Bangladesh : des travailleurs exploités

Les travailleurs des chantiers navals

, par CDTM 34

Le premier chantier de démantèlement des bateaux au Bangladesh date des années 60, mais c’est au cours des années 80 que le recyclage naval connaît un essor important. Aujourd’hui c’est un secteur très prospère qui concerne plus de 100 000 ouvriers et employés. Malgré son développement, il reste un secteur économique à part car c’est une industrie polluante et dangereuse, menée dans des conditions opaques par des hommes d’affaires qui se considèrent souvent au dessus des lois.

Une des raisons pour lesquelles le recyclage des pétroliers et autres navires s’est déplacé des pays de construction navale (Taiwan, Angleterre,…) vers l’Asie du Sud tient à la nature même du travail effectué. La technologie nécessaire et les précautions à prendre ont un coût que les chantiers navals des pays riches trouvaient trop élevé au regard des bénéfices récoltés. Les pays d’Asie du Sud, notamment le Bangladesh, ont remplacé les moyens mécaniques par la force humaine et se sont appuyés sur une législation floue pour économiser sur les précautions visant à protéger les travailleurs. Les résultats très lucratifs pour les propriétaires sont liés à des conditions de travail catastrophiques. Les ouvriers n’ont pas d’outils appropriés et ne reçoivent aucune formation. L’explosion de résidus gazeux et de vapeurs de pétrole dans les citernes constituent la première cause d’accidents. Par ailleurs, les ouvriers sont victimes de maladies graves, souvent mortelles, dues aux substances dangereuses qu’ils manipulent (l’amiante, les biphényles polychlorés, le plomb, l’arsenic), et aux radiations auxquelles ils sont exposés.

Ces vingt dernières années, 400 ouvriers ont été tués et 6000 blessés lors d’explosions ou d’incendies sur les chantiers de Chittagong (principal port du Bangladesh, au sud-est de Dhaka).

De même que dans les usines, les ouvriers des chantiers navals ne sont pas libres de s’associer pour défendre leurs droits, ils ont des salaires très bas et des journées de travail très longues.

Malgré les conditions de travail très dures, ce secteur attire de nombreux Bangladais venant des zones rurales les plus pauvres, à la recherche d’ un salaire qui leur permette de subvenir aux besoins de leur famille restée au village.