Forum Mondial de l’eau vs Forum alternatif mondial de l’eau

Forum Mondial de l’Eau : Pourquoi les gens meurent –ils encore aujourd’hui du choléra ? Quelles solutions pratiques peut-on suggérer ?

, par BOUGUERRA Mohamed Larbi

L’eau potable : la solution au choléra ?
Bouteille de chlore concentré
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Le 13 mars 2012, au Forum Mondial de l’Eau (FME), les participants ont pu prendre à un débat sur le choléra sous le patronage de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de la Fondation Véolia.

Les acteurs de terrain en RDC (République Démocratique du Congo) privilégient, face à une épidémie de choléra, la technique du « bouclier » et du « coup de poing » en intervenant au-delà des frontières et jusqu’aux confins du bassin du lac Tchad. La réponse est rapide et ciblée. Dans le cas d’épidémies transfrontalières, une étude minutieuse des souches est faite et un suivi est effectué le long du fleuve Logone. Dans ce dernier cas, la concentration de pêcheurs sur les rives de ce fleuve aggrave la situation. On relève aussi que l’enterrement des victimes contribue à la propagation de l’épidémie.

Au cours de cette session, on a rappelé que, pour l’OMS et depuis son AG à Alma Ata (Kazakhstan), l’eau potable est le soin de base du choléra et que donner de l’eau potable sans assainissement ne résout aucunement l’épidémie de choléra.
Nous avons entendu le Dr Kamal Kar (Inde) développer son «  Community Led Total Sanitation » (CLTS) qui vise la « crise mondiale de l’assainissement ». Le praticien veut mobiliser les communautés pour complètement bannir la défécation en plein air et en faire des ensembles « ODF » (Open defecation free).
Pour le Dr Kar, donner des toilettes ne garantit pas qu’elles soient utilisées ni que cela se traduira par une amélioration de l’assainissement et de l’hygiène. Il s’interroge sur la durabilité à long terme et sur l’usage partiel des toilettes. Il veut briser le cycle de la dépendance aux subventions et en supprimer la culture. Pour cet expert, la lutte doit se focaliser sur la défécation en plein air et la nécessité de rompre le cercle de la contamination orale qui permet à la maladie de se répandre.

Du point de vue du CLTS, il faut axer tous les efforts sur les changements de comportement. Ceux-ci sont nécessaires pour assurer des améliorations réelles et durables. Pour atteindre cet objectif, il faut mobiliser les communautés plutôt que de leur fournir des toilettes toute faites (ou de les encourager à en construire) et les inciter à établir des «  ODF ».

COMMENTAIRE :

Dans l’ensemble, on a assisté à une séance relativement intéressante même si l’avalanche de graphiques et de formules mathématiques laisse un peu dubitatif. Il est toujours intéressant d’entendre les gens du terrain mais peu de choses nouvelles ont été annoncées d’autant que ce panel très fourni était très éclectique.

On aurait aimé savoir pourquoi, aujourd’hui, il y a encore des communautés qui n’ont pas accès à l’eau potable et pourquoi les soins de base sont inexistants. On aurait aimé savoir pourquoi, dans les zones à risque, l’OMS ne prédispose pas les médicaments nécessaires (antibiotiques, sels de réhydratation…) pour faire rapidement face à une éventuelle épidémie. Rappelons que le droit à l’eau a été reconnu comme droit humain par l’Assemblée Générale de l’ONU en juillet 2010. Ce droit comme le droit à la santé sont de la responsabilité des États. Enfin, faut-il rappeler que la contamination de l’eau par les eaux usées et la propagation orale-fécale du choléra ont été prouvées par le Dr John Snow lors d’une épidémie à Londres (Pompe de Broad Street dans le quartier de Soho) depuis 1854 ?

Tant qu’on ne mettra pas en cause la pauvreté et le dénuement des populations ainsi que l’absence de volonté politique, des gens continueront à mourir du choléra au XXIème siècle.