Les hydrocarbures dans l’économie algérienne

Exportation des hydrocarbures algériens et géopolitique

, par CDTM 34

La place des hydrocarbures algériens dans le marché mondial

L’Algérie est un modeste producteur de pétrole mais un important producteur de gaz (quatrième mondial) ; ce pays est depuis longtemps un mono-exportateur d’hydrocarbures (97% de ses exportations), en direction de l’Union Européenne, du Maghreb et des Etats-Unis (cas isolé dans la région), qui achètent une partie non négligeable de son GNL (gaz naturel liquéfié).

Bien que l’Algérie soit un modeste producteur par rapport aux pays du Moyen Orient, son pétrole, et surtout son gaz, occupent une place importante dans les relations géopolitiques et économiques méditerranéennes.

L’importance des hydrocarbures algériens est due à plusieurs facteurs :

 le pétrole algérien est de très bonne qualité ;
 l’Algérie a d’importantes réserves de gaz naturel, source d’énergie moins polluante que le pétrole ou le charbon ;
 les liens traditionnels de l’Algérie avec les pays du nord de la Méditerranée, dont la consommation en gaz augmente de plus en plus (l’Algérie est le troisième fournisseur en gaz de l’Union européenne, précédée par la Russie et la Norvège) ;
 les pays importateurs doivent pouvoir compter sur des sources fiables d’approvisionnement, ce qui est le cas de l’Algérie. En 2010, 29 découvertes d’hydrocarbures ont été réalisées., au contraire d’autres pays, comme l’Irak, le Nigeria, le Venezuela ou l’Iran…

S’il est vrai que le pétrole nord-africain ne pourra jamais remplacer celui du Moyen Orient dans l’approvisionnement de l’Europe, le gaz par contre est susceptible de devenir une source importante d’énergie et une véritable arme politique, comme le fut le pétrole dans les dernières décennies.
Ainsi, la création d’une OPEP du gaz est à l’ordre du jour, alors que jusqu’à présent le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole.

Depuis 2006 une coopération s’est mise en place entre le géant gazier russe Gazprom et la Sonatrach pour coordonner les efforts des deux pays en direction du marché mondial. En 2008, Gazprom a ouvert un bureau de représentation en Algérie, et en 2011, ils ont découvert, ensemble, des réserves d’hydrocarbures dans le bassin de Berkine en Algérie.

Relations de l’Algérie avec l’Europe

Dans le bassin méditerranéen, les ressources en hydrocarbures se situent dans les pays du Sud de la Méditerranée alors que les pays consommateurs se trouvent au Nord. Ce facteur rend d’autant plus nécessaires les efforts de coopération entre les pays des deux rives de la Méditerranée.

Dès les années 1960, des accords bilatéraux ont été signés entre la CEE et les pays du bassin méditerranéen. Grâce à l’initiative européenne, en 1995 un Partenariat Euro-méditerranéen (PEM) s’est mis en place (accord avec l’Algérie signé en 2002 et entré en vigueur en 2005), dans la perspective de la création d’une zone de libre-échange (ZLE). Bien que cet accord ne soit pas fondé sur les ressources énergétiques, elles y occupent une place privilégiée.

Selon les déclarations officielles, ce partenariat devrait entraîner la prospérité et l’amélioration des conditions de vie de la population algérienne ; mais les buts de l’UE sont en fait, de renforcer sa position dans l’espace économique mondial, de maîtriser les migrations et de conduire à la stabilité politique dans la région.

Par ailleurs, l’Union Européenne (dans laquelle seules la France, l’Italie et l’Espagne ont de vraies ambitions méditerranéennes) privilégie le financement et le développement de l’Europe de l’Est à celui du Maghreb. Deux ans après la signature de l’accord euro-algérien le démantèlement tarifaire n’a pas eu d’effet positif sur l’économie algérienne qui a du mal à soutenir la concurrence des produits étrangers à bas prix.

Pour favoriser une véritable relance de l’économie algérienne, l’Europe doit cesser de voir l’Algérie uniquement comme un marché pour ses exportations et un lieu d’approvisionnement en hydrocarbures, mais doit la considérer comme une région d’investissement dans l’intérêt commun.

GNL et Gazoducs, exemples de coopération Nord-Sud et Sud-Sud

L’Algérie est le troisième fournisseur de gaz de l’Europe. Les principaux pays importateurs sont l’Italie (dans ce pays 40% du gaz provient d’Algérie qui s’impose donc comme premier fournisseur), l’Espagne et la France.

GNL
En 1964, l’Algérie construit à Arzew la première usine au monde de liquéfaction du gaz pour pouvoir l’exporter, notamment par voie maritime. Cette performance technique lui permet de prendre une place importante dans la fourniture de gaz aux pays de la rive nord de la Méditerranée. Plusieurs terminaux de regazéification pour la transformation du gaz algérien liquéfié, sont alors construits sur les côtes européennes : fin 2007, on trouve 5 terminaux en Espagne, 2 en France, 1 en Italie (plus 2 qui sont en train d’être construits), 2 en Turquie, 1 au Portugal et 1 en Grèce. En 2010, l’oléoduc de transport de GPL LZ2 « Hassi R’ Mel- Arzew », « Trois trains GPL » et « un centre de stokage de conditionnement d’Azote » sont des projets majeurs, ainsi que l’Unité GPL d’Hassi Massaoud.

Gazoducs
 le GME (Gazoduc Maghreb-Europe, 1996) apporte du gaz à l’Espagne et au Portugal, en transitant par le territoire marocain, malgré les relations difficiles causées par le problème du Sahara Occidental. Alors que le TRANSMED n’avait été financé par l’UE que dans la partie italienne, le GME a obtenu des prêts dans tous les territoires traversés.
 la Sonatrach, en partenariat avec des compagnies étrangères, a prévu la construction d’autres gazoducs :
 le Galsi pour approvisionner l’Italie, à travers la Sardaigne, et la Corse.
 un projet de gazoduc GZ4 phase 3 « Moctaa Douze-Béni Saf » alimentera le projet Medgaz et le GPL L72 « Hassi R’ Mel-Arzew »
- le Medgaz fournira l’Espagne
 le Nigéria-Niger-Algérie (TSGP), traversera le Sahara et se connectera aux réseaux algériens pour apporter le gaz en Europe. Ce gazoduc permettra de valoriser le gaz trouvé dans les gisements pétroliers nigériens (qui est souvent brûlé par manque de débouchés) et devrait contribuer au développement de l’économie panafricaine. La récente crise du crédit ajoute un obstacle de taille à la réalisation des gazoducs.

La sécurisation des approvisionnements en pétrole et la prévention des attaques terroristes des infrastructures énergétiques, sont une des priorités de la politique africaine des USA qui ont constitué une force d’intervention pour l’Afrique du Nord, dont le commandement est confié à l’Algérie.

La sécurisation des approvisionnements en pétrole et la prévention des attaques terroristes des infrastructures énergétiques, sont une des priorités de la politique africaine des USA qui ont constitué une force d’intervention pour l’Afrique du Nord, dont le commandement est confié à l’Algérie.

L’Algérie a consommé bien davantage que les accumulations de pétrole et de gaz mises à jour. Elle doit revoir à la baisse ses ambitions. Elle vend plus de pétrole qu’elle n’en pompe de son sous-sol, elle s’inscrit dans une stratégie qui ne laisse pas de marge de manœuvre- à long ou moyen terme, en absence d’une économie hors hydrocarbures performante.