Energies : enjeux pour un développement durable

Introduction

, par CDTM 34

L’énergie est indispensable à la plupart des activités humaines. Elle est utilisée sous trois différentes formes finales : la chaleur (pour l’industrie et le chauffage des locaux), la force motrice fixe (l’électricité pour l’éclairage, le froid, l’électroménager, les moteurs et certains procédés industriels), la force motrice mobile (pour les transports). Plusieurs sources énergétiques peuvent être utilisées : les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables (éolienne, solaire, hydraulique, géothermique, biomasse). Elles présentent des caractéristiques propres qui les rendent plus ou moins aptes à remplir les différents services qu’on attend de l’énergie. Par exemple, si le pétrole fournit aisément de la chaleur de l’électricité et du carburant, il n’en est pas de même pour le charbon qui ne fournit pas aisément de carburant. De même dans l’état actuel des techniques le nucléaire, l’éolien ou le photovoltaïque ne fournissent que des services électriques…

On constate au niveau mondial une très grande diversité de situations concernant les usages et la consommation d’énergie. On constate aussi de très grands déséquilibres énergétiques, aussi bien quantitatifs que qualitatifs : les inégalités à l’échelle internationale vont en s’accentuant, la surconsommation côtoyant des pénuries criantes. Dans la plupart des pays en développement l’accès aux services énergétiques les plus élémentaires (éclairage, cuisson, conservation des aliments, chauffage) n’est pas assuré.

L’accès aux services énergétiques est un enjeu majeur dans le développement des sociétés. Or, la croissance des activités dévoreuses d’énergie au Nord et dans les pays émergents, et le gaspillage dans les pays riches, posent deux problèmes majeurs : l’épuisement des ressources énergétiques les plus faciles d’accès et les plus faciles à transformer (en particulier le pétrole) et corrélativement, le problème de l’équilibre environnemental, menacé par l’accroissement rapide des émissions de gaz à effet de serre (gaz carbonique et méthane) majoritairement responsables du renforcement de cet effet et donc du réchauffement climatique. L’empreinte écologique qui est une méthode de mesure de l’incidence de nos activités sur l’environnement, met en évidence le danger de surconsommation de nos réserves naturelles, notamment énergétiques et les inégalités dans ce domaine, entre les pays riches et les pays en développement.

Dans les années 70, la crise pétrolière a mis en lumière la vulnérabilité des pays industrialisés dont le développement est essentiellement basé sur les énergies fossiles, notamment le pétrole. Le monde est entré dans une ère d’insécurité énergétique. La crainte de la pénurie a poussé les pays industrialisés à mettre en place des programmes de production d’énergie nucléaire, susceptible de satisfaire une partie des besoins d’électricité distribuée sur les grands réseaux électriques ; mais l’utilisation du nucléaire suscite des inquiétudes et fait l’objet de débats, relancés depuis 2011 suite à l’accident nucléaire de Fukushima au Japon.

Les Etats-Unis et le Canada exploitent également des hydrocarbures non conventionnels (huiles lourdes issues de gisements de sable asphaltique, de schistes bitumeux, gaz de schiste) qui suscitent de nombreuses critiques. Ce type d’extraction qui tend à se répandre depuis les années 2000 dans les pays industrialisés se fait au prix d’un important impact sur l’environnement (procédés gourmands en eau et en énergie, rejets importants de GES, risques de pollution des sols, des nappes phréatiques…). Pour le gaz de schiste l’utilisation de la technique d’exploration par fracturation hydraulique qui altère l’intégrité de la roche fait l’objet d’une importante contestation en France.

Ces constatations ont conduit à un accroissement des recherches vers les énergies dites renouvelables qui utilisent des flux quasi inépuisables d’énergie d’origine naturelle et qui sont peu polluantes. Si prometteuses qu’elles soient, ces énergies alternatives dont le développement doit être encouragé, ne pourront à elles seules apporter la solution à la pénurie à court terme.

Face à ces enjeux internationaux (réduction des inégalités d’accès aux services de l’énergie, protection de l’environnement et du droit des populations dans une perspective de développement durable), deux priorités semblent s’imposer : d’une part, la mise en place de stratégies mondiales pour réduire les inégalités et les tensions, d’autre part, la maîtrise des consommations d’énergie qui passe non seulement par un renforcement de l’efficacité énergétique mais aussi par des politiques ambitieuses reposant sur la solidarité et la mobilisation des citoyens, des organisations, des collectivités et des Etats. Aujourd’hui, les déclarations et les plans d’actions en vue d’une transition énergétique se superposent et parfois même s’opposent. Recommandations du Conseil Mondial de l’Energie, directives européennes (paquet climat-énergie), engagements des membres du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ou encore stratégies nationales (comme le plan climat-énergie territorial en France) sont autant de pièces disparates qui ne permettent pas pour l’instant d’espérer une réelle gouvernance mondiale énergétique.