Energies : enjeux pour un développement durable

Les hydrocarbures non conventionnels

, par CDTM 34

Le poids économique de l’énergie creuse largement le déficit des états du Nord ce qui incite les gouvernements à chercher, coûte que coûte, des solutions pour limiter leur dépendance énergétique.

En plus du pétrole et du gaz naturel classique, la croûte terrestre recèle d’autres ressources importantes en hydrocarbures non conventionnels tels que les sables asphaltiques et les schistes bitumeux qui permettent de récupérer des huiles lourdes. Du gaz non conventionnel peut également être extrait des schistes. Les réserves sont considérables (surtout au Canada et au Venezuela) ce qui aiguise l’appétit des grands groupes pétroliers internationaux. Déjà exploités en plusieurs points de la planète (notamment aux Etats-Unis et au Canada) ces hydrocarbures ont un impact environnemental extrêmement lourd. Les gisements, parfois très profonds nécessitent l’installation de forages destinés à injecter de grandes quantités de vapeur d’eau sous haute pression ou dans le cas des schistes bitumeux de « chauffer » la roche mère. Pour extraire ces huiles, transformées ensuite en « brut synthétique », les exploitants utilisent également des chaudières alimentées au gaz naturel, sources d’émissions de GES.

Depuis 10 ans, la technique d’exploitation par fracturation hydraulique s’est également développée aux Etats-Unis ; la roche est fracturée pour faciliter la récupération du gaz concentré dans les couches de schistes. Cet essor s’est appuyé sur une législation américaine qui permet aux propriétaires des sols d’exploiter leurs sous-sols et sur un lobby pétrolier très puissant. D’autres pays comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Algérie, la Chine, le Québec ont eux aussi entamé des forages. Le bilan environnemental est pourtant accablant aux Etats-Unis (pollution de nappes phréatiques par des solvants, remontées de gaz dans les canalisations d’eau potable…).

L’Etat français s’est également tourné vers le gaz de schiste et notamment en 2010 le gouvernement a attribué à Total, à la société américaine Schuepbach Energy et à GDF Suez trois nouveaux permis dans le sud de la France pour une exploration de schistes basée sur la technique de fracturation hydraulique. Un mouvement issu de la société civile s’est alors vivement opposé aux conditions d’attribution de ces permis, demandant une révision du code minier. Les populations, les élus locaux, régionaux et les députés des régions concernées (Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, PACA et Languedoc-Roussillon) ont réclamé la révision du code minier et le vote d’une loi d’interdiction de l’exploration et de l’exploitation du gaz et huile de schiste. Face à ce front de contestation et en l’attente d’un rapport des pétroliers l’Etat a suspendu les 64 permis attribués partout en France. Une loi a bien été votée le 21 juillet 2011 mais en réalité seuls 3 permis d’exploration ont été abrogé (Montélimar, Villeneuve de Berg et Nant) sur les 64 suspendus.

A ce jour la loi interdit simplement d’utiliser la technique de fracturation hydraulique mais ne s’oppose pas définitivement à l’exploration ou l’exploitation du pétrole de schiste.