La lutte pour la survie et la justice climatique en Afrique du Nord

Les Etats-Unis nous sont redevables d’une dette écologique

, par RANADA Pia

Pour avoir été responsables du réchauffement climatique, les pays développés doivent financer des programmes de résistance aux effets du changement climatique, destinés aux pays pauvres qui sont plus exposées aux catastrophes.

Les pays développés responsables du réchauffement climatique doivent payer pour les pertes et les dégâts subis par les pays en voie de développement à cause des désastres liés au changement climatique. Ceci est une demande avancée par des militants écologistes philippins lors d’un rassemblement à Manille en novembre 2013, qui s’est tenu en même temps que l’ouverture des pourparlers climatiques des Nations unies à Varsovie, Pologne. Le rassemblement a eu lieu deux jours seulement après que le super-typhon Yolanda (aussi connu sous le nom Haiyan) ait quitté le territoire philippin, entrainant la mort de plus de 1800 personnes, des millions de sinistrés et affectant 41 provinces.

De hautes vagues, provoquées par les puissants vents du super-typhon « Yolanda » (ou Haiyan), se heurtent violemment aux digues de la ville de Legazpi, Philippines

« Le message est simple : les pays développés nous doivent des réparations pour leur responsabilité dans les émissions excessives de gaz à effet de serre, qui causent des tempêtes plus intenses et plus désastreuses » a déclaré Gerry Arances, le coordinateur national du groupe écologique « Philippine Movement for Climate Justice (Mouvement philippin pour la justice climatique, le PMCJ) en ajoutant : « Nous sommes les premiers à en souffrir. Yolanda est une sonnette d’alarme, pas seulement pour les Philippins mais aussi pour le reste des pays en voie de développement ».

Cette demande pour rendre des comptes a été appuyée par le président philippin Benigno Aquino III en personne, qui a déclaré dans un entretien avec CNN que les pays les plus développés qui contribuent énormément au réchauffement climatique devraient avoir un sens de responsabilité morale devant les ravages qu’ils causent et qui nuisent aux vies de nombreux individus, incapables de se défendre.

100 milliards de dollars : Pas assez !

Les Etats-Unis et les autres pays développés doivent aux pays comme les Philippines « une dette écologique énorme » selon Lidy Nacpil, une militante écologique qui s’est déplacée en Pologne pour assister aux pourparlers climatiques des Nations unies.

La dette écologique est basée sur l’idée des « patrimoines naturels » qui stipule que l’atmosphère de la planète est la propriété collective de tous les humains. Cela signifie que ses avantages devraient être partagés équitablement entre tous et que la responsabilité de protéger cette atmosphère est aussi collective. Comme les pays développés sont à l’origine de la réduction de la capacité de l’atmosphère à absorber les gaz à effet de serre et à ralentir le réchauffement climatique, en raison de leurs émissions excessives de carbone, ils doivent verser des dommages et intérêts aux pays en voie de développement qui souffrent des conséquences de ce phénomène. La dette payée pourrait être utilisée pour aider les pays en voie de développement à améliorer leur résistance au changement climatique.

« A l’heure actuelle, ces pays développés s’engagent à verser 100 milliards de dollars au fonds vert pour le climat. Mais ce n’est pas assez pour les pays en voie de développement » a déclaré Arances du PMCJ. Le fonds vert pour le climat, en vertu de la convention des Nations unies sur les changements climatiques, est destiné à aider les pays en voie de développement face au changement climatique. Jusqu’à présent, seulement 54 millions de dollars ont été versés. Selon le gouverneur d’Albay, Joey Sarte Salceda, qui préside le conseil d’administration du fonds, ce chiffre est très éloigné de l’impact économique sur les Philippines qui est évalué à 13.7 milliards de dollars, l’équivalent de 5% du PIB.

Le fonds sera opérationnel en 2014. Il s’engage à « fournir un accès simplifié et amélioré au financement, y compris un accès direct, adoptant une approche menée par les pays pour ses activités et encourageant l’implication des acteurs concernés, y compris les groupes vulnérables ».

Les responsabilités des pays industrialisés

Le réchauffement global pourrait changer radicalement le système climatique de la planète. Quand ce système perd son équilibre, des tempêtes, des vagues de chaleurs, des inondations, des sécheresses et d’autres conditions météorologiques extrêmes s’annoncent. Ces événements extrêmes deviennent de plus en plus une « nouvelle norme ».

Qui sont les responsables des émissions de carbone ? Alors que tous les pays du monde obtiennent une partie de leur énergie des combustibles fossiles, leurs parts en émissions ne sont nullement égales. Historiquement, ce sont les pays développés et industrialisés comme les Etats-Unis et les Etats de l’Union européenne qui ont toujours brûlé la plus grande quantité des combustibles fossiles. Ne représentant que 20% de la population mondiale, les pays développés ont produit plus de 70% des émissions historiques depuis 1850.

Les Etats-Unis sont parmi les grands coupables. « Autour de 44% de l’approvisionnement électrique des Etats-Unis provient du charbon. Ils ont la plus grande industrie du charbon avec 1400 centrales électriques. Imaginez les niveaux de combustion » martèle Arances qui a initialement prévu de tenir le rassemblement devant l’ambassade étasunienne à Manille mais les agents de police ont bloqué leur passage car ils n’avaient pas d’autorisation.

Dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les pays de l’annexe I - ceux qui produisent de grandes quantités d’émissions de dioxyde de carbone - sont légalement tenus par les accords climatiques des Nations unies de réduire leurs émissions à leurs niveaux de 1990. L’objectif est de maintenir l’augmentation des températures globales à moins de 2°C. Selon le Cinquième Rapport d’Évaluation (2014) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, une augmentation supérieure à ce seuil serait « catastrophique ».
La CCNUCC oblige aussi les pays de l’annexe I à fournir un soutien financier aux activités liées aux changements climatiques, effectuées par les pays en voie de développement « en plus de l’assistance financière qu’ils octroient déjà à ces pays ».

Davantage d’énergies renouvelables

La concentration actuelle des gaz à effet de serre a atteint 398 parties par million (ppm). Pour maintenir l’augmentation de la température moyenne de la planète en deçà de 1,5°C, cette concentration doit être réduite à 350ppm. Les Philippines, mises à mal par environ 20 tempêtes chaque année, sont encore plus vulnérables à l’augmentation des températures car, quelle que soit la moyenne globale, il ferait plus chaud dans les pays tropicaux.

Une stratégie, jugée efficace par les écologistes, est de se tourner vers les énergies renouvelables ou les énergies dérivées des sources qui se régénèrent continuellement comme l’énergie solaire, l’énergie éolienne, la chaleur géothermique, les marées et les vagues. Ces sources d’énergie produisent beaucoup moins de gaz à effet de serre. Seulement 16% du bouquet énergétique mondial vient des énergies renouvelables, un chiffre que les militants écologistes espèrent voir augmenter, comme les technologies vertes qui deviennent de plus en plus abordables. Mais beaucoup d’intérêts sont en jeu. Plusieurs pays développés ainsi que des puissances économiques émergentes comme la Chine considèrent que le développement économique ne serait qu’entravé avec le renoncement aux combustibles fossiles qui sont des sources d’énergie bon marché.

Aux Philippines, la perspective du ministère de l’Energie est toujours très orientée vers le charbon en contradiction avec l’« Acte des énergies renouvelables » qui demande au gouvernement de développer les énergies renouvelables et réduire la dépendance aux combustibles fossiles.