Dossier Forum Mondial de l’eau vs Forum alternatif mondial de l’eau

Palestine/Moyen Orient : Atelier « L’eau en Palestine »

, par BOUGUERRA Mohamed Larbi

Camion de livraison d’eau
Beith Hanoun, mars 2013 On voit ce genre de camions partout dans la bande de Gaza. Ce propriétaire de putis vend son eau. L’eau de la nappe phréatique, polluée et salinisée par un pompage massif des israéliens, s’épuise et est trop polluée pour être consommée directement.

Le vendredi 16 mars 2012, le FAME a consacré un atelier à la question de l’eau en Palestine, atelier qui a vu une présence record de militants et de représentants d’ONG. Lors de cet atelier, des communications nombreuses ont été faites par des militants internationaux (Maroc, Jordanie, États-Unis, Italie, Tunisie, France) dont certains ont été sur le terrain ou y vivent même.

Pour ces militants, la Palestine est « le pays de la soif » tant la pénurie d’eau, organisée par l’occupant, est grave. Cependant, les orateurs insistent sur le fait que le conflit israélo-palestinien a des racines essentiellement politiques même si l’eau est au cœur du conflit.

Mais ils sont prompts à relever que l’eau est vitale pour l’agriculture des Palestiniens car elle compte pour 15% dans leur PNB alors qu’elle ne contribue que pour 2% dans celui des Israéliens qui, eux, maîtrisent la haute technologie (informatique, armement…), utilisent des techniques très évoluées et très coûteuses d’irrigation au goutte-à-goutte….

Des vidéos ont été projetées montrant le calvaire de l’eau pour les Palestiniens, calvaire que la construction du Mur de séparation a fortement exacerbé. Le Mur a en outre complètement bouleversé la vie des gens en rendant impossible l’accès aux oliveraies et aux parcelles agricoles.

L’installation de colonies est venue compliquer encore la situation car les colons peuvent forer des puits jusqu’à la profondeur de 1500 mètres et utilisent toute l’épaisseur des nappes phréatiques. Les puits des colons sont ainsi plus efficaces et plus puissants. Quant aux Palestiniens, ils se voient contraints par l’Administration israélienne de ne pas forer à plus de 300 mètres – quand ils arrivent à avoir les autorisations administratives nécessaires [1]- en vertu des ordonnances militaires n° 92 du 15 août 1967 et n° 158 du 30 octobre 1967.

On notera que l’administration des ressources hydrauliques de la Cisjordanie reste sous contrôle israélien, en application de plus de 2000 « ordonnances » et « proclamations » militaires. Il en résulte que, dès qu’une colonie s’installe, les puits des villages palestiniens rendent l’âme. Il y a enfin la question des eaux usées provenant des colonies situées généralement plus haut que les villages palestiniens qui polluent les habitants et menacent les nappes phréatiques. Les orateurs ont aussi traité du cas des populations nomades qui vivent des situations intolérables sur le plan de l’eau d’autant que la pénurie d’eau organisée décime leur cheptel.

Au terme de cet atelier, les participants au FAME ont avalisé une motion dans laquelle ils condamnent la politique israélienne de l’eau vis-à-vis des Palestiniens et demandent l’instauration d’un Tribunal International de l’eau pour mettre un terme à ces exactions.

COMMENTAIRE :

Au FAME comme au FME, la question de l’eau en Palestine a eu une présence indéniable. Les débats ont été généralement très intéressants. Des documents et des vidéos parfois bouleversants ont conforté les présentations.

Le résumé de l’atelier du FAME « L’eau en Palestine »peut être consulté sur le site du FAME : http://www.fame2012.org/fr/2012/03/17/resume-palestine/

Notes

[1Les autorisations diffèrent suivant que le Palestinien habite en zone A, B ou C selon la classification des Accords d’Oslo. Dans les zones A et B (40% du territoire et 95% de la population de Cisjordanie), l’armée israélienne a transféré à l’Autorité palestinienne la responsabilité des affaires civiles, c’est-à-dire la fourniture de services à la population. La zone C reste entièrement placée sous l’autorité de l’armée israélienne. Elle représente 60% du territoire de la Cisjordanie, avec toutes les réserves foncières et l’accès aux ressources aquifères, ainsi que toutes les routes principales. (Voir Rapport d’information n° 4070 de l’Assemblée Nationale française, décembre 2010, p. 119-120)

Commentaires

L’article a été écrit le 23 avril 2012 à Paris.