L’ECSI pour mobiliser et consolider les acquis scolaires

L’Education à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale, un champ vaste de thématiques à aborder à tous les niveaux et dans toutes les disciplines….

Les acteurs de l’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI) empruntent des valeurs et des méthodes à l’éducation populaire et animent aujourd’hui de nombreux projets pédagogiques dans tous les types de structures éducatives en France. Si on s’en tient aux interventions en milieu scolaire, de la maternelle au lycée, autour de thématiques aussi éloignées que l’agriculture-alimentation, les ressources naturelles ou les discriminations, construites en concertation avec des enseignants de mathématiques comme de sciences économiques et sociales, d’arts plastiques ou encore d’histoire-géo... pas de problème : l’ECSI a toute sa place et s’adapte aux programmes, aux niveaux, aux pré-requis, bref, à tous les impératifs ! Quelles sont les clés de cette capacité d’ adaptation « tout terrain » facilitant l’interdisciplinarité et le renforcement des savoirs dits traditionnels ?

L’éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI), une pédagogie active au service de la compréhension du monde

Être conscient du monde qui nous entoure, comprendre, agir pour qu’il soit juste et solidaire, sont les grands champs que l’ECSI s’efforce d’investir en proposant des espaces de discussions, des clés de compréhension et la mise en débat de la réalité du monde. L’ECSI cultive chez les jeunes l’envie d’apprendre, par la discussion mais également par le « faire », renforçant ainsi le sens des apprentissages enseignés par l’école. Elle développe également fortement leur esprit critique, compétence indispensable pour analyser le monde qui nous entoure et ainsi pouvoir se positionner en son sein. L’ECSI transmet les capacités et l’envie d’agir en faveur d’un monde juste et solidaire.

Pour y parvenir, elle a développé des pratiques qui, en changeant la posture des uns et des autres, favorisent la participation des élèves et avant toute chose, elle propose un apprentissage de pair à pair, dans lequel l’élève est tour à tour enseignant et apprenant.

L’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale se base sur la pédagogie active qui rend les apprenants acteurs et les place au cœur de leurs apprentissages. Il s’agit avant tout de discuter, d’égal à égal, d’apprendre à construire des argumentaires, mais aussi de déconstruire des préjugés.
Chaque opinion est la bienvenue tant que son auteur travaille à l’affirmer avec l’aide d’une argumentation étayée. L’adulte devient facilitateur de dialogue et non plus détenteur du savoir. L’élève n’a plus d’enseignant, il doit donc prendre la décision d’accorder du crédit aux opinions et références de ses pairs autant que d’attention à ses propres arguments. Ce changement de posture, accompagné du respect indispensable au bon fonctionnement de cette pédagogie, rend l’élève actif dans le groupe et ouvre les premières portes de la nécessaire prise en compte de la place de chacun dans un espace collectif et du fonctionnement et des enjeux de la responsabilité collective dans une classe comme dans la société


L’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale s’appuie sur le partage de connaissances pour aboutir à une construction collective du savoir.

L’ECSI considère le savoir comme la résultante d’une construction collective, qu’elle encourage par l’échange de pair à pair. Chaque élève, jeune ou moins jeune, détient des morceaux de savoirs, complets ou non, structurés ou non qui, mis au pot commun des discussions collectives, construisent un savoir collectif. Chaque élève se voit donc attribuer une responsabilité en terme de partage de connaissances. Cette mobilisation des savoirs scolaires, par leur verbalisation au cours de discussions très éloignées de l’apprentissage original, va permettre une appropriation plus durable des enseignements.

Par ailleurs, utiliser les savoirs scolaires pour des activités très concrètes dont l’intérêt est collectif permet d’ancrer les savoirs : par exemple, s’interroger sur l’impact de son alimentation sur les hommes et l’environnement peut être l’occasion de mener une enquête sur la provenance des aliments servis à la cantine et à son domicile. Le traitement des données de ces recherches donnera lieu au calcul de statistiques. Une façon captivante de découvrir et de mettre en pratique les mathématiques !

L’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale donne une place à tout le monde.

Quel éducateur à la citoyenneté et à la solidarité internationale n’a jamais entendu de la part d’un enseignant à la fin d’une séance d’animation : « Cet élève, quelle surprise, tu savais qu’il est en très gros échec scolaire ? ».
Par sa pédagogie active, participative et ludique (le jeu de rôle étant un grand classique), l’ECSI permet à celles et ceux qui sont éloignés culturellement et socialement des modes d’apprentissages traditionnels de faire valoir leurs connaissances par d’autre moyens. Quand le « mauvais » de la classe « bluffe » plus de 30 jeunes en expliquant la loi de l’offre et la demande de manière simple et claire parce qu’il vient de vivre « un jeu du commerce mondial », en plus de se trouver valorisé au sein d’un système qui le met en difficulté, il touche du doigt un cours d’économie qui lui était sans doute passé à coté parce que trop théorique pour lui. Quand l’enseignant rappellera à la classe qu’il s’agit du cours vu la semaine précédente, cet élève n’en croira pas ses oreilles et soutiendra que « ce truc là, on l’a jamais vu ».

L’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale implique un travail interdisciplinaire.

Prenons l’exemple d’un projet au lycée sur la thématique de la consommation vestimentaire responsable ayant comme fil rouge l’indémodable jeans : la compréhension des origines de la société de consommation fera appel aux enseignements d’histoire et géographie, de sociologie et de science économique, le décryptage du cycle de vie d’un produit et de ses impacts sur l’homme et l’environnement à ceux de sciences économiques et sociales comme de géographie et la fabrication de ces jeans pourra également être étudiée grâce aux enseignements de chimie. Enfin, en faisant appel au français et/ou à d’autres langues, aux arts plastiques voire à l’enseignement musical, les lycéens pourront mettre en place un projet transversal pour transmettre leurs analyses et proposer des moyens d’actions pour pallier à des inégalités ou déséquilibres sociaux et environnementaux.

Au niveau élémentaire, un parcours d’ateliers pédagogiques sur la compréhension de l’empreinte écologique et des moyens d’agir pour la réduire est un bon exemple pour illustrer une grande interdisciplinarité : pratiquons des opérations simples pour calculer notre empreinte, faisons de la géographie en découvrant l’envers du décor de notre alimentation, explorons les arts plastiques pour réutiliser nos déchets et faisons des sciences pour parler éco-mobilité !

Néanmoins, même si elle peut permettre à un professeur d’arts plastiques et un professeur de mathématiques de travailler ensemble et de voir leurs élèves se mobiliser autour d’un thème commun dans les deux disciplines (statistiques sur les discriminations travaillées graphiquement pour la fabrication d’affiches, par exemple), ce n’est pas l’ECSI en soi qui provoque l’interdisciplinarité mais sa pédagogie de projet. Demandez à des jeunes de s’investir dans n’importe quel projet concret (fabrication d’une exposition dans l’exemple ci-dessus) et vous verrez que la quasi totalité des enseignements peuvent être mobilisés pour parvenir à sa bonne réalisation , nécessitant une coordination de l’ensemble des savoirs acquis depuis la petite enfance.

Pour conclure, les pratiques et les méthodes pédagogiques utilisées par l’ECSI encouragent fortement les élèves à mobiliser leurs connaissances pour les mettre au service de la compréhension de notre monde. En favorisant le partage de connaissances entre pairs, en privilégiant l’implication active individuelle ou collective plutôt que la transmission théorique de connaissances, en incitant à s’interroger sur les fonctionnements des sociétés, en mettant en évidence les interactions entre les phénomènes locaux et globaux, l’ECSI participe à former des citoyens acteurs pour un monde solidaire et responsable.

Pour creuser le lien entre les programmes scolaires et les thématiques abordées en ECSI

Pour plus d’information vous pouvez contacter Pauline : p.wetzel (a) ritimo.org

Article rédigé par des membres de la commission ECSI du réseau Ritimo