Acquis sociaux d’après-guerre : que reste-t-il ?

Par Raoul Marc Jennar

, par Investig’Action

Aborder la question des valeurs, c’est, inévitablement, s’inscrire dans le débat d’idées et, s’agissant de la manière dont s’organise une société, on ne doit pas craindre d’affirmer qu’on se trouve en présence d’une véritable bataille des idées.

Certes, il peut se trouver que des valeurs soient communément partagées par des courants de pensée différents. Mais lorsque se pose la question de la cohérence entre ces valeurs et leur application, les différences surgissent au point de devenir antagonistes. Ainsi, lorsqu’il s’est agi de concrétiser le point du programme du CNR relatif à l’extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales, la coalition qui jusque-là avait conduit les réformes a éclaté entre partisans et adversaires de la guerre en Indochine. Le maintien d’un consensus sur les valeurs résiste mal aux choix nécessités par leur mise en œuvre.

S’il a été de bon ton, au cours de ces dernières décennies, de brocarder le débat idéologique au nom d’une prétendue destinée commune, on se rend bien compte qu’à l’image des passagers du Titanic, tous ceux qui sont sur le même bâteau ne sont pas traités de la même manière. Il faut accepter cette réalité si on veut apprécier à sa juste valeur le programme du Conseil National de la Résistance. Il s’agissait, alors, non pas de traiter tous les passagers de la même manière, mais carrément de changer de navire. Il y avait une volonté de changer la nature du système qui avait prévalu avant 1940. Au point d’en créer un autre.

Pour mesurer le chemin parcouru depuis lors, il s’impose de se remettre dans le contexte de la période qui a suivi la réalisation de certains éléments de ce programme. Parce qu’en face, on n’est pas resté les bras croisés.

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