50 ans d’indépendances en Afrique subsaharienne : Regards croisés

Le temps de la colonisation

, par CDATM

Le temps de la colonisation avait souvent réduit les traditions des peuples colonisés à du folklore et ces peuples eux-mêmes à des "sous-peuples" limités à des tribus qui entretenaient entre elles des relations non "civilisés".
Les colonisateurs se proposaient donc d’apporter la "civilisation" et la notion d’Etat en même temps qu’ils exploitaient les ressources locales au bénéfice de leur pays d’origine : culture d’exportation, ressources naturelles exportées brutes pour être transformées en Occident.

On distingue souvent deux âges de la colonisation :
 L’âge esclavagiste consécutif aux « grandes découvertes » de la fin du 15ème siècle (Amérique, route des Indes par le Cap, etc.). Il s’agit alors d’une colonisation de type mercantiliste (compagnies à charte, monopoles royaux) qui contribue à la naissance d’une économie-monde par un commerce triangulaire.
 L’âge impérialiste lié à la révolution industrielle du début du 19ème siècle : la colonisation permet d’assurer un accès privilégié aux matières premières et l’ouverture d’un marché aux produits industriels. L’impérialisme apparaît alors comme un stade de développement du capitalisme.

L’Afrique est le seul continent touché par ces deux types de colonisation, avec des traumatismes dont elle porte encore aujourd’hui les séquelles. Il faut avoir à l’esprit qu’au milieu du 19ème siècle, lorsque la conquête de l’Afrique débute, la traite atlantique a déjà pris à ce continent près de 20 millions d’habitants.
Ainsi, la colonisation de l’Afrique a pour préalable la traite négrière et l’esclavage des déportés africains dans les colonies des Amériques et de l’océan indien. C’est à partir de leurs forts et comptoirs négriers, établis depuis plusieurs siècles sur la façade atlantique du « continent noir », que Portugais, Français et Anglais se lanceront à la conquête de l’« Afrique intérieure ».

Vers 1850, lorsque débute la conquête de l’Afrique, dans le langage courant, le terme « africain » est devenu synonyme d’esclave et le terme « Afrique » synonyme de terre d’esclavage. Sous la statue équestre de Léopold II qui trônait devant la gare de Léopoldville (Congo belge), on pouvait lire la devise suivante : « Ouvrir la terre aux nations ». Au regard des Européens, l’Afrique n’était pas le lieu de différentes sociétés, mais une terre qui n’appartenait à personne puisque peuplée de sauvages et d’esclaves.