Nicaragua : un « sandinisme » de compromis

Introduction

, par CDATM

Petit pays d’Amérique centrale, le Nicaragua, indépendant depuis le XIXème siècle, a connu au XXème siècle la longue période de dictature de la « dynastie Somoza » suivie, en 1979, du gouvernement sandiniste, qui dut faire face à la rébellion meurtrière des contre-révolutionnaires (les « contras »), soutenue par les Etats-Unis.

Managua, 2010, la campagne de Daniel Ortega.
Photo de Adalberto H Vega

Ce premier gouvernement du FSLN (Front sandiniste de libération nationale) a été marqué par l’abolition de la peine de mort, une campagne d’alphabétisation, une priorité donnée à l’enseignement et à des programmes de santé primaire ; une réforme agraire a été engagée et une Constitution démocratique votée en 1987. Cette période « révolutionnaire » se caractérise par deux aspects essentiels : la participation des chrétiens au mouvement révolutionnaire et le respect de la Constitution et du résultat des élections qui, en 1990, assurent la victoire de Violeta Chamorro, au détriment de Daniel Ortega. Après la « réconciliation nationale » et seize ans de gouvernements de tendance néolibérale, Daniel Ortega est élu à la présidence en 2006 et il est réélu fin 2011. Néanmoins, ce n’est pas le sandinisme qui s’installe au pouvoir car, pour assurer son élection, Daniel Ortega a fait beaucoup de concessions aux forces conservatrices et cette présidence est bien éloignée du sandinisme révolutionnaire. Notamment, comme les Présidents qui l’ont précédé, il n’a pas pris les dispositions d’application qui permettraient de rendre effectif le statut d’autonomie accordé aux Misquitos dans la Constitution de 1987.

Après des siècles de dominance économique, d’ingérence politique et d’interventions des Etats-Unis, c’est un double objectif qui guide Daniel Ortega en accédant à la présidence du Nicaragua :

  • assurer à ce petit morceau du continent américain l’indépendance vis-à-vis du "grand voisin du nord"
  • sortir le pays de la pauvreté et de ses conséquences (faible scolarité, mauvais état sanitaire, grandes inégalités sociales), c’est-à-dire donner à la population la possibilité d’accéder aux droits humains de base, économiques, sociaux et culturels.