Deux idées reçues sur le commerce équitable

, par FADM , Agenda de la Solidarité Internationale

Chaque mois, l’Agenda solidaire 2014 décortique deux idées reçues sur une thématique de solidarité internationale. Au mois de mai, la Quinzaine du commerce équitable rappelle l’importance de consommer responsable. L’occasion de revenir sur deux idées reçues tenaces sur ce sujet...

Retrouvez 24 idées reçues démontées sur la solidarité internationale dans l’Agenda solidaire 2014 !

« Idéalement, je vois à l’avenir coexister deux grands systèmes alimentaires : d’un côté un système de chaîne d’approvisionnement mondialisée, où le commerce équitable doit devenir la règle, et de l’autre, des systèmes agroalimentaires locaux. Cela me parait être la voie à suivre », Olivier de Schutter, rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation, Altermondes – mai 2013.

Photo : N’Dem, partenaire de commerce équitable, Sénégal. © David Erhart

« On ne peut pas consommer équitable en temps de crise économique »

Dans une économie libéralisée où le commerce est guidé par le profit à court terme et la recherche permanente du bas prix, le commerce équitable, qui vise à rémunérer correctement les producteurs et à soutenir des méthodes de production respectueuses des Hommes et de l’environnement, fait figure d’exception. Car le commerce équitable se traduit alors par un prix plus élevé (par rapports aux produits « normaux ») . Cela qui peut être un frein pour les consommateurs en temps de crise, mais qui devrait pourtant être la règle : payer dignement les producteurs, respecter le droit des travailleurs, soutenir des pratiques préservant l’environnement et la santé des hommes, etc. Ce sont justement les pratiques allant à l’inverse de ces principes, imposées par les lois du néolibéralisme qui ont érigé en vertus le bas-prix, le moins disant social et la compétition exacerbée entre les travailleurs du monde entier qui nous ont conduits vers la crise. C’est précisément pour ces raisons que la consommation équitable est indispensable en temps de crise ! Il est plus que jamais nécessaire de se tourner vers des alternatives qui mettent l’humain et le respect des droits (sociaux, environnementaux, culturels et économiques) au cœur des objectifs du commerce.
Enfin, le commerce équitable n’est pas seulement un acte de solidarité vers les pays du sud, c’est aussi une façon d’affirmer notre volonté de construire une société plus juste et responsable à l’échelle planétaire, au sud comme au nord. Au-delà de la consommation, un comportement citoyen peut soutenir des démarches d’interpellation politique de nos dirigeants, démultiplier les actions d’éducation pour faire connaitre ces alternatives, et se faire l’écho, auprès des concitoyens, de la nécessaire transition de nos modes de consommation et de développement… Cela ne passe pas seulement par le commerce équitable mais aussi par une veille sur tous les actes de consommation. Aux logiques de la concurrence, de la compétitivité, de la surconsommation, nous devons opposer les valeurs et les pratiques de solidarité, en consommant équitable, local, solidaire et responsable.

« Ce n’est pas responsable de consommer des produits qui proviennent de l’autre bout du monde »

C’est encore moins « responsable » de consommer des produits qui viennent du bout du monde et qui ne respectent pas les droits humains et l’environnement… L’impact environnemental et la distance parcourue par les produits sont des préoccupations importantes. Cependant, l’équation « production lointaine = pollution » n’est pas si simple car il existe de nombreux autres facteurs qui entrent en jeu. Dans le cas du commerce équitable, une filière agricole Nord-Sud peut avoir moins d’impact écologique qu’une filière européenne. Pourquoi ? D’abord, parce que les modes de production auxquels il recourt (agriculture biologique, agro-écologie) utilisent moins d’intrants chimiques, de pesticides et de pétrole (tracteurs) que les pratiques de l’agriculture européenne intensive et contribuent à préserver la biodiversité. Ensuite, parce que des études montrent que ce sont les emballages et les transports routiers qui ont les impacts les plus négatifs sur l’environnement. Or, les produits équitables sont généralement exportés par conteneurs maritimes, un mode de transport qui pèse moins de 3 % des gaz à effet de serre générés par la production d’un paquet de riz, par exemple. Bien sûr, cet avantage tend à disparaître si on le compare à une production locale agro-écologique.
Consommer des produits équitables du Sud est aussi un choix qui entend répondre à d’autres dimensions de la consommation responsable… en engageant, par exemple, sa responsabilité de consommateur sur des critères de respect des droits humains, de dignité au travail, de salaire juste, et de respect de l’environnement.
Consommations locale et consommation équitable travaillent donc de concert pour garantir aux producteurs du Sud et du Nord des conditions de travail décentes et aux consommateurs du Sud et du Nord, des produits sains et de qualité.

Que peut-on faire ?

- Augmenter la part de produits équitables, locaux, issus de l’agriculture paysanne et biologique dans sa consommation quotidienne
www.artisansdumonde.org
www.maxhavelaarfrance.org
www.ethiquable.coop

- Signer des campagnes en faveur d’un commerce mondial plus juste
www.artisansdumonde.org

- Inciter sa collectivité ou les entreprises de sa région à devenir territoire de commerce équitable
www.territoires-ce.fr

- Financer les acteurs du commerce équitable
www.oikocredit.org

- Participer à des actions de sensibilisation, telles que la Quinzaine du Commerce équitable ou la Fair Pride (carnaval éthique et solidaire)
www.quinzaine-commerce-equitable.fr
www.fairpride.fr