La démarche du commerce équitable

, par CDTM de Paris

Le commerce équitable met en place une autre pratique du commerce afin de permettre à des producteurs très marginalisés de vivre de leur travail en leur offrant des débouchés dans des conditions décentes. A l’origine et pendant de nombreuses années, cette démarche était pratiquée dans une dimension Sud-Nord. Depuis quelques années, cette définition géographique s’estompe et un commerce équitable Sud-Sud et Nord-Nord se développe.

Il existe actuellement une pluralité d’organisations de commerce équitable. Cependant, les grandes instances internationales de commerce équitable se sont accordées sur une définition commune en 2001, qui reste la référence pour l’ensemble des acteurs des organisations de commerce équitable.

« Le Commerce Equitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du Commerce Equitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. »

Au-delà de ce socle commun, des divergences apparaissent tant du point de vue conceptuel que pratique. Parmi les organisations de commerce équitable, on distingue celles qui travaillent en « filière intégrée » c’est-à-dire l’organisation dans son ensemble est reconnue comme équitable (Artisans du Monde, Minga,…) et celles qui travaillent en « filière labellisée » (Max Havelaar/Fairtrade,…) dont l’objectif est de garantir seulement l’équité du produit et de le mettre sur le marché le plus largement possible (grande distribution,…).

Perspectives et enjeux

Malgré une croissance spectaculaire de sa notoriété, le commerce équitable doit faire face à de nombreuses difficultés et interrogations.

Une vigilance permanente doit se poursuivre pour éviter les dérives de récupération par des acteurs peu soucieux du respect réel des principes de base ou la dilution de ces principes dans une éthique floue et peu contraignante. Une solide certification claire et sans ambiguïté - avec éventuellement l’appui des pouvoirs publics - peut aider à éviter ce double piège.

On a pu constater tout au long de cette dernière décennie combien le commerce équitable interpelle l’opinion publique et combien cette opinion est une force de changement. Le comportement des consommateurs se révèle un élément-clé dans les pratiques de production et de distribution. L’éducation au commerce équitable et les plaidoyers jouent un rôle prioritaire pour faire évoluer le commerce conventionnel vers plus de justice.

Il est nécessaire aussi que les organisations internationales de commerce équitable évoluent vers un mouvement mondial avec une égalité complète et un pouvoir décisionnel équivalent entre organisations du Nord et celles du Sud. Afin de le renforcer, il serait important que ce mouvement se rapproche d’autres mouvements populaires (économie sociale et solidaire, associations de consommateurs, syndicats,…).