Journée mondiale pour les droits des femmes : quelques pistes d’action

Zoom d’actualité

, par CEDIDELP , GERGAUD Sophie

A l’occasion du 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, cet article vous propose un petit panorama des ressources utiles et des pistes d’action créatives et alternatives.

Petit précis historique, linguistique et idéologique du 8 mars...

Si la légende veut que l’origine du 8 mars remonte à une manifestation d’ouvrières américaines du textile en 1857, cet événement n’a en réalité jamais eu lieu ! Comme le montre l’article El Día de las Mujeres de l’écrivaine péruvienne Linda Lema Tucker, la Journée internationale pour les droits des femmes n’est pas née d’un fait isolé mais est à situer dans un contexte historique et idéologique bien plus vaste et complexe, celui du mouvement socialiste féminin de la fin du XIXe siècle. Et c’est finalement lors de la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes, à Copenhague en août 1910, que sera prise, à l’initiative de Clara Zetkin, la décision de célébrer chaque année les droits des femmes (voir le site des Archives du féminisme).
 
Mais quel est le nom officiel de cette journée ? L’ONU francophone parle de « journée internationale de la femme », le gouvernement français de « journée des droits des femmes » et les militant(e)s de « journée de lutte pour les droits des femmes »… Dans tous les cas, sur le conseil de 8mars.info, évitons de dire « journée de la femme », qui est bien trop réducteur !
 
Et n’oublions pas que le 8 mars, c’est tous les jours parce que, comme le montre très bien l’article d’Ilka Oliva Corado, « Todos los días son 8 de Marzo, « tous les jours, le respect de nos droits humains nous est refusé. Parce qu’il y a encore des inégalités entre hommes et femmes. Des différences catastrophiques dans les droits du travail. Parce que dans la plupart des pays le droit à l’avortement nous est encore refusé et parce qu’on nous accuse de tuer et on nous menace de nous emprisonner quand on interrompt une grossesse ! ».

Quelques références essentielles pour la journée internationale des droits des femmes

  • A écouter

En décembre 2013, sur France Culture, l’émission Culturesmonde de Florian Delorme a consacré 4 épisodes aux femmes, dont le premier, « Des femmes d’influence », portait exclusivement sur la féminisation de la classe politique dans les pays d’Amérique latine. Y était interviewée, entre autres, Maria-Isabel Allende, la fille du président Salvador Allende, elle-même une figure de la vie politique chilienne, très engagée sur les questions de représentation des femmes en politique.
 

  • A lire

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’Insee a publié 18 indicateurs clés permettant de mesurer et de comparer les inégalités entre les femmes et les hommes dans les régions de France.
Le site 8mars.info propose quant à lui une biblio-sitographie essentielle, tandis que le Comité sur l’Amérique latine du Jura a traduit de nombreux articles issus des mouvements sociaux (Adital, Noticias, Rebelion, Alai) au Salvador, Mexique, Guatemala..., qu’il a réunis dans un dossier spécial « Femmes ».
 

  • A faire ! Des pistes pour agir

Tous les 5 ans depuis l’année 2000, la Marche mondiale des femmes veut rompre avec le patriarcat, le capitalisme et le racisme, trois systèmes d’oppression qui empêchent les femmes de contrôler leurs propres vies. Dans le monde entier, elles unissent leurs forces pour marcher ensemble avec l’objectif commun de construire un monde basé sur la paix, la justice, l’égalité, la liberté et la solidarité. Cette année, la 4e marche mondiale était placée sous le signe des luttes contre les violences faites aux femmes et ce, partout dans le monde. Bien que la marche soit symboliquement lancée le 8 mars, les mobilisations continuent tout au long de l’année. Le programme est régulièrement mis à jour sur le site officiel.
Le site 8mars.info donne de nombreuses pistes d’action à la fois innovantes, efficaces et cocasses, notamment cet appel à « girlcotter », version féminine du mot anglais « boycotter ». Il s’agit de refuser de consommer les produits ou services des marques qui offrent une image dégradante ou stéréotypée des femmes. En effet, depuis quelques années, la journée pour le droit des femmes est l’occasion d’opérations de communication qui détournent l’attention à leur profit, avec force stéréotypes réducteurs, transformant cette journée de lutte pour l’égalité, en grand shopping... Le girlcott est d’autant plus efficace qu’il est crié dans les médias et réseaux sociaux.

Le site officiel de la Grève Mondiale des Femmes propose quant à lui la grève comme outil pour lutter contre les conditions de travail indécentes touchant principalement les femmes et les filles qui effectuent 2/3 du travail mondial pour... 5 % du revenu mondial. En effet, la plupart du travail des femmes n’est pas salarié. En fait, la moitié de la population humaine se charge quasi bénévolement des soins essentiels à la survie de l’humanité et le travail des femmes dans le monde n’est pas reconnu, ni valorisé.
Enfin, les militants d’Osez le féminisme rappellent que, malgré quelques avancées, la situation des femmes a peu évolué et qu’elle reste fragile.