Le commerce équitable Sud-Sud

, par CDTM de Paris

Commerce équitable local

Jusqu’à un temps récent, le commerce équitable était pensé dans une dimension Sud-Nord. Au cours de cette dernière décennie, un commerce équitable Sud-Sud voit le jour. Plusieurs facteurs favorisent ce mouvement : d’une part certains groupes de producteurs désirent prendre plus d’indépendance vis-à-vis des organisations de commerce équitable du Nord, de réduire les contraintes de l’exportation, de compléter les débouchés de leurs produits par une vente locale, d’éviter les transports de longue durée en raison des nuisances écologiques,... Par ailleurs, une classe moyenne, avec un meilleur pouvoir d’achat, émerge dans certaines régions et devient plus exigeante sur la qualité technique et sociale des produits qu’elle achète. Les touristes, dans les zones concernées, sont eux-mêmes sensibles aux produits locaux socialement et écologiquement certifiés.

Ce développement se fait souvent en lien avec d’autres mouvements populaires – comme en Amérique latine - travaillant dans l’économie sociale et solidaire. Il se fait avec ou sans l’aide des pouvoirs publics. On peut citer 3 cas bien différents :

  • Le Mexique qui est le premier pays qui a créé son propre réseau interne de commerce équitable. Les trois structures de Comercio Justo Mexico permettent de commercialiser, labelliser et informer les Mexicains de la démarche du commerce équitable.
  • Le Brésil où le gouvernement s’est impliqué dans l’instauration d’une politique intérieure de promotion de commerce équitable et en a fait même un élément de politique sociale. En novembre 2010, une loi a promulgué ce soutien et prévoit la création d’un système brésilien de commerce équitable et solidaire.
  • Au Sénégal, l’ONG ENDA élabore un système local de certification et cherche à véhiculer une vision africaine du commerce équitable.

Mais bien d’autres pays du Sud (Inde, Afrique du Sud, Vietnam, Philippines, Pérou, Bolivie,…) évoluent vers l’instauration d’un commerce équitable local. Des plate-formes régionales ou nationales se constituent pour consolider ce type de commerce et accroître les débouchés locaux (Sénégal, Mexique, Brésil, Pérou, Inde,…).

Pour s’adapter aux différences régionales, le WFTO (ex-IFAT), organisation mondiale du commerce équitable, a créé des forum régionaux : IFAT-LA (http://www.wfto-la.org/) pour l’Amérique latine, COFTA pour l’Afrique (http://www.cofta.org/fr/fr/index.asp) et AFTF pour l’Asie (http://www.wfto-asia.com/) ainsi que des antennes dans certains pays.

Dans cette mouvance d’adaptation au local, certains revendiquent un commerce équitable Nord-Nord en y faisant participer producteurs, artisans et distributeurs qui en suivent les principes. Les membres du collectif Minga ont toujours milité dans ce sens. Et depuis 2011, la PME, Altereco, commercialise sur son site des produits bio et équitables en provenance de la Charente. Cependant, il faut remarquer que les producteurs du Nord, même en situation très difficile, bénéficient de protections sociales et de formations qui n’existent pas pour les producteurs du Sud.