Climat : choisir ou subir la transition ?

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Les changements climatiques et l’urgence d’une nouvelle conception de la réforme agraire

, par ESTEVEM Douglas

En février 2014, le MST [Mouvement des sans-terre] a réalisé son VIe Congrès national à Brasilia, avec la participation de plus de 12 000 délégués et de plus de 250 représentants internationaux d’organisations de 27 pays différents. L’objectif principal de ce congrès était la définition d’une nouvelle conception de réforme agraire, dont la création est le résultat de presque deux ans de débats entre les membres de l’ensemble du mouvement, comprenant les 350 000 familles établies sur des terres et les plus de 100 000 familles vivant dans des campements. Cette redéfinition conceptuelle de la réforme agraire est fondée, entre autres, sur un nouveau rapport à la terre, sur l’importance centrale d’une nouvelle matrice de production et sur une nouvelle conception de la terre. Les principaux éléments de cette nouvelle conception de la réforme agraire ont été élaborés au fil du temps, au cours de longues années, et ils sont le résultat de l’analyse non seulement des combats menés par le MST, mais aussi des pratiques organisationnelles développées pour faire face aux impacts environnementaux, climatiques et sociaux résultant du nouveau mode de production agricole. Selon cette nouvelle conception, la réforme agraire ne peut plus être considérée comme une question liée uniquement aux paysans ou à la campagne. Cette nouvelle proposition remet en question le rôle joué jusqu’à présent par l’agriculture et par la réforme agraire, dans le cadre du développement du capitalisme. Désormais, l’objectif principal de la réforme agraire doit concerner les secteurs de la société les plus diversifiés, dans le cadre d’un projet de plus grande portée, où la réforme agraire répondra aux multiples besoins de l’ensemble de l’humanité.

La nouvelle conception de la réforme agraire du MST est basée sur plusieurs approches : une nouvelle manière de produire et un nouveau rapport à la terre ; la défense des biens communs de la nature ; la lutte contre la destruction de l’environnement et les problèmes de santé ; la garantie d’accès à l’éducation, à la culture et aux semences biologiques, sans oublier le présupposé central : la démocratisation de l’accès à la terre. Parmi les différents éléments constitutifs de la réforme agraire, la lutte contre les changements climatiques provoqués par l’actuel modèle agricole de l’agro-industrie est devenue fondamentale, ce qui n’était pas le cas dans les précédents projets de réforme agraire. Au Brésil, cette lutte revêt une importance d’autant plus grande que les indicateurs signalent que le plus grand volume d’émissions de gaz à effet de serre est produit par le secteur agricole.

Barao de Melgaço, Mato Grosso, Brésil. Crédits : Tambako the jaguar

En raison de la plus grande portée de cette nouvelle conception de réforme agraire, dont les avantages, les sens, les significations et les rôles s’étendent à l’ensemble de la société brésilienne, voire à l’ensemble de l’humanité et de la planète, le MST a dénommé ce nouveau projet « Réforme agraire populaire », pour exprimer le pas franchi par rapport aux conceptions traditionnelles de réforme agraire.

La portée des impacts négatifs de l’actuel modèle de production agricole va bien au-delà des paysans : ils s’étendent aujourd’hui à la planète tout entière. Ces dernières années, les effets de l’utilisation des OGM et des intrants chimiques sur la santé humaine ont fait l’objet de débats publiques. Or, ce modèle, dont les effets nuisibles pour la santé sont de plus en plus évidents, est aussi étroitement lié aux impacts négatifs de l’agriculture agro-industrielle sur l’environnement et le changement climatique. L’agro-industrie, la concentration de terres, les monocultures, les OGM, les intrants chimiques, les changements climatiques, la destruction de l’environnement et de la santé humaine sont autant de dimensions – interconnectées - d’un seul et même mode de production agricole. Aujourd’hui, tout projet de réforme agraire doit tenir compte de toutes ces questions, et pas seulement de l’accès à la terre. Même si ce dernier reste son but majeur, il doit présenter, dans le même temps, des solutions aux problèmes climatiques, environnementaux, sanitaires et sociaux, entre autres.

Les effets des changements climatiques se font déjà sentir un peu partout, dans diverses régions du monde et du Brésil. Depuis quatre ans, le nord-est du Brésil souffre de la sécheresse, qui atteint déjà plus de 62 % des communautés de la région. En mai 2015, parmi les 1 400 municipalités atteintes, 862 se trouvaient déjà en situation d’urgence [1]. La production agricole de la région a été compromise, et même les puits artésiens les plus profonds ont séché. Le sud-est du pays souffre également d’un manque de précipitations, ce qui provoque un rationnement de l’eau dans des villes importantes, comme la mégalopole de São Paulo, où la capacité totale des réservoirs d’eau reste limitée à 14 % depuis plus d’un an. Les états de Rio de Janeiro et de Minas Gerais ont eux aussi été affectés. D’autre part, dans le sud du pays, le volume des pluies a considérablement augmenté ces dernières années. Désormais, les impacts des changements climatiques sont bien présents dans le quotidien de la population. D’où l’urgence des transformations.

L’Amazonie « légale » : entre déforestation et agro-industrie

En sa qualité de pays signataire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Brésil s’engage à établir un inventaire national des émissions anthropiques et des gaz à effet de serre (GES), dont les directives techniques ont été définies par le GIEC. Selon les rapports publiés par le gouvernement brésilien, le secteur de l’agriculture et de l’élevage est devenu le plus grand émetteur de GES du pays. Dans le premier rapport établi par le ministère brésilien de la Culture et de la Technologie, en 2005, l’exploitation de la terre et des forêts occupait la première place, soit 58 %, du total des émissions du pays, la principale responsable de ces émissions étant la déforestation. Les efforts déployés par le gouvernement du président Lula ont permis une importante réduction de la déforestation en Amazonie. Or, depuis 2012, en même temps que s’aggravait la crise économique du pays, la déforestation a repris de plus belle. En 2013, cette augmentation a été de 28,8 % dans l’Amazonie brésilienne [2]. Bien qu’en 2014, on ait pu constater une réduction de la déforestation, elle reste supérieure à celle de 2012 [3].

Les nouvelles études présentées par le rapport du gouvernement et publiées en novembre 2014 signalent un changement important dans la composition des émissions brésiliennes. Le secteur de l’exploitation des terres et des forêts, dont le principal point était la déforestation, a chuté à la troisième place, avec 15 % du total des émissions en 2012, alors que le secteur de l’agriculture et de l’élevage passait à la première place des émissions brésiliennes, soit une augmentation de plus de 75 % pour la période [4]. Dans l’analyse de l’impact de l’agro-industrie sur les émissions brésiliennes, il est important de souligner qu’il faut éviter que les catégories élaborées par les recherches nous induisent à penser de façon segmentée et à isoler certains aspects de la dynamique sociale qui, en vérité, sont interconnectés. Il existe un rapport étroit entre la déforestation de l’Amazonie et l’avancée de l’agro-industrie dans cette région, avec la production agricole et l’élevage, notamment la production de graines (principalement, le soja). Les zones défrichées sont utilisées pour la production agricole, les écosystèmes naturels sont transformés en unités de production pour l’agro-industrie, ce qui entraîne le changement de la composition organique des sols et de la gestion de la terre : deux facteurs qui font augmenter les émissions de gaz retenus dans le sol. Associée à la déforestation, au modèle de production et aux transformations des sols, l’agro-industrie opère un impact négatif sur plusieurs secteurs d’émission.

Les études réalisées par l’équipe dirigée par le chercheur Antonio Donato Nobre, de l’Institut national de recherches de l’Amazonie, et publiées en 2014 dans le document « L’avenir du climat de l’Amazonie » [5] font état des effets de la déforestation pratiquée dans cette région sur d’autres régions du Brésil, dont un exemple est la sécheresse qui affecte les états de São Paulo, de Rio de Janeiro et de Minas Gerais. C’est la forêt amazonienne qui, par la transpiration des arbres, transporte de grands volumes d’eau du sol vers l’atmosphère et est la responsable de la préservation de l’humidité de l’air en mouvement, qui occasionne, à son tour, les pluies qui tomberont sur d’autres régions du Brésil, voire du continent. La condensation de la vapeur d’eau par les substances émises par les arbres provoque également l’augmentation de la pluviosité. La forêt amazonienne préserve l’humidité de l’air et dégage des courants de vapeur aériens qui ont évité la transformation du sud de l’Amérique du Sud en région désertique, comme dans d’autres régions situées sur la même latitude. Enfin, le système dynamique de l’Amazonie crée des conditions atmosphériques permettant d’éviter des phénomènes climatiques extrêmes, tels les ouragans et autres cataclysmes. Aujourd’hui, la déforestation, associée à l’avancée de l’agro-industrie dans cette région, représente un risque pour tout l’équilibre du système, et ses conséquences se font sentir dans d’autres régions du Brésil.

Dans la situation actuelle des émissions brésiliennes, le secteur énergétique occupe la deuxième position, juste après le secteur agricole, responsable lui aussi de 37 % du total des émissions (ce secteur émet quelques centaines de milliers de tonnes de CO2 de moins que l’agriculture). Les intenses sécheresses qui ont ravagé le pays ces dernières années sont à l’origine de la diminution des réserves d’eau dans certaines régions, ce qui a entraîné la réduction de la production d’énergie hydroélectrique pour la troisième année consécutive. En 2014, cette réduction a été de 5,6 %, ce qui a provoqué une diminution de la participation de l’énergie hydroélectrique dans la matrice électrique brésilienne de 84,5 % en 2012 à 65,2 % en 2014 [6]. Par conséquent, les usines thermoélectriques ont augmenté leur production, contribuant ainsi à l’accroissement des émissions de GES et à l’élévation du secteur énergétique à un niveau important dans les émissions brésiliennes : autre effet du rapport entre les divers phénomènes et dont l’une des causes est l’expansion de l’agro-industrie brésilienne dans la région amazonienne.

L’agro-industrie et les changements climatiques au Brésil

L’une des caractéristiques du modèle actuel de production agricole brésilien, qui s’est consolidé entre la fin du siècle dernier et le début de notre siècle, est l’articulation entre les grandes sociétés transnationales et le secteur financier, qui contrôlent l’ensemble de la production agricole, ainsi que la propriété de la terre. La matrice de production prédominante est axée sur la monoculture extensive, extrêmement nuisible à la biodiversité, et sur l’utilisation intensive des OGM et des intrants chimiques dérivés du pétrole. Ces intrants émettent des GES, aussi bien lors de leur fabrication que lors de leur utilisation ; non seulement ils modifient la composition organique des sols, mais en plus, ils empêchent la terre de capturer les GES de l’atmosphère. Aussi la production n’étant pas destinée aux marchés locaux, mais aux marchés internationaux, le transport de ces produits est extrêmement polluant. Enfin, les produits agricoles ont été transformés en commodities négociées sur les marchés financiers et sur les marchés à terme mondialisés. Voilà, en lignes générales, les éléments qui caractérisent tant l’agriculture brésilienne que l’agriculture internationale.

Dernièrement, l’expansion des monocultures pratiquées par l’agro-industrie brésilienne s’est concentrée sur quelques produits, notamment la viande, le soja, la canne à sucre et le maïs. Sur le plan du territoire, cette monoculture avance vers la région amazonienne et le centre-ouest brésilien, entraînant la destruction d’autres biomes, comme le « Cerrado », une région de savane dans le centre du pays. Actuellement, la déforestation du « Cerrado » est la principale responsable des émissions du secteur de Changement dans l’exploitation des terres et des forêts, soit 62 % du total des émissions en 2012 [7]. La déforestation, les brûlis et l’agro-industrie se trouvent interconnectés non seulement en Amazonie, mais aussi dans le centre pays.

Selon les données relatives à l’année 2012, parmi l’ensemble des émissions issues de l’agriculture et de l’élevage, la fermentation entérique, dont le principal responsable est le bétail destiné à la production de viande, correspondait à 55,9 %. Les études indiquent une expansion évidente du bétail dans les états situés en région amazonienne : Acre, Rondônia, Mato Grosso, Goiás, Tocantins, Maranhão et Pará. Juste après, la deuxième position était occupée par l’utilisation des sols, avec 35,9 %. Entre 1995 et 2005, le secteur des sols a vu ses émissions augmenter de 23,8 % et de 7,4 % dans la période suivante (2005-2012). Même si les fertilisants chimiques n’apparaissent qu’en troisième position dans les émissions liées à l’utilisation des sols, une analyse plus détaillée montre qu’ils sont, en termes de proportions, les responsables de la plus grande augmentation de ces émissions. Les émissions liées à l’utilisation de fertilisants de synthèse ont augmenté de 94 % dans la décennie 1995-2005 et de 56 % dans la période suivante, entre 2005 et 2012 [8]. Les plus grands consommateurs d’intrants agricoles de nitrate ont été les états de São Paulo, Minas Gerais, Paraná et Rio Grande do Sul. Dans les états de Mato Grosso, le plus grand producteur de soja au Brésil, et celui de Goiás, la consommation de ce type d’intrants a augmenté considérablement, en raison de l’avancée de l’agro-industrie dans la région centrale du Brésil. Selon les données relatives à l’année 2005, si le sud-ouest a consommé 44,4 % des fertilisants dans la période analysée (1990-2005), ce sont pourtant les régions nord et centre-ouest qui ont enregistré la plus grande augmentation, avec 1 683 % et 477 %, respectivement, cette dernière ayant consommé 16,9 % des fertilisants. L’étonnante augmentation de la consommation de fertilisants dans ces régions met en évidence la reproduction du modèle de l’expansion agricole pratiqué dans la région amazonienne.

Les fertilisants chimiques azotés, utilisés dans les monocultures de l’agro-industrie, sont des émetteurs importants d’oxyde de nitrate, dont les effets sont dévastateurs, puisque ce gaz est 300 fois plus puissant que le CO2.

La production de fertilisants azotés présuppose l’utilisation de grandes quantités de gaz naturel, avec, par conséquent, l’émission de CO2. Aussi, le processus de production de ces fertilisants chimiques contribue lui-même encore une fois à l’émission de GES, ce qui s’ajoute à tous les autres impacts environnementaux, dont la contamination des eaux et des sols. Le Brésil consomme environ 6 % de la production mondiale de produits azotés : il est le plus grand consommateur de produits agrotoxiques au monde. Dans les plantations de canne à sucre de l’état de São Paulo, le plus grand producteur d’éthanol au Brésil, la production est basée sur l’utilisation de fertilisants azotés. Les changements climatiques dans la région de Ribeirão Preto, l’un des pôles de production de canne à sucre les plus importants de l’état de São Paulo, sont désormais évidents dans le quotidien des habitants. Et le brûlis de la canne à sucre est lui aussi une source importante d’émissions de gaz.

L’agroécologie : une réponse aux changements climatiques

La référence du projet de « Réforme agraire populaire » proposé par le MST est l’agroécologie comme nouvelle matrice de production, en ce qui concerne non seulement le rapport à la terre et à l’environnement, mais aussi à la sociabilité. En tant que modèle de production, l’agroécologie représente une alternative aux impacts négatifs sur le climat et l’environnement provoqués par le modèle de l’agro-industrie. Ainsi, dans le cadre d’une perspective plus ample, qui est celle proposée par la Réforme agraire populaire, l’agroécologie s’avère fondamentale pour une conception qui va au-delà de la campagne et des paysans et dont les avantages peuvent profiter à l’ensemble de la société.

Les sols contiennent une réserve importante de carbone à l’état naturel, pouvant être deux à trois fois plus grande que celle présente dans la biomasse ou dans l’atmosphère. Les modèles de gestion intensive des sols appliqués par l’agroindustrie génèrent de plus grandes émissions de GES. La gestion agroécologique permet, au contraire, d’augmenter non seulement la quantité de carbone présent dans les sols et dans la végétation, mais aussi la capture de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Alors que les monocultures nuisent à la composition organique des sols, entraînant leur destruction par érosion, salinisation ou épuisement. Les études publiées en 2012 par le rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme, Olivier de Schutter, mentionnaient déjà les contributions de l’agroécologie pour la lutte contre les changements climatiques. Les études internationales ont démontré que les cultures agroécologiques sont plus résistantes non seulement aux changements climatiques extrêmes, puisqu’elles contribuent à l’affaiblissement des effets négatifs de ces phénomènes, mais aussi aux érosions, car les sols issus de ce type de culture sont plus humides.

De plus, l’agriculture biologique ne fait pas appel aux intrants chimiques, ce qui permet d’éviter tous les problèmes mentionnés ci-dessus, liés à l’utilisation des produits azotés. D’autre part, l’accroissement de la matière organique du sol et de la biomasse de la surface du sol permet de réduire l’émission de dioxyde de carbone. Selon le GIEC, l’une des contributions majeures de l’agriculture à la réduction des effets négatifs des changements climatiques est la capture du dioxyde de carbone emmagasiné dans la matière organique des sols, un facteur qui peut être potentialisé par l’agroécologie.

Le projet de Réforme agraire populaire du MST inclut également la protection des forêts et des réserves, ainsi que la reforestation des zones défrichées, par la plantation d’arbres natifs et fruitiers, de façon à rétablir à la fois la biodiversité des biomes. Une proposition qui va à l’encontre de celle présentée par le capitalisme vert, dont la priorité est la reforestation industrielle. Ainsi, sur l’implantation « 14 de Agosto », située à Rondônia, un état caractérisé par l’expansion de l’agro-industrie dans la région amazonienne, des expériences de reforestation conjuguées avec la culture agroécologique sont menées dans le but de récupérer les zones épuisées par le pâturage. En 15 ans, une partie disparue de la forêt originaire a pu être récupérée. Sur cette implantation, le modèle agroécologique est appliqué à la culture des plantes potagères et des fruits, ainsi qu’à l’apiculture.

Dans le domaine énergétique, le MST propose le développement de sources d’énergie renouvelables alternatives, créées au sein des communautés rurales et basées sur les végétaux non alimentaires et sur les énergies solaire, hydraulique et éolique, de façon à garantir la souveraineté énergétique en équilibre avec la nature. À São Paulo, pôle de production d’éthanol basé sur le modèle de la monoculture, les implantations d’Itapeva ont expérimenté la production d’un type de biodiesel sur place. Ce carburant, fait à partir du tournesol, a été utilisé pour les tracteurs de la communauté.

Notre nouveau projet de réforme agraire défend également la préservation des réserves d’eau et leur protection des contaminations causées par l’utilisation d’intrants chimiques. L’ autre base de cette matrice est la production de semences non OGM par les paysans eux-mêmes, sans utilisation de pesticides chimiques. Ainsi, depuis 1997, les paysans du MST du Sud du Brésil se réunissent à la Bionatur, où se déroule l’expérience de production de semences agroécologiques la plus importante d’Amérique Latine, produisant 20 tonnes de plus de 80 espèces de semences par an.

Les propositions sont multiples et elles ont déjà trouvé une application pratique sur des centaines d’implantations du MST dans tout le Brésil, avec une forte participation des paysans. Aujourd’hui, la lutte pour la réforme agraire s’intensifie pour atteindre une dimension sociale et environnementale de grande portée et de longue durée. La Réforme agraire populaire est un projet qui vise à répondre aux besoins, aux attentes et aux aspirations de l’ensemble de l’humanité et à contribuer à la préservation de notre planète.

Notes

[1Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de l’approvisionnement. Informativo sobre a Estiagem no Nordeste, nº 84, juin 2015. Nous avons également consulté les brochures nº 81, 82, 83 e 85. Disponible sur : www.agricultura.gov.br/arq_editor/Informativo%20estiagem%20NE%20n%C2%BA%2084.pdf.

[2L’Amazonie dite « légale » comprend les états brésiliens suivants : Acre, Amapá, Amazonas, Pará, Rondônia, Roraima, Tocantins, Mato Grosso, ainsi qu’une partie du Maranhão. Il s’agit d’une zone de plus de 5 millions d’hectares, soit environ 60 % du territoire brésilien.

[3Selon des données publiées par le ministère de l’Environnement disponibles sur :http://g1.globo.com/natureza/noticia/2014/11/desmatamento-da-amazonia-legal-cai-18-em-um-ano-segundo-governo.html

[4Les références, les informations et les données analysées dans le présent article sont issues de la deuxième édition du rapport » [« Estimations annuelles sur les émissions de gaz à effet de serre »], publié en novembre 2014, par le ministère brésilien de la Science, de la Technologie et de l’Innovation. Les données ont été soumises à une comparaison avec celles figurant dans la première édition du rapport, publiée en 2013, ainsi qu’avec les informations du Communiqué préliminaire du Brésil à la Conventioncadre de l’ONU sur les changements climatiques », publié en 2004 par le ministère de la Science et de la Technologie. Nous avons consulté également le Plan national sur les changements climatiques (PNMC), publié par le Comité interministériel sur les changements climatiques, composé de plus de 15 ministères. Les données figurant dans les documents consultés peuvent varier selon les mesures effectuées et les méthodes appliquées. Nous avons consulté encore les « Rapports de référence : les émissions de protoxyde d’azote des sols agricoles et du traitement des déchets », publié en 2010 par l’Embrapa [Entreprise brésilienne de recherche agricole] et par le ministère de la Science et de la Technologie. Pour notre analyse, nous avons donné priorité aux informations fournies par le gouvernement dans le rapport de 2014, car elles sont plus récentes.

[5Nobre, A. E. : O futuro climático da Amazônia : relatório de avaliação científica »,São José dos Campos - SP, ARA, CCST-INPE, INPA, 2014.

[6Ministère de la science, de la technologie et de l’innovation. « Estimativas anuais de emissões de gases de efeito estufa » 2e éd., Brasilia, 2014.

[7Ministère de la science, de la technologie et de l’innovation. « Estimativas anuais de emissões de gases de efeito estufa » 2e éd., Brasilia, 2014.

[8Ministère de la science, de la technologie et de l’innovation. « Estimativas anuais de emissões de gases de efeito estufa » 2e éd., Brasilia, 2014.