L’écologie industrielle, des alternatives à l’économie dominante

Introduction

L’écologie industrielle remue de fond en comble la pensée et les pratiques économiques dominantes

, par LaRevueDurable

L’écologie industrielle est parfois montrée du doigt comme étant la dernière trouvaille du capitalisme pour donner le change écologique, pour brouiller les pistes afin de mieux étendre son emprise à la surface de la Terre. Cette critique n’est pas sans fondement. Mais les articles de ce dossier prouvent qu’une authentique écologie industrielle met par terre la pensée et les pratiques économiques dominantes. Pour au moins trois raisons fondamentales.

Les limites plutôt que la croissance

Partout, les politiques économiques se concentrent sur le soutien et la relance de la croissance. Or, cette croissance ne flotte pas dans les sphères éthérées de la pure théorie. Elle s’appuie sur une consommation de masse dévoreuse de matières et d’énergie. Cette assise matérielle a des conséquences très visibles, par exemple le bétonnage accéléré des sols et la profusion de déchets. Mais seule une comptabilité physique en bonne et due forme peut permettre de prendre la pleine mesure de la dépendance d’une économie à l’égard de la matière.

En imposant cette comptabilité pour pouvoir être mise en œuvre, l’écologie industrielle est une sérieuse invitation à envisager l’économie autrement que via la poursuite infinie de sa croissance [1].

La coopération plutôt que la concurrence

L’avènement de l’économie néoclassique à la fin du XIXe siècle a peu à peu détaché la sphère économique de tout ce qui la reliait à son contexte humain et écologique. Cette évolution a facilité l’épanouissement d’une économie qui conçoit les humains comme des agents autonomes, qui n’interagissent que par le seul jeu de l’intérêt personnel. Avec pour conséquence le culte de l’individualisme et de la concurrence instituée en dogme.

Tout écologue sait cependant que la nature ne se résume pas à des relations entre des prédateurs et des proies ou entre des rivaux luttant à mort pour une niche écologique. Les écosystèmes sont remplis de relations d’interdépendances, d’assemblages symbiotiques, de stratégies de coopération et d’ententes mutuelles.

De même, l’écologie industrielle suppose une intense recherche de « synergies » entre entreprises et citoyens pour optimiser leur gestion des ressources : c’est le cas au Royaume-Uni et dans les projets de symbioses industrielles de Genève, de l’Aube et de Grande-Synthe, dans la mutualisation des infrastructures entre une entreprise et les pouvoirs publics comme au bord du Léman, à Genève.

Boucler les cycles et relocaliser

Une majorité d’économistes juge que le libre-échange ne doit souffrir d’aucune entrave à son essor. Pour pouvoir économiser des ressources chaque jour plus rares et plus précieuses, l’écologie industrielle incite au contraire à ré-ancrer l’économie sur son territoire. La principale clef pour y parvenir consiste à utiliser en boucle le substrat matériel de l’économie, à l’instar des écosystèmes naturels [2].

La relocalisation
Claire Robert

Ce dossier a été réalisé à partir d’articles parus dans plusieurs numéros de LaRevueDurable, en particulier son édition consacré à l’écologie industrielle [3].

Depuis 2002, LaRevueDurable s’applique, en toute indépendance, à montrer comment favoriser des pratiques durables dans tous les secteurs : énergie, aménagement du territoire, habitat, mobilité, agriculture, consommation, etc. Sa mission : donner les moyens et l’envie de comprendre et d’agir sur tous les enjeux de la durabilité grâce à une information rigoureuse et indépendante. Elle paraît quatre fois par an.