Énergie et eau : un modèle énergétique alternatif pour l’Équateur

Équateur, de retour aux pannes de courant

Par Alberto Acosta

, par EcoPortal

En novembre 2009, une nouvelle période de restrictions d’énergie a débuté sans que personne ne s’y attende. Ce type de problèmes semblait faire partie du passé. Cependant, le pays à dû faire face à un déficit d’électricité d’environ 4 000 mégawatts par heure. Cette situation compliquée a eu un impact sur l’évolution de l’économie nationale. En fait, ces restrictions, ainsi que cet impact sur la production, ont entraîné la révision des estimations de la croissance du PIB [1].

Cet étonnement apparent aurait pu facilement être anticipé. Avec une constante augmentation de la demande et une offre presque rigide, l’avènement d’une nouvelle crise du sous-secteur de l’électricité était prévisible. Sans action corrective opportune, les restrictions n’étaient plus qu’une question de temps. Le déclencheur a été une période rigoureuse de sécheresse qui a touché l’Équateur mais également d’autres États d’Amérique Latine. Le sud du pays a particulièrement été affecté.

Cette sécheresse, qui a débuté de manière intense en août 2009, a réduit le débit de la rivière Paute, principal affluent du barrage Daniel Palacios, de 60 % (passant des 70 m3 habituels à 27 m3 et encore moins par la suite). La côte a alors atteint les 1 968,08 mètres au-dessus du niveau de la mer, le plus bas de ces dernières années. Cette situation a provoqué des restrictions qui ont paralysé la production, augmenté les achats de générateurs d’énergie thermique ainsi que d’essence, en énormes quantités, et entraîné de coûteuses importations d’électricité depuis la Colombie jusqu’au Pérou. Elle était d’autant plus grave que les quantités d’électricité importées depuis l’international n’étaient pas suffisantes par rapport à la demande de l’Équateur, puisque les pays voisins ne vendaient que leurs excédents.

Rappelons également que cette période de restrictions n’est pas la première en Équateur. Des épisodes similaires ont eu lieu en 1992, 1995, 1996 et 1997. Le plus préoccupant dans cette situation est que, en connaissance des risques imminents et après proposition au moment opportun de solutions à court, moyen et long termes, les précautions adéquates n’ont pas été prises.

Afin d’expliquer ce qui s’est passé, il faut surtout souligner tous les problèmes structurels existant. La production d’électricité, surtout affectée par une série d’aberrations propres à une vision privatisée des années antérieures, comporte de profondes anomalies. Le pays possède un énorme potentiel hydroénergétique ainsi que de nombreuses sources alternatives d’énergie. Cependant, ce dernier n’est pas exploité par manque d’investissement politique mais également financier.

Dans ces conditions, le poids exagéré de la production d’énergie thermique s’est alourdi alors que les installations ne devraient fonctionner qu’en complément des énergies hydrauliques durant les périodes de sécheresse ou pendant les heures de pic de consommation. Leur fonctionnement continu, excepté dans le cas d’une centrale performante qui utilise le gaz naturel, entraîne de nombreuses conséquences synonymes d’énormes coûts économiques, sociaux, environnementaux et, fondamentalement, d’une instabilité de l’approvisionnement continu en électricité.

Notes

[1Initialement, les chiffres officiels évaluaient la croissance à plus de 2 % ; ils furent ensuite recalculés à 1 %, puis à 0,41 % dans le Budget Pro-forma de 2010. Au final, la croissance est restée à 0,36 %, en conséquence des restrictions d’énergie. Le gouvernement estime que ces restrictions, qui ont affecté le pays pendant 46 jours, ont provoqué des pertes estimées à 280 millions de dollars (environ 213 millions d’euros). D’un autre côté, selon des estimations publiées par la Chambre de commerce de Quito, ces pertes pourraient avoir atteint les 550 millions de dollars (environ 418 millions d’euros).