Gaza, Palestine : sanctionner l’État d’Israël

Zoom d’actualité

, par CIIP , GRUNWALD Catherine

Été meurtrier, la nouvelle offensive de l’armée israélienne laisse une fois de plus la bande de Gaza exsangue... Plus de 2000 morts, plus de 11000 blessés, des milliers de logements détruits et de personnes déplacées... En Israël et partout dans le monde, des voix critiquent et condamnent l’agression israélienne. Mais l’indignation ne suffit pas ! Pour isoler politiquement et économiquement l’État d’Israël, la société civile palestinienne appelle à amplifier la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) : le boycott, une réponse citoyenne et non-violente pour en finir avec l’impunité d’Israël...

Été 2014 : plus de 50 jours de guerre contre Gaza

Plus de 2000 morts, dans leur grande majorité des civils, des femmes, des enfants, plus de 11000 blessés, des milliers de logements détruits et de personnes déplacées, des écoles, hôpitaux, lieux de culte endommagés ou détruits... plus de cinquante jours (6 juillet-26 août 2014) de guerre qui laisse la bande de Gaza exsangue : à voir le tableau de l’attaque en chiffres ainsi que les images de ce qu’est devenue la bande de Gaza : "The Gaza War Map".

En Israël et partout dans le monde, des voix s’élèvent...

Stop war in Gaza
Image : artistsagainstapartheid.org

En France, en Europe et dans le monde, les populations ont manifesté, enjoignant la communauté internationale à réagir pour faire respecter le droit international et humanitaire. Deux exemples :

  • la pétition adressée à François Hol­lande, Pré­sident de la Répu­blique, et au gou­ver­nement français "Gaza, colo­ni­sation, crimes de guerre : des sanc­tions pour en finir avec l’impunité d’Israël"
  • la lettre ouverte condamnant le rôle du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, signée par 129 organisations internationales et palestiniennes.

Un cessez-le-feu, oui mais...

Palestiniens et Israéliens ont accepté un cessez-le-feu "illimité", le 26 août 2014.
Ce cessez-le-feu ne peut suffire seul comme l’expliquait déjà début août Raji Sourani, directeur du PHCR (Centre palestinien pour les droits humains), (traduit en français par Info-Palestine).
Preuve en est, la poursuite de la colonisation et de l’accaparement de terres : moins d’une semaine après avoir accepté un cessez-le-feu à Gaza, Israël a annoncé le 31 août sa décision de s’approprier 400 hectares de terres en Cisjordanie
Pire... ?! "Israël bloquerait l’aide destinée à la reconstruction de la bande de Gaza et ne laisserait passer que les matériaux de construction d’origine israélienne, favorisant ainsi son économie" (source Euractiv).

De fait, ce cessez-le-feu, s’il soulage dans un premier temps les populations bombardées, ne règle rien sur le fond, sur les revendications légitimes des Palestiniens de Gaza - levée du blocus terrestre et maritime, construction d’un port et d’un aéroport -, ni sur les revendications historiques du peuple palestinien - arrêt de la colonisation en Cisjordanie, destruction du mur d’apartheid déclaré illégal par la Cour Internationale de Justice, libération de tous les prisonniers politiques, garantie du droit au retour des réfugiés, reconnaissance pleine et entière du droit des Palestiniens à un État dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale...

Ces droits fondamentaux ne pourront être obtenus qu’en intensifiant la pression sur nos gouvernants, qui soutiennent ouvertement ou tacitement les violations du droit international commises par le pouvoir israélien, afin qu’eux-mêmes exercent une réelle et forte pression sur Israël, sur nos élus qui, pour la plupart, renvoient dos-à-dos les responsabilités du Hamas et d’Israël - l’occupé et l’occupant - dans cette guerre, voir la campagne de la Plateforme Palestine "Écrivez à votre député européen".

La société civile a les moyens d’agir, des campagnes sont en cours comme :

  • "Made in Illegality" lancée à Bruxelles en février dernier. La campagne est présentée dans une conversation avec Rabab Khairy, chargée de recherche et de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au CNCD-11.11.11. et Esti Micenmacher, militante israélienne anticolonialiste et membre du conseil d’administration de Who Profits, émission retransmise par le Mur a des Oreilles.
  • Palestine occupée - Dexia impliquée : Il est avéré que la filiale Dexia Israël finance des colonies dans les territoires occupés palestiniens. Dès lors, la responsabilité du groupe Dexia pour violation du droit international peut être engagée tout comme celle des États belge et français qui sont les principaux actionnaires de Dexia SA.
  • la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanction) qui commence à inquiéter sérieusement les autorités israéliennes, et qu’il faut intensifier en France mais aussi en Europe et dans le monde.

Le boycott, une réponse citoyenne et non-violente à l’impunité d’Israël

Dès 2005, la société civile palestinienne, suite à des dizaines d’années de lutte contre Israël et sa politique d’apartheid, lançait la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) dans laquelle les Palestiniens font appel aux citoyens du monde en leur demandant de boycotter tous les produits israéliens, mais aussi de pratiquer un boycott sportif, culturel et universitaire. Ils demandent également de faire pression sur les entreprises étrangères, notamment européennes, afin qu’elles arrêtent leur collaboration avec cet État criminel. Enfin, ils demandent de faire appliquer par nos États les sanctions qui auraient dû être appliquées depuis des dizaines d’années devant ce déni de droit intolérable.

"Boycott Israël"

"Le boycott fait ses preuves contre tous les apartheids". Effectivement selon Adnan Ramadan, un des co-fondateurs du mouvement, la campagne BDS ouvre des perspectives de changement politique dans le rapport de force entre Palestine et Israël.
Et BDS obtient des succès qui sont loin de n’être que symboliques comme l’écrit Michel (Mikado) Warschawski, de l’Alternative Information Center (AIC), exhortant déjà, en février 2014, les militants à redoubler d’efforts.

Suite à la nouvelle attaque israélienne, le Comité national palestinien du BDS, appelle plus que jamais à intensifier les pressions sur Israël.
Cet appel au boycott est soutenu par l’archevêque émérite sud-africain Desmond Tutu qui adresse au peuple israélien le plaidoyer suivant : "Libérez-vous en libérant la Palestine" (publié initialement en anglais par Haaretz)

Cette campagne fait peur à Israël comme l’explique Omar Barghouti dans le New York Times (traduit en français par le Grand Soir) et, de fait selon Helmi Moussa, journaliste palestinien, "Le boycott menace l’économie israélienne" - المقاطعة تهدد الاقتصاد الإسرائيلي traduit par Tlaxcala.

Pour agir concrètement

Le boycott des produits est le plus adapté aux consommateurs que nous sommes (plus ou moins) tous : voir la liste des principales entreprises israéliennes à boycotter en France. Pour une application au quotidien, le site "Faites les courses pas la guerre" révèle la liste des produits étiquetés "Israël" selon les enseignes.

Le Comité national palestinien du BDS (BNC) propose de cibler en urgence les 7 sociétés suivantes : Hewlett Packard (HP), Caterpillar, SodaStream, Elbit Systems, les banques israéliennes (dont Hapoalim et Leumi), G4S, Mekorot.

Et pour rester informé, les sites (en anglais) :