Mayotte, la fin d’un territoire d’exception ?

Une île au PIB cinq fois inférieur à la métropole

, par Bioforce

Malgré 170 ans de présence française, l’île peine à se développer économiquement et socialement et le milliard d’euros versé chaque année par la France semble dérisoire face à l’ampleur des progrès sociaux à réaliser. Les inégalités entre la métropole et l’île au Lagon sont nombreuses, comme le montrent les différences dans les dépenses d’éducation par élève qui sont deux fois moins élevées à Mayotte ou encore le taux de chômage qui dépasse les 60%. Pour une grande partie des politiques et des hauts fonctionnaires français, le problème de Mayotte serait dû à l’immigration massive. Mais ce cliché est à déconstruire. 92% des Mahorais vivent sous le seuil de pauvreté avec 290 euros par mois en moyenne alors que le coût de la vie y est trois fois plus élevé qu’en métropole. Les métropolitains gagnent, par ailleurs, en moyenne 5 fois plus que sur le continent. Un salarié mahorais travaille 4h réglementaires de plus que son équivalent en métropole et, non seulement le salaire minimum interprofessionnel est inférieur à celui de la métropole (le gouvernement s’est engagé à ramener le SMIG mensuel net mahorais au niveau du SMIC net mensuel national aux horizons du 1er janvier 2015), mais il subit également une plus forte pression sociale.

En 2011, un important mouvement social, « la révolte des mabawas », (c’est ainsi qu’on appelle à Mayotte, les ailes de poulet) a bloqué l’île pendant près de 45 jours sans que les médias métropolitains ne couvrent l’évènement. Cette crise avait pour origine la hausse des prix des produits de première nécessité comme le riz, le poulet et le gaz, alors que le pouvoir d’achat reste très faible. Les Mahorais exprimaient ainsi leur refus d’être considérés comme des « Français de seconde zone ».

La départementalisation explique en partie cette hausse des prix, les salaires étant poussés à la hausse pour égaler ceux de la métropole alors que l’économie de l’île et la production locale restent faibles et que les produits de première nécessité sont importés et chèrement taxés.

Une terre d’émigration due à la vie trop chère

La grande affluence de migrants, fortement médiatisée, ne peut cacher le fait que les départs de l’île sont plus importants et plus massifs que les arrivées sur l’ile. Le solde migratoire du département est négatif bien que la croissance démographique annuelle soit bien plus forte qu’en métropole (2,7% pour Mayotte et 0,5% pour la métropole), Depuis 2002, environ un cinquième des habitants de l’île aurait migré, principalement des jeunes partis étudier à l’étranger et ne revenant pas chez eux et des familles mahoraises cherchant une vie meilleure ailleurs. Ce phénomène traduit un fort malaise. Il montre, qu’une grande partie de la population ne fait plus confiance en ses politiques locaux pour améliorer le sort des Mahorais.