La connaissance, un bien commun

, par Outras Palavras , MARTINS Antonio

 

Ce texte, publié originellement en portugais par Outras Palavras, a été traduit par Samantha Breitembruch, traductrice bénévole pour rinoceros.

 

Un réseau d’organisations remet en question le brevetage de médicaments et lance un site pour porter ce thème à la connaissance du public et l’ouvrir au débat.

L’effort pour que la société civile participe de façon autonome à la construction du futur, en testant de nouvelles formes de participation politique, s’est amplifié ces derniers jours grâce à deux faits notables. Ils sont liés à la lutte pour placer la santé (et les connaissances nécessaires pour l’assurer) sur le plan des droits sociaux, en la soustrayant au règne du profit. Le 20 août 2010, le Réseau Brésilien pour l’Intégration des Peuples (Rebrip) s’est opposé au brevetage du Truvada, un « nouveau » médicament contre le sida dont tout indique que le principal effet est de transférer des fonds publics vers des comptes privés.

Trois jours plus tard, étaient lancés deux sites bilingues (portugais-anglais) qui ouvrent le débat au sein de la société sur les brevets pharmaceutiques. Le premier www.deolhonaspatentes.org.br traite du sujet dans le contexte brésilien, en proposant des brochures didactiques (mais ni superficiels, ni polémiques) sur le suivi des décisions du Congrès, du pouvoir judiciaire et de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI). Le second (

www.patentes.org.br/sulsul

au cours duquel l’Union Européenne a détruit des médicaments en transit entre l’Inde ou la Chine et l’Afrique ou l’Amérique du Sud. Ils étaient parfaitement légaux, aussi bien dans les pays d’origine que dans les pays de destination. Mais les gouvernements du Vieux Continent (où il y a une concentration notoire de firmes pharmaceutiques…) se jugeaient en droit de bloquer leur passage.

Les politiques européennes ont été condamnées en mai 2010, au cours d’une session du Tribunal Permanent des Peuples, qui s’est tenue à Madrid. Une coalition d’ONG et de mouvement sociaux, y compris européens, portait l’accusation. Bien que le TPP soit une cour symbolique, sans pouvoir effectif, au même moment, les gouvernements du Brésil et de l’Inde ont remis en question l’attitude de l’UE dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce. Ils ont été soutenus par la Chine, l’Argentine, tous les pays africains et une série d’ONG internationales. Ils ont de grandes chances de victoire.

Sur les nouveaux sites créés par le Rebrip, ce qui interpelle, c’est l’effort pour vulgariser un thème occulté par les médias. On ne jargonne (presque…) pas, on n’abuse pas d’adjectifs. On informe. On sait que les faits sont éloquents. Il s’agit peut-être d’un autre signe des temps. Quelques mouvements sociaux perçoivent qu’il ne suffit plus de se parler à soi-même. Les dénonciations peuvent être hermétiques. Mais pour construire de nouvelles relations sociales, il faut oser être une majorité.