Gabon : Coup de force françafricain

, par Survie

Alors que les Gabonais aspirent à la démocratie et au changement après les 41 ans de gabegie du règne d’Omar Bongo, Ali Ben Bongo, fils du précédent, vient, non sans difficulté, d’être déclaré vainqueur de l’élection présidentielle au terme d’une mascarade électorale et d’un coup de force qui vise à prolonger la mainmise du clan Bongo sur le pays, avec la bénédiction des autorités françaises.

Ali Ben Bongo, fils et ex-ministre de la Défense d’Omar Bongo, également visé en France par une plainte sur les “ biens mal acquis ”, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle gabonaise du 30 août dernier avec 41,73% des voix devant ses deux principaux concurrents André Mba Obame (25, 88%) et Pierre Mamboundou (25, 22%). Annoncés non sans atermoiements par la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP, en grande partie composée de membres du Parti démocratique gabonais, au pouvoir) et surtout par l’actuel ministre de l’Intérieur (également PDGiste), ces résultats contredisent toutes les estimations qui donnent, procès-verbaux des décomptes de voix à l’appui, Ali Bongo loin derrière ses deux principaux concurrents. Mais c’était compter sans les faux PV et les PV falsifiés introduits à la Commission électorale. Afin de mener à son terme cette mascarade électorale, le régime a également dispersé avec violence les nombreux manifestants et responsables de l’opposition venus au siège de la CENAP s’assurer du bon décompte des voix. Aujourd’hui, la Garde présidentielle et l’armée quadrillent Libreville. La tension est extrême dans le pays. Exténués par 41 ans de dictature d’Omar Bongo et ulcérés par le coup de force d’Ali Bongo, la majorité des Gabonais n’entend pas se laisser abuser une fois de plus. Le consulat de France à Port Gentil a ainsi été incendié, tout comme un édifice du groupe français Total, symboles du soutien indéfectible de la France au régime Bongo depuis des décennies. Lire