Idées reçues sur l’agriculture

, par Agenda de la Solidarité Internationale

« Nous résistons avec nos jardins de résistance, en cultivant de la nourriture saine, en prenant soin de la terre et des semences, en remerciant nos ancêtres pour nos graines, et en remerciant leurs descendants, en les confiant aux générations futures, qui seront chargées de préserver notre diversité sans prix. ».
Vandana Shiva, scientifique et écologiste indienne.

Idée 1 : « L’agriculture, c’est un monde d’hommes »

L’agriculture familiale et paysanne est à l’origine de la production de 90 % de la nourriture en Afrique et d’environ la moitié de la nourriture mondiale. Contrairement à une idée répandue, le travail agricole n’est pas réservé aux hommes. En effet, les femmes représentent presque la moitié des travailleurs agricoles dans le monde et dans les pays les moins avancées, elles forment 70 % de la main-d’œuvre agricole et jouent un rôle très important. En Inde, au Mexique ou au Mali, elles sont les gardiennes de la diversité agricole et des savoirs traditionnels et paysans.

Légende : Maraîchage à Kolda, Sénégal. © Christophe Lebel

Et bien que les systèmes paysans - agricoles et sociaux - reposent en grande partie sur leurs savoirs qu’elles perpétuent, l’accès aux ressources et aux moyens de production leur est difficile (terres, financements, prêts, représentation dans les organisations de producteurs…). Trop souvent, les politiques agricoles ne soutiennent pas l’agriculture familiale et paysanne et le faible soutien aux femmes constitue bien une règle plutôt qu’une exception.

Il est important de reconnaître les contributions des femmes et de faire entendre leur voix lors des prises de décisions. Dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement, le troisième est d’atteindre l’égalité des sexes.
C’est en favorisant la reconnaissance du rôle des femmes, leur prise d’initiative et leur indépendance que l’objectif pourra être atteint. Selon l’ONU, si les femmes rurales bénéficiaient d’un accès égal aux ressources productives, les rendements agricoles s’en trouveraient augmentés, et on compterait de 100 à 150 millions de personnes en moins souffrant de la faim dans le monde.

Idée 2 : « L’agroécologie c’est une grande nouveauté »

Le terme agroécologie (fusion « d’agriculture » et « écologie ») a été utilisé pour la première fois dans les années 1930, en contestation au modèle dominant d’agriculture industrielle (utilisation intensive d’intrants, irrigation, mécanisation et sélection variétale...), qui commençait à montrer ses limites sur les plans agronomique, économique et social.
Depuis, la notion d’agroécologie a beaucoup évolué : on est passé de l’échelle de la parcelle à une échelle beaucoup plus large, dans une approche transdisciplinaire, incluant aussi les sciences sociales.

L’agroécologie base son approche notamment sur la complémentarité de certaines plantes, essentiellement par leurs échanges chimiques, permettant une économie en engrais et pesticides mais aussi en main d’œuvre. Ce qui permet d’augmenter la productivité d’un espace tout en préservant les ressources du sol.
L’agroécologie base aussi son approche sur une imitation de ce qui se passe dans la nature. Ces synergies naturelles ont pu être observées depuis bien longtemps et mises en pratique dans nombre d’agricultures vivrières ou de petites échelles. Par exemple, en Inde, on plante de la coriandre au milieu des autres plantes afin d’éloigner les pucerons.

Aujourd’hui, l’agroécologie n’est plus un champ de recherche : c’est un ensemble de pratiques agricoles et une préoccupation devenue mondiale, à l’origine de nombreuses mobilisations collectives. L’agroécologie est l’agriculture de demain, mais c’est aussi celle d’hier, puisqu’elle se base sur des savoirs élaborés depuis des générations et aujourd’hui menacés par la globalisation (soutien à l’agrobusiness au détriment des petits producteurs, menaces de la biopiraterie, etc.).

Que peut-on faire ?

Soutenir les organisations et les réseaux qui travaillent sur l’agriculture familiale en valorisant le travail des femmes :

S’informer des problématiques locales et défendre les droits des paysans en France :

S’impliquer dans les réseaux de plaidoyer locaux et internationaux :

Produire et consommer local :