Solidarité avec la Palestine

Bansky et des militants brésiliens se rendent à Gaza

, par Rédaction

L’artiste de rue britannique Bansky a réussi à rentrer à Gaza en début d’année 2015 et a produit une série d’œuvres pour attirer l’attention sur la situation à Gaza : « si on se lave les mains du conflit entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui n’en ont pas, on est du côté du pouvoir – on n’est pas neutre », explique Bansky. Plus d’informations sur le site de l’Agence Média Palestine.

Autre solidarité, autre pays... Suite au Forum social mondial qui s’est terminé à Tunis fin mars, une délégation composée des mouvements sociaux, syndicats et ONG brésiliens ont essayé d’entrer à Gaza. Ci-dessous le récit de la mission [1].

Mission Gaza

La Palestine est une prison et Gaza une cage de haute sécurité. Mercredi dernier, la délégation brésilienne fut obligée de se soumettre au contrôle israélien, bien que se rendant en Cisjordanie, territoire palestinien occupé. L’atmosphère oppressive du service des frontières d’Israël délivrant les autorisations d’entrée pour les immigrés et les visiteurs venant d’Amman en Jordanie, se manifesta rapidement. Le groupe s’apprêtait à rencontrer l’ambassadeur Paulo França, représentant du Brésil auprès de l’État de Palestine. En signe d’hostilité, il fut ostensiblement amputé de deux de ses membres par la police israélienne qui leur interdit l’entrée en Palestine car ils avaient des prénoms d’origine arabe : Soraya Misleh et Mohamad El Kadri. La Mission Humanitaire pour la Palestine est composée de membres du Conseil International du Forum Social Mondial et d’organisations brésiliennes.

Elle avait la tâche de concrétiser la décision approuvée en 2014 par le Conseil, lors d’une réunion à Hammamet en Tunisie : celle de manifester sa solidarité au peuple palestinien, spécialement dans la Bande de Gaza mise en pièces par les bombardements de 2014. Le face à face avec les forces de sécurité du gouvernement d’Israël débuta à 16 h, lors de la présentation des quinze passeports de la délégation. Après quelques paroles échangées avec les policiers de l’immigration qui se rendirent à peine compte de l’origine brésilienne du groupe, les 15 membres de la délégation furent installés sur des chaises d’aluminium peu confortables. Une attente de presque cinq heures, sans explication, leur fut infligée.

Un policier venait de temps en temps poser des questions sur l’identité des Brésiliens portant des prénoms arabes, mettant en évidence que le moindre soupçon de lien familial avec la population palestinienne ne serait pas toléré. La sensation d’être surveillés et l’injonction d’attendre inutilement, alors qu’il y avait peu de mouvement au service d’immigration cet après-midi là, ramena immédiatement à la mémoire de la délégation l’époque de la dictature au Brésil, avec ses préoccupations quant à nos compagnons qui seraient probablement retenus à la frontière. Pour marquer sa solidarité et son indignation par rapport à la façon dont il était reçu, le groupe a entonné plusieurs chansons, faisant clairement allusion au service d’immigration. L’une d’elles : « La ballade du pécheur » fut chantée en solidarité avec les membres [de la délégation] dont les passeports passaient d’un policier à l’autre au cours des interrogatoires.

Une autre chanson contribua à maintenir le moral et la bonne humeur du groupe et à stimuler la conviction que la résistance palestinienne et la solidarité internationale ne cesseront pas avant que l’occupation [des territoires] prenne fin. Entre les murs froids du service de contrôle des passeports, le groupe des Brésiliens fit résonner en chœur la chanson de Chico Buarque de Holanda qui, en d’autres temps, envoyait des messages de résistance aux généraux brésiliens : « Malgré vous, demain sera un autre jour ». Au retour pour Amman de Soraya Misleh et Mohamad Kadri, on se quitta chaleureusement et fut réaffirmé l’engagement de la Mission Humanitaire d’écouter et de rapporter le message du peuple palestinien qui vit assiégé par Israël. L’objectif de la Mission est d’arriver à Gaza bien que des allées et venues soient nécessaires avant de réaliser la traversée vers le territoire isolé. En ce moment, Gaza est entouré de tous côtés par des frontières énergiquement bloquées par Israël, même celle avec l’Égypte. L’entrée ou la sortie ont été interrompues ainsi que la fourniture de produits essentiels à la vie dans le territoire dévasté. Les matériaux de construction, les médicaments et de nombreux produits alimentaires n’arrivent pas à Gaza. Les tunnels qui permettaient de percer le siège et d’approvisionner la population ont été détruits.

Gaza s’est transformé en une prison de haute sécurité. Ici n’entre ou ne sort que celui qui a une autorisation d’Israël. En Cisjordanie, le cours de la vie est interrompu à tout moment par les check-points obligeant les travailleurs à perdre des heures pour arriver sur leur lieu de travail et les enfants à subir des fouilles policières pour aller à l’école. C’est ce que la Mission Humanitaire va vérifier pendant les jours à venir. Entre le poste frontière et Ramallah où, dès son arrivée, le groupe s’est installé pour la première nuit, on peut déjà témoigner des humiliations et des préjudices quotidiens auxquels sont soumis les Palestiniens. Dans la file d’attente d’un des nombreux check-points d’Israël, sur la route n° 90, on a observé des kilomètres et des kilomètres d’embouteillage, une circulation totalement arrêtée, sans possibilité de faire demi-tour. Il n’a pas été possible de savoir si ces personnes étaient arrivées à destination le soir même ou si elles durent attendre la lente vérification des documents auto par auto, jusqu’au matin suivant. Palestine occupée, 1 avril 2015.