Femmes en migration

Introduction

, par CDTM 34

Les migrations touchent aussi les femmes…

Près de la moitié des 200 millions de migrants, recensés en 2010 par les Nations Unies dans le monde, sont des femmes. Les femmes, en effet ont toujours pris part aux migrations mais pendant longtemps, lorsque l’on parlait des migrants, le genre était ignoré. Il n’y a qu’un peu plus de vingt ans que la migration féminine est reconnue comme un fait de société majeur. Une des premières études sur ce sujet est un article de Mirjana Morokvasic, consacré aux femmes migrantes, paru en 1984 dans l’International Migration Review (New York), ayant pour titre : « Birds of passage are also women ». L’objectif majeur de ce travail était de sortir les femmes de l’invisibilité, de montrer que les femmes, comme les hommes, participent à toutes les formes de migrations : celles liées au travail, au regroupement familial, à la misère ou à la fuite forcée.

Pendant longtemps, jusque dans les années 90, les organisations internationales ont, elles aussi, ignoré la question des migrations féminines. Le rapport de la conférence des Nations Unies sur les Femmes, à Beijing, en 1995, fait date lorsqu’il déclare que la migration et la mobilité génèrent des changements sur les structures familiales, introduisent des charges additionnelles pour les femmes et que les droits des travailleuses migrantes dans les secteurs informels et formels, ne sont pas respectés. Depuis, les Nations Unies et les institutions internationales en général, ont consacré de nombreuses études aux femmes migrantes.

L’histoire de la migration féminine vers l’Europe est plurielle

Toutes les migrantes arrivant en Europe, rencontrent les mêmes types de problèmes mais leur situation de migrante peut être très différente selon leur culture et leur pays d’origine. En effet, toutes n’ont pas eu le même parcours, n’ont pas eu recours aux mêmes réseaux pour arriver à destination, ne réagissent pas de la même façon au déracinement et à l’intégration.

Les migrantes originaires du Maghreb doivent faire face à une situation spécifique due au statut social et juridique de la femme en pays musulman. Ce statut présente des différences d’un pays à l’autre. Et dans un même pays, les situations ne sont pas les mêmes suivant les régions, les milieux ruraux ou urbains.

Ce sont les femmes de l’Europe du Sud qui son arrivées les premières - en provenance d’Italie, de Grèce, d’Espagne, du Portugal - à la recherche d’un emploi et d’une vie meilleure . Elles se sont souvent retrouvées ouvrières dans des usines.

Au milieu des années 1970, les femmes du Maghreb émigrèrent à leur tour vers l’Europe, bien souvent dans le cadre du regroupement familial (1976 pour la France).
A la fin des années 1980, après l’effondrement des régimes communistes, on a vu affluer les femmes venant des pays d’Europe de l’Est, et suite à la déstructuration politique et économique de la région, des femmes sont arrivées en provenance des Balkans. Parallèlement, il y a eu un fort courant migratoire de femmes d’Afrique du Nord, victimes des crises économiques et sociales amplifiées par les plans d’ajustements structurels imposés par le FMI.

Ces deux dernières décennies, la guerre du Golfe et le séisme du 11 septembre 2001 ont profondément affecté les économies des pays du Proche et du Moyen Orient, dépendant de l’industrie du tourisme, accentuant les flux des migrants économiques, hommes et femmes, et des réfugiés et demandeurs d’asile.

Aujourd’hui, les migrantes originaires des pays du Maghreb ou du Moyen Orient quittent leur pays à cause de la misère, de la guerre, de la situation politique qui les prive de leurs droits sociaux et culturels. Ces dernières années dans la plupart de ces pays, les règles, les traditions, le Code de la famille, évoluent et ont ouvert aux femmes des espaces de relative liberté qui se traduit par la possibilité pour les plus entreprenantes, de voyager, de vivre seules, de s’engager dans des mobilités professionnelles, de contracter des mariages et des unions mixtes en l’absence ou sans l’accord de leur famille.