Les environnementalistes, et non pas le changement climatique, considérés comme une menace

, par Common Dreams

Cet article a été traduit de l’anglais au français par Françoise Vella, traductrice bénévole pour Ritimo. Retrouvez l’article original sur le site de Common Dreams : Doc Shows Canadian Police View Environmentalists, Not Climate Change, as Real Threat

Par Andréa Germanos.

Un document révèle que ce sont les environnementalistes et non pas le changement climatique que la police canadienne considère comme une véritable menace.

Un document de la GRC (Gendarmerie Royale du Canada) prétend que des groupes peu nombreux mais enclins à la violence constituent une "réelle menace" pour la sécurité.

Les organisations environnementales représenteraient une menace potentielle pour la sécurité nationale en s’efforçant de présenter l’industrie basée sur l’énergie fossile sous un jour défavorable.

Telle est en effet l’estimation de la GRC dans un document daté du 24 janvier 2014, intitulé "Évaluation des renseignements relatifs aux infrastructures essentielles" faisant référence à ce qu’elle appelle "un mouvement anti-pétrole".

L’existence de ce document obtenu par Greenpeace a été révélée mardi par le journal canadien Globe and Mail et la semaine dernière par le journal francophone La Presse. Common Dreams a pu voir une copie de ce document mardi.

"Il existe un mouvement canadien anti-pétrole en plein essor, très organisé, et bien financé regroupant des activistes pacifiques, des militants et de violents extrémistes qui s’opposent à la dépendance de notre société sur l’énergie fossile," souligne ce document.

Il range les manifestations qui ont eu lieu dans le Nouveau-Brunswick en 2013 parmi "les actions anti-pétrole" les plus violentes jamais menées dans le pays et les trouvent "révélatrices de l’opposition internationale grandissante aux projets en cours ou à venir de l’industrie pétrolière et montrent bien ce que les forces de l’ordre doivent se préparer à affronter".

Cette révélation se produit moins de trois semaines après que le gouvernement ait présenté le très controversé projet de loi anti-terrorisme C-51. Ce projet de loi n’a fait que renforcer la crainte que la nouvelle législation soit utilisée pour donner encore plus d’envergure à la surveillance individuelle. L’Association des libertés civiles de la Colombie Britannique a déclaré que cette loi autoriserait les organismes chargés de la sécurité nationale du Canada à étendre considérablement leurs pouvoirs et à bafouer les droits des citoyens canadiens sans pour autant les protéger davantage.

Le document de la GRC affirme que des "groupes d’environnementalistes peu nombreux mais enclins à la violence" se livrent à des actes criminels contre l’industrie des combustibles fossiles du pays, en particulier celle des sables bitumineux, "menaçant la santé et la sécurité des travailleurs, de la population, des militants , ainsi que l’exploitation des installations et de l’environnement".

Comme l’écrit dans le blog de Greenpeace Keith Stewart, militant de la campagne Climat et Energie, " la GRC traite les changements climatiques comme un canular orchestré par les environnementalistes". Il cite des extraits du document :

« Les Organisations Non Gouvernementales, telles que Greenpeace, Tides Canada et le Sierra Club, pour n’en nommer que quelques-unes, prétendent que les changements climatiques représentent à présent une grave menace mondiale, et qu’ils sont la conséquence directe d’une importante augmentation des émissions de gaz à effet de serre anthropiques qu’elles estiment directement liés à l’utilisation des combustibles fossiles…

Recherches et analyses à l’appui, l’enquête criminelle de la GRC montre bien que les personnes impliquées dans le mouvement anti-pétrole canadien ont tout intérêt à attirer l’attention publique et à sensibiliser la population à la menace environnementale qu’elles attribuent à l’utilisation continue des combustibles fossiles.

La propagation de ces préoccupations a provoqué une forte couverture médiatique dépeignant l’industrie pétrolière canadienne de manière souvent négative. En utilisant les médias sociaux, y compris les vidéos en direct , le mouvement anti-pétrole a pu contourner les réseaux traditionnels d’information, contrôler et façonner son message, et promouvoir une version unilatérale d’événements réels, entrainant une opposition anti-pétrole encore plus vaste."

Globe and Mail estime que le langage fortement réprobateur utilisé dans le document traduit l’hostilité du gouvernement envers les militants environnementaux.

Steven Guilbeault, co-fondateur et directeur principal du groupe Environnement et Justice de Montréal, Equiterre, a déclaré à La Presse qu’une véritable chasse au sorcières contre les environnementalistes existait déjà et qu’en accroissant les pouvoirs des forces de sécurité (avec le projet de loi C-51), on donnait libre cours à d’autres abus.

Stewart ajoute, " ce qui est réellement alarmant dans le document de la GRC est qu’associé au projet de loi sur le terrorisme, il ouvre la voie à toutes sortes de surveillance et de ’combines’ approuvées par l’État."