Birmanie : à qui profite le gaz ?

Enjeux pour les minorités

, par CRISLA

La diversité des communautés ethniques et culturelles constitue une donnée fondatrice de l’Etat-nation birman. Néanmoins, les rébellions arméeskaren, shan, môn ou rakhine vis-à-vis de la majorité bamar, qui n’ont jamais cessé depuis l’indépendance, rappellent que le principe de l’unité géopolitique pose question. Dans ce contexte, l’unité de la Nation constitue une priorité dans le discours de la junte en dépit de son action coercitive.

Le statut des ethnies est souvent discuté en Birmanie. Les "135 races nationales" officielles constituent un cadre très formaté. Cette classification pose question tant elle rend mal compte de la réalité des pratiques culturelles et linguistiques.

Dans la réalité de l’univers birman, interactions et mélanges priment sur les logiques communautaristes. Supposant les appartenances communautaires fixées une bonne fois pour toutes, l’Etat façonne ainsi des champs raciaux dont il fige les frontières dans une cartographie. Le danger vient alors quand la contestation politique est portée par des minorités ethniques. Elle se confond alors aisément avec les tentatives de séparatisme puisqu’on peut la voir comme l’expression d’une "race" particulière, émanation d’un "territoire" particulier. Dans l’esprit de la junte, cela rend d’autant plus attaquables les aspirations de populations vulnérables telles que les musulmans du nord de l’Arakan.

Mais les interactions restent la règle, tant pour les communautés ethniques que pour les communautés religieuses. Pour reprendre l’exemple des musulmans, ceux-ci sont aussi nombreux ailleurs que dans le nord de l’Arakan (où ils sont majoritaires), se fondant dans le reste de la province, mais aussi à Rangoon ou Mandalay où ils ont fait souche de très longue date.

Reste que les enjeux énergétiques, et en premier lieu les champs gaziers de la côte arakanaise, constituent un point de récriminations et de revendications très fort, de la part de la communauté rakhine. Celle-ci envisage mal que les généraux bamar s’approprient l’essentiel des revenus de l’exploitation du gaz sachant qu’inévitablement, de multiples déplacements de population seront occasionnés par la pose du gazoduc.