Un engagement concret tout au long de la filière des produits équitables
La dimension environnementale du mouvement du commerce équitable se décline tout au long de la chaîne d’approvisionnement : production, acheminement, transformation, commercialisation.
Le cahier des charges du commerce équitable est rigoureux et impose des pratiques sobres et la réduction des impacts environnementaux. La production doit être respectueuse des ressources et en assurer la viabilité. La gestion de l’eau, de l’énergie, des déchets doit être étudiée de façon économe et en pensant au recyclage. Les substances dangereuses sont interdites et l’usage des produits phytosanitaires doit être réduit, les OGM sont interdits, il faut protéger la biodiversité. En 2018, 84 % des produits équitables étaient certifiés bio en filières internationales.
En termes d’empreinte écologique, le transport est compliqué d’autant plus que les produits équitables les plus vendus sont des produits tropicaux, café, thé, sucre, bananes, coton… Ces produits sont acheminés en Europe par containers sur cargos maritimes. Ce qui est le plus polluant dans les transports, ce sont les courtes distances effectuées pour les livraisons en magasins. Depuis quelques années, des entreprises acheminent par voilier des produits équitables (café, cacao, rhum…) et, à Saint-Nazaire, un cargo voilier avec des technologies modernes (éolien et moteur diesel GNL) est en construction.
Trouver en Europe des fleurs équitables en provenance de fermes éthiopiennes ou équatoriennes a provoqué de nombreuses critiques pour le coût environnemental de ce marché. L’acheminement par avion, la consommation locale d’eau qui pourrait être plus utile à des cultures vivrières sont de réelles critiques. Cependant, il faut bien reconnaître que la culture des fleurs européennes, de contre-saison, sous serres chauffées émet aussi de grandes quantités de CO2. Cette culture fait également appel à plus d’intrants et plus de mécanisations. Certain·es pensent qu’il est préférable de promouvoir un commerce équitable sur des zones géographiques où il est encore peu présent afin de provoquer d’autres initiatives prenant en compte progressivement les critères du commerce équitable.
Cependant le coût écologique du transport des produits est réel, ce qui incite les organisations de commerce équitable à s’orienter de plus en plus vers des circuits courts, Sud-Sud ou Nord-Nord.
Les acteur·rices du commerce équitable sélectionnent les entreprises d’importation et de transformation en fonction de leur démarche environnementale : transport maritime ou fluvial, énergies renouvelables, diminution des emballages, utilisation de matériaux naturels ou recyclés.
Il faut reconnaître que des agriculteur·rices qui reçoivent des revenus suffisants et stables sont plus enclin·es à prendre des mesures respectueuses de l’environnement et à initier de nouvelles pratiques agroécologiques dont ils et elles mesurent l’efficacité. Et quand ces agriculteur·rices forment un réseau, les résultats sont encourageants. C’est l’expérience menée par le programme Equité [1] en Afrique de l’Ouest sur des réseaux de producteur·rices de commerce équitable.
Un engagement politique vers une transition écologique
« Changeons le système pas le climat », « Commerce équitable et climat : même combat ! », « Pas de justice économique sans justice climatique »... Tels furent les slogans de la Quinzaine du commerce équitable de 2019. Relever les défis du changement climatique fait partie intégrante du travail des acteur·rices de commerce équitable qui, pour que leurs actions aient plus de poids, nouent des alliances avec les associations de défense de l’environnement ou des mouvements citoyens aux niveaux local, national, international ; ils et elles organisent et participent aux manifestations (marche pour le climat…), interpellent les pouvoirs politiques lors des COP et à d’autres occasions pour qu’ils reconnaissent que les pratiques du commerce équitable sont une réponse adaptée pour lutter contre les dérèglements climatiques.