Paraguay : les défis d’une jeune démocratie

Politique étrangère : entre intégration régionale et affirmation d’une souveraineté nationale

, par CDATM

Membre fondateur et permanent du Mercosur (marché commun du Cône sud) dont il exerce la présidence tous les deux ans, le Paraguay, qui a par ailleurs accueilli la conférence de lancement de la Banque du Sud en mai 2007, témoigne d’une volonté d’ouverture et d’insertion au plan régional.

Le Brésil et l’Argentine entretiennent avec le Paraguay, depuis la guerre de la Triple Alliance, des relations de pouvoir déséquilibrées, notamment au travers des traités bilatéraux relatifs à l’exploitation des barrages hydroélectriques d’Itaipu et de Yacyreta.

Les relations avec le Brésil

Si Lugo se dit proche du président brésilien Lula et si le Brésil demeure le principal partenaire du Paraguay, les relations entre Asunción et Brasilia pourraient, toutefois, être mises à mal sur deux dossiers, d’une part, le dossier énergétique, et, d’autre part, le dossier des « Brasiguaios ».

Revendiquant la souveraineté énergétique de son pays, Lugo exige une renégociation du traité régissant la centrale hydroélectrique d’Itaipu que le Paraguay partage avec le Brésil. La construction, à partir de 1973, de ce qui s’apparentait alors au plus grand barrage hydroélectrique du monde allait fournir au général Stroessner un moyen d’enrichissement personnel rapide. En échange, il consentit à la signature d’un traité qui contraint le Paraguay à céder au Brésil à un prix bien inférieur au prix du marché, l’énergie non utilisée. Aujourd’hui, le Paraguay, qui ne consomme qu’à peine 5% de l’énergie produite, assure à bas prix au géant brésilien 20% de sa consommation et ne perçoit que 250 millions de dollars par an au lieu de 3,6 milliards si l’électricité lui était payée au prix du marché. Lugo réclame un traitement plus juste : instauration de prix équitables, réduction des taux d’intérêt usuriers, définition de nouvelles règles de collaboration bilatérale et libre utilisation de l’excédent. Les autorités brésiliennes, si elles ont fait savoir qu’elles étaient disposées à discuter le prix de l’électricité, excluent, toutefois, toute révision du traité binational avant l’échéance du contrat, soit en 2023. Bien décidé à épuiser toutes les instances de dialogue, le Paraguay n’exclut pas de porter l’affaire devant des tribunaux internationaux.

Outre le dossier énergétique d’Itaipu, les relations bilatérales entre Asunción et Brasilia pourraient être contrariées par la situation des Brasiguaios, de plus en plus inquiets pour leurs terres alors que Lugo a promis une réforme agraire intégrale.

Signe des tensions entre les deux voisins, à la mi-octobre 2008, 10 000 soldats brésiliens ont conduit des manœuvres militaires à la frontière avec le Paraguay. S’inscrivant dans le cadre de l’opération « Frontière Sud II », ce déploiement, qui a mobilisé durant plusieurs jours des avions et des chars, visait notamment à rappeler au gouvernement de Lugo que le Brésil reste attentif à la situation des Brasiguaios ainsi qu’aux menaces d’occupation par les mouvements sociaux paraguayens du barrage d’Itaipu.

Les relations avec l’Argentine

Au même titre que les relations avec Brasilia, les relations avec Buenos Aires pourraient être mises à l’épreuve par le dossier énergétique, Asunción formulant pour la centrale hydroélectrique de Yacyreta, que le Paraguay partage avec l’Argentine, des exigences similaires à celles revendiquées pour la centrale d’Itaipu.

L’accord d’exploitation de la centrale de Yacyreta comporte ainsi des clauses quasi similaires à celles du traité d’Itaipu, tout aussi préjudiciables aux intérêts du Paraguay.

Les relations avec les Etats-Unis

Ces relations ont évolué en fonction des résultats de la politique américaine de certification à l’égard du Paraguay (drogue et contrefaçon) et de l’évolution de la transition paraguayenne.

La visite du Secrétaire d’État à la Défense, Donald Rumsfeld, en août 2005 a souligné un intérêt certain des États-Unis pour la situation géopolitique du Paraguay et le contrôle des trafics illicites. Lors du Sommet des Amérique du 18 avril 2009, le partenariat, sur un pied d’égalité, proposé par Barack Obama aux pays d’Amérique latine est de bon augure pour le Paraguay.