L’écologie industrielle, des alternatives à l’économie dominante

A Grande-Synthe des centaines de petites entreprises s’organisent pour gérer au mieux leurs déchets

, par LaRevueDurable

Grande-Synthe, dans l’agglomération dunkerquoise, est un port sur la mer du Nord et un centre industriel très dense. Depuis onze ans, l’association Ecopal y matérialise les principes de l’écologie industrielle.

Sous la houlette de l’Agenda 21 de Grande-Synthe, des multinationales telles que Total, Gaz de France (GDF), Lafarge et Arcelor ont créé cette association pour « relever le niveau de connaissances et de respect de la législation environnementale de leurs sous-traitants », informe Peggy Ricart, responsable de l’association. Partie de 17 entreprises adhérentes sur deux zones industrielles, Ecopal regroupe aujourd’hui 382 sociétés réparties sur sept zones industrielles.

La principale action d’Ecopal consiste à mutualiser les collectes de déchets. Un vrai service pour les très petites entreprises, membres majoritaires de l’association. « Cela garantit des économies à toutes les PME qui rentabilisent ainsi leur cotisation à l’association », signale Peggy Ricart. Aujourd’hui, Ecopal coordonne la collecte de 69 types de déchets. En 2011, 250 tonnes de déchets ont pu être valorisés et générer 190 000 euros d’économies pour les entreprises participantes.

L’accumulation de petits volumes peut aboutir à créer une filière. C’est le cas des chiffons d’essuyage. Les entreprises les utilisent pour nettoyer des machines. Imbibés de graisse ou d’encre, ils sont le plus souvent jetés. Ecopal a aidé à mettre en place un service de récupération et de réutilisation. Un prestataire collecte les chiffons sales, les nettoie dans des installations adaptées, puis les livre propres en retour.

Entre 2007 et 2009, Ecopal a établi un inventaire des flux qui entrent et qui sortent dans 150 entreprises. But : chercher de nouvelles occasions de coopération entre elles. Plus de 5000 flux ont été relevés, faisant émerger trente idées de synergies. Certaines très spécifiques, portant sur de petits volumes. « Nous mettons les partenaires en relation et n’avons pas besoin de savoir comment ils s’y prennent pour réaliser ces synergies », note Peggy Riccart. D’autres synergies, plus ambitieuses, demandent l’engagement d’Ecopal.

L’association soutient aussi un projet d’échange d’eau chaude entre deux entreprises distantes de 200 mètres. La première produit de l’eau à 56°C qu’elle doit refroidir avant de la relâcher dans le canal. La seconde a besoin de vapeur d’eau. Chauffer cette eau déjà à 56°C lui permettrait de réduire de moitié sa consommation d’énergie. Autre résultat : la mise sur pied d’une plate-forme de troc de matériaux réutilisables.

Grande-Synthe est un écosystème industriel en voie de maturation : les entreprises se connaissent, participent à des commissions par thème – bois, boues dé-carbonatées, énergie, eau, etc. – échangent sur leurs moyens d’aborder les problèmes et de les régler ensemble. Bref, elles incorporent peu à peu cet ingrédient essentiel des symbioses industrielles : la coopération.