Répondre aux préjugés sur les migrations

Episode 5 : « L’immigration renforce le chômage et la crise »

, par ritimo

Lorsque les choses vont mal chez nous, il est courant de désigner des boucs émissaires. Souvent, ce sont les immigrés qui en font les frais : on les accuse tantôt de « voler le travail » des Français et de faire grimper le taux de chômage des « nationaux », ou de faire le jeu des employeurs en faisant pression à la baisse sur les salaires. Sous un vernis « humaniste », d’autres diront qu’« il ne sert à rien de les laisser venir chez nous si on n’a pas de boulot à leur offrir ». Discutons avec Francette de la réalité du marché de l’emploi en France et du bénéfice du travail immigré pour l’économie française.

Un système d’exploitation rodé

Dans certains secteurs d’activité, en France, il y a une pénurie chronique de main d’œuvre : le bâtiment, la restauration, le textile-habillement, les hôpitaux, le nettoyage, les aides à la personne, l’agriculture saisonnière manquent souvent de personnel. Beaucoup d’immigrés travaillent dans ces secteurs, souvent en situation illégale. Les employeurs profitent ainsi d’une main d’œuvre malléable, corvéable et que l’on peut sous-payer. Si le travail illégal est théoriquement interdit, les pouvoirs publics ferment pourtant les yeux sur les embauches de clandestins, devenus un maillon essentiel de l’activité économique en France.

Pour l’ONU, l’effet d’éviction pour les travailleurs non-immigrés n’est pas prouvé [1] car les conditions de travail dans ces secteurs en rebutent bon nombre. En refusant d’améliorer les salaires et les conditions de travail qui rendent ces métiers répulsifs pour tout autre salarié que des clandestins, les employeurs entretiennent le système d’exploitation. Seule une régularisation de tous les travailleurs sans papiers pourrait mettre fin à l’exploitation dont ils sont victimes.

Une France gagnante

Entre début 2008 et fin 2010, la France a perdu 430 000 emplois dont 70% dans l’industrie [2]
Ce sont les licenciements boursiers (licenciements alors que l’entreprise est en bonne santé) et les délocalisations (qui consistent pour une entreprise à transférer ses activités dans un pays où le droit du travail est plus souple et la main d’œuvre moins chère) qui mettent les salariés français à la rue. Et non les immigrés. Sans eux, la crise serait certainement plus grave qu’elle ne l’est aujourd’hui. Si l’on se place du point de vue du pays d’accueil, l’afflux de travailleurs étrangers est sans conteste un atout pour l’économie : ils consomment et augmentent la demande de biens et de services, ils sont parfois créateurs d’emplois et d’entreprises. Enfin, d’un point de vue démographique, l’immigration contribue au rajeunissement de la France, dans un contexte d’Europe vieillissante…

Changer notre vision sur l’immigration

Les politiques françaises et européennes en matière d’immigration considèrent les migrants comme des marchandises, des pions à manipuler et à choisir en fonction des besoins du pays d’accueil. Ces politiques ne s’interrogent pas sur les raisons qui les ont amenés à quitter leur pays, ignorent et bafouent les droits fondamentaux de ces personnes.

Pour changer notre approche des migrations et rendre plus équitables les relations entre pays du Nord et pays du Sud sur cette question, il faut sortir de cette vision des migrations et enfin prendre en compte les besoins et les réalités sociales, économiques, environnementales… des pays d’origine.

Pour en savoir plus, lire le Petit guide de survie pour répondre aux préjugés sur les migrations.