Commerce équitable : une démarche durable

La certification pour crédibiliser la démarche

, par CDTM de Paris

Le commerce équitable s’appuie sur des cahiers de charges (standards) clairement définis entre le·la producteur·rice et l’acheteur·euse. Des contrôles indépendants et récurrents authentifient la démarche, avec des critères économiques, sociaux et environnementaux auxquels s’ajoutent des critères sur le mode de gouvernance du groupement de producteur·rices et sur son implication dans l’éducation au commerce équitable. Suite à ces contrôles, un label - qui est une garantie pour le·la consommateur·rice - est octroyé. Ce label est matérialisé par un logo sur l’emballage. Il existe deux types de labels de commerce équitable : un « label produit », concernant seulement la qualité technique, sociale et environnementale du produit, tel le label Fairtrade/Max Havelaar, et un « label organisation » concernant l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement des producteur·rices aux détaillant·es, tel le label WFTO.

À cela s’ajoutent de très nombreux labels sur le marché, représentant des degrés d’exigence assez variés, voire des appellations « maison » qui ne garantissent rien sur les conditions de production et de protection de l’environnement. Les entreprises ont également développé des codes de bonne conduite.

Tous les labels de commerce équitable sont privés. Il n’existe pas un label public pour les produits équitables comme pour les produits bio. Ces labels concernent essentiellement les produits agricoles. Il existe cependant le label ATES qui garantit des voyages respectueux des peuples et des cultures, ainsi que deux labels (Fairtrade International ou Fairmined) pour certifier l’or.

Une diversité de labels

Devant cette abondance, conjointement avec Fairworld Project, Fairness et Forum Fairer Handel, Commerce équitable France a publié le « Guide international des labels de commerce équitable » [1]. Ce guide présente huit labels ou systèmes de garanties se revendiquant du commerce équitable : ATES, Biopartenaire, Fair for Life, Fairtrade International, Fairtrade USA, Naturland Fair, SPP, WFTO et les standards textile gérés par Fairtrade International. Tous ces labels ont des portées universelles.

Ce guide décrit également des labels à portée locale comme Lebanon TEQ, Fair Trade India, Agri-Éthique France… Puis il présente et analyse trois labels de développement durable : Bonsucro, UTZ-Rainforest (ces deux organismes ont fusionné en 2019) et Better Cotton Initiative. Ces labels ne concernent que la protection de l’environnement et ont donc un référentiel moins exigeant. Et, enfin, il cite quatre labels créés par des multinationales pour lesquels peu d’informations ont été fournies. Pour chaque label, ce guide donne une grille pour analyser le respect des critères économiques, sociaux, environnementaux, de gouvernance et de sensibilisation ainsi que les modalités et les coûts des contrôles.

Seul le label SPP, Simbolo de los Pequenos Productores (Symbole des producteurs paysans, SPP), créé en 2006, relève d’une initiative d’organisations de petit·es producteur·rices dont l’exploitation ne doit pas dépasser 15 hectares. Ces organisations dépendent du Réseau latino-américain et caribéen du commerce équitable (Coordinadora Latino-Americana y del Caribe Comercio Justo - CLAC).

Le débat entre les différentes organisations de commerce équitable sur le degré d’exigence des référentiels est constant. Certain·es acteur·rices pensent qu’il vaut mieux vendre plus avec éventuellement un cahier des charges moins exigeant ; c’est le cas, entre autres, pour le label « ingrédient », le FSP, Fairtrade Sourcing Ingredients, créé par Fairtrade en 2014, qui labellise certains produits seulement si un ingrédient composant le produit est équitable. D’autres souhaitent une équité tout au long de la filière du produit (depuis le producteur·rice jusqu’au consommateur·trice) au risque de restreindre le volume des ventes.

La certification est une étape lourde pour les producteur·rices en temps et en charge financière, d’autant qu’ils et elles doivent souvent recourir à plusieurs types de certifications (dont la certification bio) pour répartir leurs ventes entre divers·es acheteur·ses. Les groupements de producteur·rices accédant à cette certification ont déjà une certaine importance et une organisation structurée. D’où la critique selon laquelle cette exigence de certification, nécessaire pour les consommateur·rices, est devenue inaccessible sur le plan humain et financier pour les petit·es producteur·rices. Elle écarte les producteur·rices les plus fragiles de ce commerce qui leur était pourtant destiné.