Réseaux d’échanges réciproques de savoirs (RERS)

« En 1971, à Orly, le premier RERS naît de la volonté d’un couple, Claire et Marc Heber-Suffrin. Le dispositif pédagogique est simple et révolutionnaire, il fait vivre une utopie éducative et sociale : tout le monde est capable d’apprendre et d’enseigner, nous pouvons apprendre de tous par tous. La seule monnaie qui circule est le savoir : nul troc, nul rapport d’argent ou de services dans les échanges. C’est le désir et le besoin qu’en ont l’offreur et le demandeur qui déterminent la valeur du savoir. Une condition toutefois, simple et décisive : chacun en est à la fois offreur et demandeur. La réciprocité anime l’esprit des échanges, lors desquels les participants construisent eux-mêmes leur méthode et la pédagogie à mettre en œuvre [1] ».
« [...] Selon C. Héber-Suffrin, ces réseaux sont une école de citoyenneté et de démocratie : ils reposent sur des principes tels que la pluralité (des personnes, des savoirs échangés et des modalités d’échange), la parité dans les relations (chacun est à la fois savant et ignorant, et il n’y a pas de savoirs " supérieurs " à d’autres), la liberté (à l’intérieur du principe de réciprocité), la dynamique d’ouverture et le sens de la responsabilité. Enfin, ils créent de la fierté individuelle et collective [2] ».

Définition développée

« [...] Lors d’une classe de découverte dans un village de montagne, deux d’entre eux [des élèves d’une classe, ndlr] viennent lui dire qu’ils ont rencontré un monsieur qui accepte de leur montrer comment traire les vaches ; quelques jours après, la moitié des élèves sont dispersés dans le village pour apprendre à traire les vaches, à construire un chalet, etc. Ces enfants manifestent un vrai désir d’apprendre - à condition qu’apprendre signifie " faire avec ", " vivre de l’intérieur " ; de leur côté, les villageois ont été heureux de faire découvrir leurs savoir-faire.
C’est à partir de ce type d’expérience où C. Héber-Suffrin a découvert le double désir qui est en chacun de nous, de découvrir de l’intérieur, concrètement, ce que fait l’autre, mais aussi de montrer ce qu’il sait faire, qu’elle a fondé ses premiers réseaux d’échange de savoirs, à Orly d’abord, puis à Evry. Aujourd’hui, son association compte près de 600 réseaux, impliquant de l’ordre de 100. 000 personnes, implantés dans les villes, les quartiers et les cantons ruraux, mais aussi dans des cadres plus spécifiques (écoles, prisons) ; ces réseaux se développent également à l’étranger, en Europe, au Brésil, en Uruguay, en Cote d’Ivoire...
[...] Les savoirs échangés sont extrêmement divers (cuisine antillaise, broderie, philosophie, informatique, soudure...) ; certains nécessitent quelques heures d’apprentissage, d’autres des séances régulières pendant une ou plusieurs années. Les séances se déroulent le plus souvent chez les participants, mais des locaux sont parfois prêtés par une association partenaire, lorsqu’un groupe se constitue autour d’un apprentissage.
[...] Certains, cependant, sont tellement habitués à être simplement demandeurs qu’il leur faut du temps et de l’aide de la part des animateurs du réseau pour découvrir les savoirs dont il sont porteurs - sachant que le réseau ne fonctionne que dans la réciprocité : on ne peut apprendre que si l’on accepte, par ailleurs, d’enseigner quelque chose. Mais quelle fierté lorsqu’une personne découvre tous les savoirs dont elle est porteuse et parvient à les communiquer à d’autres !
Pour se mettre d’accord sur le contenu, le niveau, le rythme et la méthode d’apprentissage, l’offreur et le demandeur bénéficient systématiquement de l’appui et de l’aide d’un " médiateur ", qui participe aussi au suivi et à l’évaluation de l’échange ; il aide également les participants, en cas de difficulté ou d’échec, à en tirer malgré tout le meilleur parti.
 [3] ».

Historique de la définition et de sa diffusion

« Elle [Claire Heber Sufrin] est alors devenue la fondatrice d’un mouvement éducatif, social et culturel. Ce mouvement est devenue une institution reconnue dans la sphère de l’éducation en 1987 avec la création du MRERS. Le mouvement est devenu international en 1991. Plus de 700 réseaux sont aujourd’hui actifs dans le monde. Ils rassemblent aujourd’hui plus de 100 mille personnes en Europe (France, Espagne, Belgique, Suisse...), en Afrique, en Amérique du Nord (Québec-Canada) et en Amérique latine. Bien que les lieux qui disposent de réseaux d’échanges de savoirs ne sont pas tous attachés au réseau.
Les fondations théoriques du mouvement sont à retrouver dans les travaux de Célestin Freinet et inspiré de Paulo Freire et de l’Éducation populaire [...] mais aussi les concepts de Société apprenante d’Ivan Illich [(...) et une tardive] inspiration provient du travail d’Edgar Morin sur les systèmes vivants complexes [4] ».
Même si Wikipedia précise « De 1987 à 2009, les réseaux français s’étaient constitués en association nationale appelée MRERS : Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs. Ce mouvement s’est fermé en 2009. Le mouvement français des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs s’appelle maintenant FORESCO : FOrmation Réciproque, Echanges de Savoirs et Création COllective [5] ».

Utilisations et citations

« Le simple désir pédagogique d’éveiller l’esprit des enfants a conduit à une aventure/ouverture. Ouvrir l’école, s’ouvrir soi-même, ouvrir l’autre… En offrant satisfaction à la curiosité naturelle des enfants [6] ».