Refaçonner Internet pour les femmes

, par Association pour le progrès des communications (APC) , FASCENDINI Flavia

Un entretien avec des Wikimujeres [WikiFemmes en Amérique latine] sur la manière de modifier Internet pour en faire réellement notre propre outil, qui soit à l’usage de nous tout.e.s.

Lors du Forum international de l’AWID en septembre 2016, le Feminist Exchange Hub [Pôle Échange féministe sur l’Internet = Pôle FIX] a reçu une délégation de WikiMujeres qui s’est impliquée à différents stades de la campagne mondiale Whose Knowledge ? [Le savoir de qui ?], dont le but est de faire qu’Internet devienne notre propre outil, à l’usage de nous tout.e.s. Flavia Fascendini, d’APC News, a eu l’opportunité de participer aux travaux de cette délégation sur les modifications à apporter à Wikipédia ; là, elles ont cherché des solutions pour permettre aux femmes de contribuer à l’encyclopédie en ligne, dans le but de leur donner une visibilité depuis la nuit des temps jusqu’à aujourd’hui.

Burineuses dans un chantier naval. [Construction navale : Trois femmes au travail] 1942, US National Archives.

« Au moment où nous sommes en train de traiter les résultats des élections de novembre aux États-Unis, il nous apparaît évident que de nos jours – et ce de façon plus pressante que jamais – nous avons besoin de sources plurielles d’information et de connaissances. Il est crucial que le monde puisse être facilement appréhendé dans toute son étendue et sa diversité, aussi bien par des adolescents curieux que par de puissants décideurs, qui doivent tous avoir accès aux mêmes données. Triompher de la haine, du sectarisme et de la misogynie exige que nous nous rencontrions et que nous nous connaissions mutuellement de façon aussi complète et honnête que possible. C’est dans cet état d’esprit que nous avons répondu aux questions d’APC News, et nous nous sommes efforcées, de même, d’ajouter quelques suggestions concrètes d’actions de partage des connaissances qui sont à la portée de tous. » C’est ainsi qu’Anasuya Sengupta et Siko Bouterse, coordinatrices de la campagne mondiale Whose Knowledge ? ont mis en perspective l’entretien avec APC News, à la suite des séances de travail qui ont eu lieu en septembre au sein du Pôle FIX, dans le cadre du Forum international de l’AWID.

Il est clair qu’il y a une chose importante à faire avant même de rédiger un article pour Wikipédia qui puisse refléter les apports des femmes au cours des âges : travailler sur les sources. Par exemple, on peut procéder à des recherches inédites. Il faut aussi générer du contenu pour les médias. Et bien sûr publier pour créer cet énorme corpus de sources fiables afin de répondre à la problématique de Wikipédia en matière de politique de publication de données vérifiables exclusivement, qui paraît négliger des siècles de contributions à l’humanité de la part des femmes et des communautés marginalisées, contributions qui ont été mises sous le boisseau ou pour le moins minimisées. Mais il ne s’agit pas là du seul problème, comme le fait apparaître la discussion de APC News avec Anasuya et Siko de la délégation des Wikimujeres au Forum de l’AWID, soutenu par la Fondation Wikimédia.

APC News : Au Pôle FIX de l’AWID, la session de travail sur la modification de Wikipédia a soulevé maintes questions. Pour commencer, Wikipédia se dit « l’encyclopédie libre que vous pouvez améliorer ». En 2015, Jimmy Wales, qui a mis en place la fondation Wikimédia, gérante du site, a dit que l’association n’avait pas atteint le but qu’elle s’était fixé, à savoir 25% de participation des femmes à cette date, malgré le lancement de plusieurs initiatives. Sue Gardner, ancienne directrice exécutive de la Fondation Wikimédia avance neuf raisons qui empêchent les femmes de contribuer à Wikipédia :
 le manque de convivialité de l’interface de publication ;
 le fait de ne pas avoir assez de temps libre ;
 le manque de confiance en soi ;
 le fait de ne pas supporter les conflits et de refuser de s’embarquer dans des arguties interminables autour des modifications d’articles ;
 la certitude que leurs contributions ont de forts risques d’être modifiées voire supprimées ;
 l’ambiance misogyne dans l’ensemble, du point de vue de certaines ;
 le côté « sexuel » de la culture de Wikipédia, qu’elles n’apprécient pas ;
 le fait qu’on s’adresse à elles au masculin dérange certaines femmes dont la langue principale a un genre grammatical ;
 des occasions de relations sociales moins nombreuses et un style moins accueillant que sur d’autres sites.

Êtes-vous d’accord avec ces affirmations ?

Anasuya Sengupta et Siko Bouterse :
« Ouvert » et « accueillant » sont deux choses différentes sur Internet à l’heure actuelle. Les plateformes comme Wikipédia sont en théorie ouvertes à tous, mais Wikipédia fonctionne sur un ensemble de normes et de présupposés qui, comme la majorité d’Internet, ont été mis au point et bâtis par des hommes blancs de l’hémisphère nord. Du coup, on voit sur Wikipédia énormément de pratiques culturelles courantes et de normes communautaires qui, de fait, excluent les contributions, et donc les connaissances, de ceux qui ne sont pas blancs, mâles, hétéros, ou de l’hémisphère nord. Certes, tout le monde peut cliquer sur la touche « modifier », mais cela ne signifie pas que tout le monde trouve un cadre agréable et favorable afin d’y partager son savoir après ce clic.

Il est clair que dans de nombreux pays les hommes tendent encore à avoir davantage de temps libre et le type de travail qu’ils exercent suppose souvent une forte dose de confiance en soi et de tolérance face aux conflits. Ces circonstances permettent à davantage d’hommes que de femmes de réussir dans la « culture Wikipédia ». Et bien que nous n’acceptions pas l’argument régressif consistant à affirmer que l’interface de modification de Wikipédia est plus difficile à utiliser pour les femmes que pour les hommes, il est patent qu’il faut du temps pour apprendre à utiliser cette interface et qu’il n’est pas évident de trouver du soutien social sur Wiki. En clair, tout individu ou communauté qui jouit de moins de temps libre, ou est moins enclin à apprendre par le biais d’un mode de discussion argumentatif, a moins de chances de réussir à s’y retrouver au sein de Wikipédia.

Malheureusement, l’objectif d’une participation de 25% de femmes affiché par Wikimédia n’a pas été accompagné de stratégies spécifiques ni de ressources à grande échelle, ce qui fait qu’il n’a pas encore été atteint. En même temps, ces cinq dernières années, nous avons pu constater certains changements dans le mouvement Wikimédia, qui nous donnent de l’espoir pour Wikipédia. Il y a cinq ans, en effet, très peu de groupes organisés travaillaient sur la distorsion originelle de Wikipédia et très peu de Wikipédien(ne)s reconnaissaient en public qu’ils s’efforçaient de réduire le fossé numérique de genre de Wikipédia. Aujourd’hui, il y a des groupes d’utilisatrices, les Wikimujeres et WikiWomen, dont le but est d’encourager la participation des femmes, et on ne compte pas les groupes locaux dans le monde qui organisent chaque année des activités pour augmenter aussi bien le nombre de contributrices que celui des contenus concernant les femmes.

Des initiatives telles que Wiki Loves Women, Editatonas, Gender Gap Task Force et Art+Feminism rassemblent de plus en plus de féministes, y compris de l’hémisphère sud, qui écrivent sur les femmes dans Wikipédia ; par ailleurs, des espaces communautaires en ligne comme The Wikipedia Teahouse et WikiWomen’s Collaborative ont un rôle d’encouragement pour la participation des femmes. La Fondation Wikimédia a lancé deux campagnes Inspire en vue de financer de nouveaux projets sur la fracture numérique de genre et le harcèlement en ligne. Cependant, tout comme pour Internet dans son ensemble, ces opérations visant à construire une culture où la participation et le savoir des femmes soient appréciés à leur juste valeur, et soutenus en conséquence, vont prendre davantage de temps et nécessiter une incitation plus importante et mieux dotée financièrement.

Cependant, le problème plus général tel que nous le percevons, va au-delà d’une culture de la misogynie ou du fait que la difficulté de l’interface utilisateur bloque la participation des femmes. C’est aussi l’architecture dérivée essentiellement du siècle des Lumières sur ce que doit être une encyclopédie – choix des personnes dont les connaissances sont considérées comme remarquables, et choix des sources fiables pour écrire cette encyclopédie. Cela interdit de fait aux femmes et à d’autres groupes marginalisés de faire passer la totalité de leur savoir dans Wikipédia. Comment peut-on écrire une biographie exhaustive d’une militante de l’hémisphère sud quand les sources les plus sûres la concernant risquent de n’être qu’orales, ou mentionnées uniquement dans une petite publication locale qui n’est pas en langue anglaise ?

Comment écrit-on un article complet et juste sur le sujet des droits des personnes transgenres quand le « point de vue neutre » exigé par une des politiques de base de Wikipédia, comme le Wikipédien trans Pax Ahimsa Gethen l’a souligné brillamment, donne la vision d’hommes blancs hétéros cisgenres comme la « position neutre par défaut », et alors qu’aucune source fiable ne rend compte correctement de la vie des personnes transgenres ? Il reste encore autant de travail à faire autour de l’architecture et des règles de conduite qu’en ce qui concerne la culture ou la technologie afin de pouvoir intégrer davantage de connaissances et de participation des communautés marginalisées, y compris des femmes, dans Wikipédia.

APC News : Concernant la politique de données vérifiables de Wikipédia :
« Dans Wikipédia, la nécessité de communiquer des données vérifiables signifie que toute personne utilisant l’encyclopédie peut s’assurer que les renseignements proviennent d’une source fiable. Wikipédia ne publie pas de recherches originales. Son contenu est déterminé par des informations déjà publiées plutôt que par la conviction ou l’expérience de ses contributeurs. Vous avez beau être sûrs que quelque chose est vrai, il faut qu’on puisse le vérifier avant que vous ne soyez autorisé à l’ajouter. »

Comment peut-on faire disparaître l’inégalité entre femmes et hommes dans les contenus de Wikipédia sans qu’il existe au préalable des sources à la fois fiables et sans préjugés sexistes ? Comment est-il possible de modifier Wikipédia pour qu’il reflète les contributions des femmes dans les domaines de la science, de la technologie, de la médecine, de la politique, etc., quand les seules sources qui puissent se porter garantes de notre page sont soumises depuis toujours à la même invisibilité et au même manque de reconnaissance ?

Anasuya Sengupta et Siko Bouterse :
Pour parler net, ce sont les principes fondamentaux de la communauté Wikipédia – comme la nécessité de communiquer des données vérifiables et la fiabilité des sources – qui ont fait de l’encyclopédie en ligne une base de renseignements appréciée de tous, légitime et crédible depuis 15 ans qu’elle existe. Ces principes ont aidé à mettre sur Internet une immense richesse de connaissances relativement organisées et rendues facilement accessibles. Cependant, exactement comme vous le faites remarquer, ces principes fondamentaux sont aussi ce qui pourrait bien limiter la croissance de Wikipédia – et à coup sûr sa vocation à devenir «  la somme de tout le savoir humain  » – dans les 15 prochaines années et au-delà. Les connaissances que l’on trouve sur Wikipédia sont essentiellement d’origine masculine et de l’hémisphère nord ; on y recense 130 millions d’entrées dans 480 langues, mais il y a plus de 7000 langues et dialectes dans le monde. Les « citations orales » - concept exploré par Achal Prabhala et son équipe dans un film fascinant de 2011 qui a pour titre People are Knowledge [Les peuples sont le savoir] – ne sont pas encore reconnues dans la communauté des rédacteurs/trices.

C’est exactement pour cela que nous avons lancé la campagne mondiale Whose Knowledge ?, afin de réfléchir à la manière d’apporter en ligne différentes formes de connaissance, dans une multitude de langues, particulièrement en provenance de communautés marginalisées. L’origine de la production de connaissances doit absolument devenir moins masculine, blanche, hétéro et de l’hémisphère nord qu’elle ne l’est à l’heure actuelle – que ce soit dans Wikipédia ou au-delà, sur Internet en général.

Nous envisageons de combler le fossé de la prise de conscience – y compris de la disparité entre les genres – au moyen d’une action collective future par étapes : nous commencerons par ce qui existe déjà en ligne mais qui n’est pas encore clairement organisé car trop disséminé, et finirons par un travail d’envergure visant à créer pour les savoirs existants de nouvelles sources qui peuvent être mises en ligne.

Si on se réfère à ce que nous pouvons faire dans l’immédiat, il est clair qu’il existe des sources fiables pour les connaissances et les contributions des femmes. Peut-être pas aussi complètes que ce qu’on trouve pour les hommes, mais il nous faut récolter ce qui existe, bien l’utiliser et former ceux qui ne le reconnaissent pas comme « fiable ». Les Wikipédien(ne)s du monde entier l’ont fait de maintes façons avec succès : par exemple le travail intitulé Women in Science [Les femmes dans la science] par des Wikipédien(ne)s des États-Unis et d’Inde, les edit-a-thons AfroCrowd sur la race, et les Editatonas d’Amérique latine qui ont ajouté du contenu à Wikipédia, particulièrement en ce qui concerne le féminisme. Ensuite, quand les sources ne se trouvent pas facilement ou ne sont pas accessibles sur Internet, il faut que les féministes et les autres organisations s’attellent à publier en ligne les documents existants et à en créer d’autres qui soient crédibles et fiables. Ainsi, quand les Indiennes se sont rendu compte qu’il n’y avait aucune référence acceptable concernant les chercheuses de leur pays, elles ont lancé une étude intelligente et bien écrite comportant 98 biographies et l’ont publiée sous le titre Lilavati’s daughters [Les filles de Līlāvatī, d’après le traité du mathématicien indien du XIIème siècle, Bhāskara]. Ce travail est devenu une référence majeure pour les biographies de chercheuses indiennes dans Wikipédia.

Et pour finir, bien entendu, nous devons nous montrer réfléchies, créatives et rigoureuses sur la manière de mettre au point de nouvelles normes pour attester que les données sont « fiables » et « vérifiables » en ce qui concerne les sources orales et autres formes de savoir qui sont moins faciles à appréhender que des documents publiés, relus par des pairs. Il faudra peut-être que nous mettions en place des sortes de référentiels, ou dépôts, dans des espaces autres que les travaux réalisés dans le cadre de Wikimédia, en attendant que les Wikipédien(ne)s soient prêts à les accepter comme des sources fiables.

Ci-dessous, vous trouverez d’autres actions parmi celles que nous recommandons pour aider à créer le Wikipédia et l’Internet que le monde mérite bien.

APC News : Il est clair qu’il y a quelque chose d’important que nous devons faire avant de publier dans Wikipédia, ou en parallèle à cela : travailler sur les sources. Comment pouvons-nous nous y prendre ?

Anasuya Sengupta et Siko Bouterse :
Il est vraiment important de créer des sources plus fiables qui pourront être utilisées sur Wikipédia. Voici quelques-unes des actions que nous préconisons :

1) Publiez vos connaissances sur Internet. Numérisez ce qui existe sous d’autres formats. Enregistrez des compte rendus oraux et téléchargez-les. Mettez les rapports, les données et autres savoirs sur votre propre site internet, ou sur d’autres sites qui sont connus pour rassembler des informations sur le féminisme, même si ce n’est pas encore sous forme de source fiable pour Wikipédia.

2) Partagez sous licence libre et dans des dépôts libres. Creative Commons propose plusieurs options intéressantes d’accords de licence pour vos produits de la connaissance afin de les rendre utilisables gratuitement par tous. Wikimedia Commons est un dépôt ouvert qui permet de partager des media sous licence libre, et vous pouvez y ajouter des fichiers son ou image pour une utilisation ultérieure sur Wikipédia. Wikisource est une bibliothèque ouverte en ligne qui permet de partager gratuitement des textes source autorisés. Wiktionary est un dictionnaire libre et ouvert qui peut être utilisé comme un outil de conservation pour les langues indigènes. Du fait que les connaissances sont devenues disponibles gratuitement, il devient plus facile de les incorporer à Wikipédia.

3) Publiez et propagez. Vous êtes journaliste ou universitaire ? Publiez vos recherches et vos articles sur les personnes ou les sujets marginalisés afin qu’ils puissent être utilisés comme source fiable sur Wikipédia. Il faut que nous soyons les uns pour les autres des sources crédibles, fiables et légitimes. Et plus le savoir féministe est présent au-delà des cercles habituels, plus il a de pouvoir. Votre financeur a un site internet ? Publiez-y. Vous connaissez des journalistes ? Encouragez votre journal local à écrire un article sur vous et votre travail, ainsi que sur le travail de ceux ou celles dont vous considérez que le savoir est important.

APC News : Est-il suffisant d’encourager davantage de femmes à devenir rédactrices ?

Anasuya Sengupta et Siko Bouterse :
Non, certainement pas. Comme dans d’autres cas de ce genre dont les féministes ont parfaitement conscience (par exemple la représentation politique), le nombre est une condition nécessaire mais pas suffisante pour faire avancer les choses. Les valeurs et la démarche de ceux/celles qui écrivent sont cruciales et il faut que nous nous attachions à la fois au contenu et aux contributeur.trice.s. Comme l’a dit feu Adrianne Wadewitz, grande Wikipédienne et universitaire : « Wikipédia doit recruter des femmes, oui, mais il est encore plus important qu’elle recrute des féministes. Et les féministes peuvent être de tout genre.  » En même temps, du fait que Wikipédia se base sur un style encyclopédique (et non sur des articles d’opinion), les contributeurs se doivent d’informer, pas de défendre des thèses.

Les problématiques et les perspectives des femmes et des féministes doivent être traitées de façon beaucoup plus exhaustive et détaillée que ce qui est actuellement le cas dans Wikipédia. Il faut que les Wikipédien(ne)s et les mouvements de femmes du monde entier arrivent à travailler ensemble de manière beaucoup plus productive. Un début modeste mais satisfaisant est le travail que nous avons réalisé au forum de l’AWID au Brésil, en 2016 : nous avons ajouté du contenu, et l’avons amélioré, avec par exemple plus de 30 photos de féministes du monde entier que nous avons commencé d’ajouter à leurs articles de Wikipédia.

APC News : Que font Wikimédia/Wikipédia pour régler le problème du harcèlement en ligne sur leurs sites ?

Anasuya Sengupta et Siko Bouterse :
La communauté Wikipédia et les organisations Wikimédia, tout comme Internet en général, sont toujours aux prises avec ce problème du harcèlement en ligne. Il n’y a pas de réponses immédiates, mais il est indispensable que nous constations des progrès dans ce domaine au plus tôt. Des directives anti-harcèlement avancent grâce au soutien et au financement de la campagne Inspirer de la Fondation Wikimédia en juin 2016, et nous nous sommes laissé dire que cette fondation se penche également sur la manière de recenser davantage de travaux anti-harcèlement dans sa propre organisation. Grâce à Whose Knowledge ? nous espérons faire œuvre utile en nous mettant en relation avec des organisations au-delà de Wikimédia et en collationnant les pratiques les meilleures (y compris celles de notre partenaire APC avec sa campagne Take Back the Tech [Réapproprie-toi la technologie] afin de les partager avec les Wikimédien(ne)s.

Il faut concevoir et réaliser des espaces sûrs en partant du principe que le harcèlement est un problème crucial à résoudre, et qu’on ne peut continuer d’encourager l’ouvert au détriment du sûr. Un résultat ouvert exige parfois la création d’espaces sûrs ou protégés dans lesquels le savoir peut être produit sans danger avant d’être partagé avec tous en tant que données ouvertes – par exemple, quand on travaille sur des documents concernant les droits indigènes ou la race. Ces deux dernières années, les Wikimédien(ne)s ont énormément œuvré pour créer des espaces hors-ligne plus sûrs grâce à des nouvelles règles de conduite plus conviviales et des plans de protection pour les sessions de formation en ligne, du coup, on a vu s’améliorer les événements hors-ligne. Cependant, les espaces en ligne de Wikimédia sont toujours davantage enclins à privilégier la notion d’ouvert plutôt que celle de sûr et afin de pouvoir résoudre le harcèlement en ligne, toute opération de culture connectée devra absolument trouver un équilibre entre une conception qui vise à l’ouverture et une qui garantisse sécurité et protection.

APC News : Un changement dans la culture Wikipédia est-il souhaitable ?

Anasuya Sengupta et Siko Bouterse :

Assurément !