieux des manifestations, que sur les estrades. Ça donne de l’espoir. Même si le défi à relever est de taille.

Selon Shabnam, il est primordial de s’attaquer au discours selon lequel il n’y a pas d’alternative au BJP ou à Narendra Modi. Il faut faire entendre une pluralité de voix et d’idées. Nous savons quels problèmes pose la droite, mais il faut élaborer un discours montrant que n’importe qui d’autre s’en sortirait mieux. Les mouvements populaires ne peuvent être des partis politiques, mais il faut mettre en avant d’autres voix, d’autres visages, malgré nos divergences. Nous ne vendrons pas nos âmes à ces partis, mais n’importe lequel d’entre eux vaudra mieux que le gouvernement actuel, et nous devons faire un effort. On ne peut déléguer cette tâche aux seuls partis, tout le monde doit apporter sa pierre à l’édifice. C’est justement ce que fait Anhad en ce moment avec sa nouvelle série de conférences publiques Reimagining India (« Repenser l’Inde »), qui donne la parole à des responsables politiques, des universitaires et des militant·es de premier plan qui présentent leur idée de l’Inde. Le combat continue.

Notes

[1Communalism : Employé en Asie du Sud-Est, ce terme proche du sectarisme désigne une force qui sépare des communautés différentes pour des raisons sociales ou confessionnelles et favorise les violences entre ces groupes. Dans l’Inde contemporaine, le terme communalism désigne plus spécifiquement la discrimination à l’encontre des minorités religieuses. Il n’est ainsi pas rare que des responsables politiques taxent leurs opposant·es de communal. De même, les militant·es de la société civile accusent souvent les partis politiques de communalism. À titre d’exemple, en Inde, le BJP (Bharatiya Janata Party) est systématiquement qualifié de communal par ses opposant·es et détracteur·rices (parti du Congrès, parti communiste, organisations de la société civile luttant pour la concorde), car il cible les minorités religieuses (notamment les musulman·es) pour s’assurer le vote hindou. L’antonyme du communalism est la laïcité ou le sécularisme, qui consiste à se montrer impartial à l’égard de toutes les communautés religieuses.

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Madhuresh Kumar milite auprès de la NAPM India et est chercheur associé en égalité sociale et économique auprès de la London School of Economics.

Traduction de l’article depuis l’anglais : Adrien Gauthier.