Madagascar : La lente et difficile construction démocratique

Introduction

, par CRIDEV

Madagascar, la Grande Ile, ferait rarement l’actualité si elle n’était pas régulièrement frappée par des cyclones dévastateurs ou les invasions de criquets.

Dans un des pays les plus pauvres du monde, ces calamités naturelles n’améliorent pas la vie quotidienne des Malgaches qui vivent encore majoritairement dans une économie de subsistance. L’arrivée au pouvoir en 2002, à la suite d’une très grave crise politique, d’un président – chef d’entreprise, Marc Ravalomanana, n’apporta pas d’améliorations notables pour les Malgaches.

Au contraire suite à la contestation populaire et à la mutinerie de l’armée, le président RAvalomanana sera destitué et remplacé par Andry Rajoelina à la tête d’une haute autorité de transition(HAT).

Une situation économique et sociale délicate

La crise politique a des graves conséquences économiques et sociales (chômage elevé, pauvreté) ; la croissance, qui était positive ces dernières années, a chuté de 5% en 2009.
La diminution de la demande des produits d’exportation malgaches (vanille, clous de girofle, café et crevettes) impacte les ressources de l’Etat, le tourisme a aussi subi des pertes importantes de fréquentations, réduisant l’apport de devises, enfin, l’aide extérieure a également été gelée.
L’Etat n’a donc plus les moyens pour soutenir les investissements économiques et sociaux nécessaires au développement des réseaux d’infrastructures (transport, energie, etc..) qui restent très faibles. Les taux d’accès à l’eau potable et à l’assainissement sont respectivement seulement de 45% et 12 %.

Près de 70% des malgaches vivent au dessous du seuil de pauvreté, l’insécurité alimentaire est forte notamment au sud où elle touche près d’un million de personnes. Et pourtant Madagascar a d’importantes potentialités agricoles.

L’instabilité étatique a permis l’explosion de l’exploitation illégale des bois, de la faune et de la flore, menaçant gravement la biodiversité de l’ile ; la forêt, en particulier, qui couvrait 11 millions d’hectares en 1990 n’a plus que 9 millions d’hectares aujourd’hui.

Les grands projets de location de terres à des compagnies étrangères ont été abandonnés devant la mobilisation de la société civile. ces mobilisations contre les projets d’accaparement des terres ont même provoqué la chute de Ravalomanana .Il reste néanmoins des projets qui représentent 150 000 hectares (soit 20 fois moins que les annonces initiales) et qui visent essentiellement la production d’agrocarburants.
Pour 2011, les prévisions de croissance économique sont à la hausse mais tant que le pays n’aura pas trouvé une stabilité institutionnelle, il sera très difficile d’enclencher un processus de développement économique et social.
Madagascar est aujourd’hui au bord de l’explosion sociale.

Depuis le pays est plongé dans une situation d’instabilité politique où s’affrontent plusieurs mouvements politiques pour l’accès au pouvoir.

La société civile, même si elle aussi morcelée et divisée, reste très active dans la médiation pour trouver un cadre politique qui convienne à tous les acteurs.

Les tentatives de médiation internationales et nationales pour enclencher un processus de paix et de sortie de crise ont à nouveau échoué en 2010, alors que la population s’appauvrit et que les structures de l’Etat se délitent.