L’agroécologie est-elle une alternative crédible à l’agriculture productiviste ?

Sampiéri, un exemple d’agroécologie tropicale au Sahel

, par Loos N'Gourma

Village de l’est du Burkina Faso, Sampiéri est soutenu depuis trente ans par une association de solidarité internationale. Situé en pleine zone sahélienne, ce village ne connaissait aucun essor économique du fait notamment d’une agriculture insuffisamment adaptée et tributaire des conditions climatiques et environnementales (sécheresse récurrente, faible pluviométrie, désertification progressive). C’est de ce constat qu’est née son adhésion à l’agroécologie.

Une première expérience de reboisement avait été menée en 2002 par la création de pépinières et de haies, expérience menée par les groupements villageois avec l’appui de l’association Loos N’Gourma.

La découverte des expériences agroécologiques menées au Burkina Faso par Pierre Rabhi a ensuite incité les paysans à étudier l’agroécologie. En 2004, trois paysans ont reçu une première formation aux techniques agroécologiques à Kamboincé auprès de l’Avapas (Association de vulgarisation et d’appui aux paysans agroécologistes au Sahel). A leur retour, ils ont mis en application ces enseignements sur un champ pilote. L’amélioration des rendements, observée par tous les paysans du village, en a incité un grand nombre à rejoindre ce programme et des formations locales ont été mises en place.

Centrées sur l’évaluation des besoins et des moyens par les paysans eux-mêmes, les formations de l’Avapas ont immédiatement rencontré un grand succès. Leur contenu va de la gestion des eaux (construction de diguettes) à la tenue d’un compte d’exploitation et aux activités secondaires destinées à occuper la saison sèche en passant par le compostage et le zaï (méthode traditionnelle de culture en poquets permettant de concentrer le compost, l’eau et les graines à l’abri de la sécheresse). Lors de ces formations la question de l’arrivée, parfois frauduleuse, de produits phytosanitaires sur les marchés de la région a été soulevée. Les paysans ont refusé leur utilisation pour préserver leur environnement, leur indépendance et leur santé.

Un centre de formation local a été créé en 2008 avec trois formateurs endogènes. Parallèlement, des programmes de microcrédits ont été mis en place pour permettre aux paysans de passer à la culture attelée en faisant l’acquisition d’un âne et d’une charrue.

Les résultats positifs obtenus par les méthodes agroécologiques ont par la suite intéressé les villages voisins. Ce sont désormais les paysans de plus de trente villages qui pratiquent l’agroécologie, avec désormais six formateurs endogènes qui accompagnent les paysans.

Il est difficile de donner un résultat chiffré exact de l’agroécologie sur les rendements, néanmoins certains parlent de rendements doublés, voire triplés grâce à ces méthodes. Une étude est actuellement menée en partenariat avec l’Université d’Orléans dans le cadre du programme Biosol étudiant plus précisément les impacts de l’agroécologie en termes agronomiques et sociaux.

Signe encourageant : alors que les récoltes de l’année 2011 au Sahel ont été réduites par suite d’une pluviométrie insuffisante, celles des paysans agroécologistes ont été correctes.